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Mark Thatcher : Le comploteur de la Dame de fer

Publié le vendredi 14 janvier 2005 à 07h31min

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Ainsi donc le président équato-guinéen n’aura pas le plaisir de voir agoniser Marc Thatcher, criblé de balles. Lui qui disait dans un journal que « Si j’étais le juge, j’appliquerais la peine capitale, l’exécution capitale par un peloton ». Paroles de démocrate ?

Le mardi 7 mars 2004 a planté le décor de cette affaire. Ce jour, 70 hommes, au profil de barbouzes, mais sans armes, sont arrêtés à l’aéroport de Hararé, à bord d’un Boeing 727, en provenance d’Afrique du Sud et apparemment en route vers le pays d’Obiang Guéma.

A son bord, se trouvait l’ex-soldat britannique, Simon Mann, cofondateur de l’agence sud-africaine de mercenaires Exécutive Outcome et ami de Marc Thatcher, le turbulent rejeton d’une non moins célèbre dame britannique, l’ex-Premier ministre Margaret Thatcher. Dès lors, c’est une véritable battue au Zimbabwe, en Afrique du Sud et surtout en Guinée Equatoriale. Dans ce pays, et pour ces cas d’espèce, on ne perd de temps : huit Sud-Africains, six Arméniens et quatre Equato-Guinéen sont pêchés, jugés et foutus en prison. Il en est de même pour ceux qui ont été cueillis au Zimbabwe.

Il reste cependant un illustre présumé putschiste, dont le tort serait d’avoir financé le complot avec un homme d’affaires libanais, Ely Calil. Lui n’est pas n’importe qui, étant le fils de Margaret Thatcher. Quoi qu’on dise, il jouit d’une certaine sympathie en Afrique du Sud. Mélange d’homme d’affaires, de play-boy et de tête brûlée, il avait déjà défrayé la chronique en 1982 lorsqu’il s’était perdu six jours dans le désert au cours d’un rallye Paris-Dakar. Justement pendant que sa maman était la personnalité la plus puissante de la Grande- Bretagne.

Mais Theodoro Obiang n’en avait cure. Il tenait vaille que vaille à ce qu’on lui amenât tout ce beau monde. « Dites à votre gouvernement britannique de m’aider à présenter tous ces hommes devant la justice. Je veux les voir dans mon pays, dans mes prisons. J’ai l’intention de les poursuivre devant les tribunaux britanniques et ailleurs, par tous les moyens possibles ». Rien de rassurant donc pour Thatcher Junior. Lui qui, depuis lors, est sous contrôle judiciaire au Cap.

Après une caution payée par sa maman, et son passeport retiré, il devait tous les matins pointer au commissariat local. Il risquait gros, certes, avec la menace de quinze ans de prison, mais le pire qui pouvait lui arriver, c’est l’extradition en Guinée-équatoriale, où l’attend de pied ferme le président équato-guinéen, qui, à défaut de l’opposant Severo Moto, n’allait certainement pas lui déployer le tapis rouge. Mais celui qui a donné bien des nuits blanches à sa maman l’a échappé belle. De tractation en tractation, un compromis a été trouvé entre lui et la justice du pays de Nelson Mandela. Après payement d’une caution de 266 millions de nos francs, il plaidera coupable le 8 avril 2005 et repartira libre de ses mouvements.

Exit donc l’extradition ou la prison. Mais le moins qu’on puisse dire est que la tentative de complot était avérée. Au début, bien des analystes avaient vu dans cette affaire une énième cabale transfrontalière où des autorités équato-guinéennes voient des complots partout, surtout que l’opposant qui donne des insomnies à l’homme fort de cette ancienne colonie portugaise, Severo Moto, est toujours sur ses deux pieds en Espagne.

Aujourd’hui, on pourrait donc donner raison au président équato-guinéen, qui arguait de la nécessité d’extradition. Si son pays était un exemple de démocratie. Ce « Koweït africain » étant l’un des pays le plus fermé du monde à l’image de la Corée du Nord, et où la notion des droits de l’homme n’existe pas dans le livre de chevet de ses dirigeants. Aujourd’hui, Margaret Thatcher doit être soulagée après l’annonce du compromis.

Deux décennies environ après avoir disparu une semaine du Rally Paris-Dakar à l’époque, on s’en souvient, elle avait versé des larmes en public, son fils faisait encore parler de lui. On a beau être une Dame de fer, si c’est le fruit de vos entrailles vous crée des pétards, c’est autre chose. Pour elle, Marc « s’est encore égaré en Afrique ». Maintenant que ce casse-cou a survécu à ce qui, assurément, fait partie de la plus dangereuse de ses aventures, osons espérer qu’il va désormais se tenir tranquille.

Issa K. Barry
Observateur Paalga

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