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Autant le dire… : « Merci, Monsieur le Premier ministre »

Publié le jeudi 29 août 2013 à 09h55min

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Pour la troisième fois, Luc Adolphe Tiao a mis pieds dans les locaux de L’Express du Faso, le quotidien bobolais, comme certains aiment l’appeler ou encore le seul quotidien burkinabé édité en province, comme d’autres l’appellent fièrement. En venant donc à L’Express du Faso ce mardi 20 août, le Premier ministre, journaliste qu’il est, est une fois de plus venu nous « galvaniser ».

Il l’avait déjà fait par deux fois, alors qu’il était président du Conseil supérieur de la communication (CSC).
En effet, « à sa création, personne ne pariait sur L’Express du Faso », a indiqué le journaliste avant d’ajouter : « aujourd’hui, je peux dire que vous avez fait des prouesses car 15 ans après, vous n’êtes plus sur le chemin de la disparition, mais de la consolidation des acquis et du renforcement de votre entreprise de presse pour en faire un véritable outil d’information, de communication et de sensibilisation des populations à partir de Bobo ». C’est vrai, vous avez raison, Monsieur le Premier ministre car, le chemin a été long. Et même très long.
En 1998, à sa naissance, effectivement, beaucoup de Bobolais surtout, ne pariaient pas sur L’Express du Faso. Certains lui avaient juste donné deux mois de vie ; trois tout au plus pour les plus optimistes.

Mais, en réalité, ils n’avaient pas tort. D’abord, aucune imprimerie ne voulait s’exercer à ce travail de « fou » qui consistait après les heures de descente (habituellement à 17 h 30), à se réengager pour saisir, corriger, monter et imprimer un journal. Un simple journal dont on percevait assez difficilement l’importance dans une ville, pourtant la capitale économique et deuxième ville du pays, comme Bobo-Dioulasso. La seule imprimerie qui avait accepté de le faire, l’avait fait parce que certains de ses agents avaient compris le challenge. Néanmoins, il fallait saisir les textes dans les quelques deux à trois secrétariats publics qui disposaient de matériels informatiques à Bobo. Les textes étaient récupérés le soir sur des disquettes. Malheur à l’équipe du jour si les ordinateurs de montage qui sont des Mac (contrairement au PC) refusaient le soir de lire ces disquettes. Quand on finissait assez tôt, c’était 2 heures du matin. Pour les coûts d’impression, les conditions de travail, c’est une autre histoire.

En 1998, la rédaction de L’Express du Faso était composée de jeunes journalistes dont la moyenne d’âge était de 24 ans. Très engagés, ils n’hésitaient pas à aller chercher l’information là il le fallait quand bien même les Bobolais étaient encore réticents et très muets devant les micros. Le volume d’activités « chaudes » dans la ville était si petit que les journalistes étaient obligés eux-mêmes « de créer les événements » à travers des reportages sur des sujets, principalement, de société. Naturellement, par prudence et par souci d’économie, nous étions obligés de maintenir le journal à seulement huit pages. Mais deux années après, nous sommes passés à 12 pages non sans angoisse puisque, « où est-ce qu’il fallait trouver les informations ? ». La jeune équipe s’est réengagée et parfois, nous avions du mal à choisir les textes du menu, tellement les sujets étaient variés et intéressants. Quant à l’équipe de Ouagadougou qui a été mise en place deux années après 1998, elle collectait les informations qui nous parvenaient le lendemain sur papier, écrites à la main. Les photos étaient tirées sur papier également dans les studios. Il fallait donc les scanner pour pouvoir les monter sur les pages.

Lorsqu’en 2000, nous obtenions nos premiers ordinateurs, personne n’y a cru. Malheureusement, au lieu que cela contribue à diminuer notre facture chez l’imprimeur, ce fut le contraire. Parce que ce dernier, sans doute, au vu du matériel, avait augmenté de façon très démesurée le coût d’impression d’un exemplaire du journal. Ce qui était hors de portée de nos maigres moyens. Il fallait trouver un autre imprimeur. Là aussi, ce ne fut pas simple. Mais, néanmoins, nous avons tenu le coup jusqu’en 2002, année à laquelle nous avons acquis notre « veille » imprimerie. Et depuis, L’Express du Faso monte et imprime sur ses propres machines. Avec naturellement toutes les difficultés que connaissent les autres entreprises de presse, mais en plus, avec celles qui sont liées à notre statut de journal délocalisé. Comme on le voit, le chemin a été long. Mais, il reste encore plus long puisque les ambitions sont grandes. Ce n’est qu’une petite histoire de L’Express du Faso.

Dabaoué Audrianne KANI

L’Express du Faso

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