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Réforme de la justice au Burkina : de grands chantiers à Boromo et à Bobo-Dioulasso

Publié le lundi 17 janvier 2005 à 07h52min

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Du 13 au 14 janvier 2005, le ministre de la Justice, Boureima Badini a effectué une sortie de terrain qui l’a conduit successivement à Boromo, Baporo et Bobo-Dioulasso. L’objectif était d’apprécier les conditions de travail des acteurs de la justice et comment les améliorer.

Le ministre de la Justice, garde des Sceaux, Boureima Badini a procédé le 13 janvier 2005 au lancement des travaux de construction du Tribunal de grande instance (TGI) et de la Maison d’arrêt et de correction (MAC) de Boromo Conformément aux prévisions dans huit (8) mois, la population de Boromo n’aura plus à parcourir de longues distances (Dédougou ou Bobo-Dioulasso) pour ses affaires judiciaires. Parce qu’il aura son TGI et sa MAC. Le Palais de justice de Boromo sera composé de 14 bureaux, d’une salle d’audience, de salles pour les délibérations, les témoins, les archives,... A cela, il faut ajouter son équipement complet en mobilier et matériel de bureau et en matériel roulant. La réalisation de ce joyau est estimé à 145 404 215 FCFA.

Le ressort territorial du TGI de Boromo couvre les provinces des Balé et du Tuy. A côté, il est prévu l’érection d’une MAC que le ministre Badini a appelé avec humour "hôtel particulier au séjour gratuit avec des quartiers séparés pour les femmes d’une part et pour les mineurs, d’autre part". Cet ouvrage va coûter 92 886 800 FCFA. Sans oublier les montants des contrats de service de suivi-contrôle externe des travaux par un bureau d’études.

La mise à la disposition des populations de la région de ces ouvrages est selon M. Badini, la manifestation de la volonté du gouvernement de "... Rapprocher, ne fût-ce que physiquement la justice du justiciable". Un des objectifs du Plan d’action national de réforme de la justice (PAN-PJ 2002-2006) ; a-t-il poursuivi. Ledit plan est financé par la commission européenne à travers le Programme d’appui à la consolidation du processus démocratique, l’Etat de droit et la bonne gouvernance (PADEG). Mme Marie Noële Grell qui a représenté Mme le chef de la délégation de la commission au Burkina a traduit toute sa fierté à la cérémonie de pose de la première pierre. Avant de notifier que les infrastructures ne doivent pas constituer une fin, mais le début d’un processus. Celles-ci ne sont rien sans un fonctionnement efficace des services de la justice, a-t-elle relevé. Toute chose qui contribue à créer un instrument essentiel de régulation des rapports sociaux, de la sécurité des biens et des personnes, de la paix sociale,...

Les autorités coutumières et administratives de la Boucle du Mouhoun, de la province des Balé et de la commune de Boromo ont éprouvé une joie légitime. Tour à tour, le Naaba Dalwendé de Boromo, le maire Karim Guira, le haut-commissaire Youssouf Sanon et le gouverneur Pascal T. Benon se sont succédés au podium pour l’exprimer.

La sécurité dans les Balé equête de moyens

Cependant, le premier responsable des Balé n’a pas manqué de rappeler que la justice ne se résume pas aux "Hommes en robe noire". Avant le Palais, un grand travail est abattu par la police judiciaire avec les forces de sécurité. Ces derniers dans la province sont malheureusement dépourvus de moyens, a-t-il déclaré. Selon son témoignage, "les forces de sécurité dans les Balé traquent les bandits, les délinquants et les voleurs, (...), se déportent sur les lieux d’accidents de la route, dans le meilleur des cas avec leurs propres mobylettes usagées et amorties, sinon c’est en ambulance ou alors à pieds...".

Au-delà des véhicules poursuit-il, sur les lieux de travail, ce qui peut être appelé matériel est vétuste et insuffisant. Le haut-commissaire des Balé, M. Youssouf Sanon a par conséquent demandé de l’aide au ministre Boureima Badini ne serait-ce qu’avec un véhicule de seconde main et aussi d’être leur porte-parole auprès du gouvernement. Face à la requête, le ministre de la Justice s’est voulu rassurant. "L’année 2005 sera celle d’équipement opérationnel pour les forces de sécurité", a-t-il promis. Au terme des discours pleins de messages prometteurs, est intervenu un acte plus concret, la pose de la première pierre du Palais de justice et de la MAC de Boromo. Tous les deux situés derrière l’ancien haut-commissariat des Balé et à droite du nouveau. L’étape suivante de la journée à savoir la visite du Centre pénitentiaire ouvert de Baporo, pouvait commencer. Dans ce centre situé à environ 5 km avant Boromo sur l’axe Ouaga-Boromo, le ministre Badini et sa délégation ont passé au peigne fin les cellules des détenus, les espaces d’exploitation agricole, etc. Le régisseur de ce centre pénitentiaire à vocation agricole, l’inspecteur Grégoire Honoré Karambiri a mis la visite du ministre à profit pour lui faire part de leurs difficultés. La saison agricole 2003-2004 n’a pas été bonne, regrette le régisseur. Sur les 74 ha exploités par la vingtaine de pensionnaires du centre, 64 ont été inondés, a-t-il expliqué. La petite irrigation qui concerne 2,5 ha, pêche également d’une mauvaise tuyauterie. Le souhait de l’Inspecteur Karambiri est la réception d’une motopompe plus performante que ce qu’ils possèdent actuellement, une meilleure tuyauterie, la révision des deux tracteurs et du camion du centre, son approvisionnement en produits pharmaceutique, entre autres. Le ministre en guise de réponse a mis le régisseur directement en contact avec des responsables du ministère en charge de l’Agriculture présents à l’occasion. Le conseiller technique, M. Noumbié Sourabié a tout de suite traduit la disponibilité de son ministère à accompagner techniquement le centre de Baporo.

La justice en pleine rénovation à Bobo

Après Boromo et Baporo, la sortie de terrain du ministre de la Justice, Boureima Badini l’a conduit à Bobo-Dioulasso, chef-lieu de la province du Houet, c’était le 14 janvier 2005. Là attendaient le ministre, des chantiers au Palais de justice de la ville et sur un autre site dans le quartier Bolomakoté. Il s’agit du réaménagement du Tribunal de grande instance, de la rénovation et de l’extension du Tribunal du travail et de la Cour d’appel de Bobo-Dioulasso. Les travaux de construction d’un Tribunal d’instance sont aussi en cours. Le ministre a pu constater de visu l’état d’exécution des travaux et suggérer parfois des réajustements. Ces ouvrages également sont à mettre à l’actif de l’Union européenne.

A la suite des infrastructures, les détenus de la Maison d’arrêt et de correction de Bobo-Dioulasso (MACB) ont reçu la visite du ministre Boureima Badini. De la prison centrale en passant par le quartier des femmes et celui des mineurs, il a fait le tour de la MACB avec pour guide le régisseur, M. Pascal Béré.

Il ressort de la visite une surpopulation de 400% de la prison centrale. Avec une capacité initiale de 150 personnes, elle abritait selon les chiffres du jour 473 détenus venant de Bobo-Dioulasso et, de Banfora (Sa MAC n’étant pas encore fonctionnelle). Les femmes (8) et les mineurs (05) pour leur part, sont mieux lotis. Devant la faiblesse de l’offre d’accueil par rapport à la "demande", le ministre a étudié sur place avec son staff (DEP et DAF) la solution idoine. Il a décidé de la construction d’un bâtiment à niveau plus confortable pour "humaniser" davantage la prison. Et cela d’ici à deux ans, est-il déterminé. Une promesse qui réjouit déjà le régisseur Pascal Béré. Même si l’alimentation des prisonniers reste une autre épine à enlever.

Alassane KARAMA
Sidwaya

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