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Ouagadougou, la lutte menée contre l’insécurité peine à faire ses preuves

Publié le mardi 20 août 2013 à 23h45min

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Ouagadougou, la lutte menée contre l’insécurité peine à faire ses preuves

L’insécurité demeure à Ouagadougou : agressions et vols à l’arrachée sont devenus presque monnaie courante dès la nuit tombée sur la capitale du Faso. Face à une nette augmentation de tels actes de délinquance ces dernières décennies, le pays des Hommes Intègres avait décidé de se doter d’une Stratégie nationale de sécurité intérieure… C’était il y a maintenant trois ans de cela.

Fin 2009, l’Etat burkinabè avait fait appel au Programme des Nations unies pour le Développement (PNUD), afin qu’il l’appuie sur la question de l’insécurité qui règne notamment dans la capitale. Le Programme conjoint de renforcement de la sécurité urbaine à Ouagadougou (PCRSU-O), doté d’un budget de plus de 4 millions de dollars (pas loin de 2 milliards de francs CFA), devait ainsi donner naissance à un « plan d’action de réduction de l’insécurité publique en milieu urbain ».

De ce projet conjoint – entre l’organisme international, le ministère burkinabè de la Sécurité, la commune de Ouagadougou, et la Commission Nationale de Lutte contre la Prolifération des Armes Légères – ont notamment été mis en place, selon le site du PCRSU, une police de proximité, une unité spéciale pour les femmes et mineurs (premières victimes de l’insécurité urbaine), ou encore une cartographie de la situation sécuritaire de la capitale burkinabè.

Or en cette année 2013, supposée date limite du programme, la situation ne semble guère s’être améliorée. S’il manque de chiffres (notamment récents) à l’appui, les témoignages eux se multiplient. Et la police elle-même ne démentira pas l’importance du nombre de vols recensés quotidiennement… D’ailleurs, au commissariat central, alors que les victimes de vol divers défilent dans le bureau de la brigade de recherche, un enquêteur n’hésitera pas à montrer les photos de son dernier « terrain » : une serrure de porte forcée, un cambriolage où ont été dérobées deux motos.

Une mise en place de patrouilles nocturnes, effective ?

Les stratégies de lutte contre l’insécurité, certaines pourtant d’ores et déjà mises en place selon le PCRSU-O, paraissent ainsi peu efficaces au regard de la population ouagalaise. Au rond-point des Nations unies par exemple, classé parmi les zones dites « criminogènes », des témoins diront que pendant un temps la police y était positionnée tous les soirs, mais que de « mauvaises expériences » l’auraient depuis découragée de s’y aventurer.

Au commissariat central de Ouagadougou, lorsque l’on demande pourquoi il ne semble y avoir en ce lieu des patrouilles nocturnes, pourtant mises en place l’an passé, comme l’avait assuré le Premier Ministre lui-même (lors de son discours sur la situation de la nation en avril dernier), on nous affirme « qu’elles sont bien là ». Mais que « comme il s’agit de navettes…  ». Elles ne doivent pas y passer souvent, entend-on donc, connaissant en outre la réputation de cet axe central de Ouagadougou, où s’affairent voleurs et prostituées dès la nuit tombée.

Un dispositif « renforcé », mais peu disponible…

De même, le Premier Ministre faisait part du « recrutement exceptionnel d’agents de police pour faire face au défi de l’insécurité » et de « moyens conséquents consentis pour leur équipement  », il y a quatre mois de cela. Or, ce jour, ces dispositions ne semblent pas évidentes... Il suffit de composer le 17, numéro dit « d’urgence » de la police nationale, pour constater qu’il s’agit toujours d’un recours bien vain, surtout si l’agression a lieu – comme c’est souvent le cas – de nuit. «  C’est trop tard  », vous dira-t-on à l’autre bout de la ligne, « il faut déposer plainte au commissariat central ».

Là, vous y trouverez probablement des officiers de permanence, affairés, certes… mais à jouer aux cartes. Pour la déposition, on n’allumera aucun des ordinateurs qui occupent (à eux seuls) la salle, préférant se munir d’un simple crayon et d’une feuille blanche ; il faudra plutôt revenir, en journée cette fois, pour une « véritable » déposition auprès des enquêteurs. Quant aux chances de retrouver, au moins ses papiers ? Elles sont là, vous assurera-t-on. Conseillant même de « retourner sur les lieux du vol avec quelques amis pour fouiller les alentours  »… De quoi se poser une question : la « Stratégie nationale de sécurité intérieure  », elle repose sur qui ?

Jessica Rat

Lefaso.net

Lire aussi : Sécurité urbaine à Ouagadougou, l’après 2013 en perspectives

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Vos commentaires

  • Le 20 août 2013 à 16:22, par insécurité à Ouagadougou En réponse à : Ouagadougou, la lutte menée contre l’insécurité peine à faire ses preuves

    Le problème c’est que les fonds sont utilisés à d’autres fins. Y-a t-il un bilan d’étape sur l’utilisation de ces fonds ? Le ministre pourrait-il donner une conférence de presse sur la question ? Merci de votre disponibilité car la sécutrité est tellement importante pour ne pas être laissé entre les mains d’hommes et de femmes incapables d’en assumer la mise en oeuvre.

  • Le 20 août 2013 à 16:38 En réponse à : Ouagadougou, la lutte menée contre l’insécurité peine à faire ses preuves

    Ce problème CRUCIAL est plus grave que vous ne le croyez. Et une solution radicale s’impose : par la formation professionnelle et surtout psychologique (autre que celle dispensée aujourd’hui), l’équipement et l’application intégrale de tous les mécanismes judiciaires. Vaste programme, n’est ce pas ? Mais c’est nécessaire et c’est la seule solution.

  • Le 20 août 2013 à 17:38, par Foulish En réponse à : Ouagadougou, la lutte menée contre l’insécurité peine à faire ses preuves

    Il faut quitter là bas oui ! Meme en Fance il n’ ya pas d’insécurité zero ! Au lieu de crtiques salaces, il faut travailler chacun de notre coté à appuyer de manière citoyenne la police et à etre nos propres gendarmes !

    • Le 21 août 2013 à 09:03 En réponse à : Ouagadougou, la lutte menée contre l’insécurité peine à faire ses preuves

      A etres nos propres gendarmes ? En quoi faisant ? En achetant nos armes peut-etre ? Comparaison n’est pas raison’ mais sous d’autres cieux, lorsqu’on appelle la police, elle intervient immediatement. I’ll faut juste motiver et equiper suffisamment la police !!!

      • Le 22 août 2013 à 15:52, par yanké En réponse à : Ouagadougou, la lutte menée contre l’insécurité peine à faire ses preuves

        oui ailleurs quand on appelle la police elle intervient immediatemment mais sacche que dans ces coins on appelle pas la police por insulter les policiers ou por les faire des deplacements unitiles, on les appelle pour des cas serieux ; voila la justification de la promptitude dans leurs intrventions : soyons citoyens et responsables

    • Le 21 août 2013 à 11:25 En réponse à : Ouagadougou, la lutte menée contre l’insécurité peine à faire ses preuves

      Foulish, c’est à toi de quitter là-bas oui ! ce n’est parce que en France il y a l’insécurité que nous devons en avoir nous aussi ! Les autorités doivent être interpellé afin que tout le nécessaire soit fait pour qu’il y ait la sécurité dans nos villes.

  • Le 20 août 2013 à 20:09, par ZAK En réponse à : Ouagadougou, la lutte menée contre l’insécurité peine à faire ses preuves

    Bel article concernant un problème fondamental ! Bravo au journaliste !
    On fait beaucoup de tapages sur tel au tel programme au départ et voilà le résultat ; au passage, certains se sont enrichis mais le problème reste entier, si ce n’est pire.

  • Le 21 août 2013 à 09:39, par Yeli En réponse à : Ouagadougou, la lutte menée contre l’insécurité peine à faire ses preuves

    Merci très cher journaliste, ce qui se passe est pourtant simple à comprendre.

    1- L’argent est détourné à d’autres fins (villas cossues, belles voitures et belles femmes, pour les uns et Lacrymogène pour nous)

    2- être Policiers, un métier très ingrat dont personne ne reconnait la valeur. Le policier devient quelqu’un de respectable quand on besoin d’une pièce d’identité ou encore de faire des déclarations de pertes etc.

    3- Conséquence eux aussi ne veulent plus être des moutons de tabaski du système, aussi ils préfèrent éviter les zones rouges ( propriétés des délinquants). Du reste ils sont tout le temps confrontés à leurs voleurs que des juges et avocats véreux se charge de faire libérer. Quand est-il pour leur sécurité (policier et famille) quand on sait que la vengeance au Burkina est un plat qui se mange froid.

    4- C’est simple et c’est le résultat de la mal gouvernance, développée, entretenue et maintenue par Blaise Compaoré et ses fidèles.
    Par ailleurs mon cher journaliste, je pense que vous pouvez faire l’économie des propos du premier ministre car vous savez tous que sa parole c’est du vent (dixit Assami Koanda), nulle et nul d’effet.
    J’ai personnellement pitié de lui, nième victime du Blaisechiavelisme.

  • Le 21 août 2013 à 11:01 En réponse à : Ouagadougou, la lutte menée contre l’insécurité peine à faire ses preuves

    En fait, l’utilisation de l’argent laisse penser que ça ne sert pas à lutter contre la criminalité, mais à faire autre chose. Sinon comment comprendre cette insécurité grandissante à Ouaga et ailleurs.
    pourquoi ils ne font pas de patrouille nocturne. les numéros communiqués en cas d’urgence ne sert pas beaucoup. Dès que vous les appelez, soit ils ne répondent pas, soit ils vous disent qu’ils n’ont pas d’éléments. Des agents qui tournent les pouces, ou qui sont devenus des affairistes. Voilà notre sécurité.

  • Le 21 août 2013 à 16:14, par ESPOIR En réponse à : Ouagadougou, la lutte menée contre l’insécurité peine à faire ses preuves

    M.Foulish,vous vous referez encore a la France ?qu’entendez vous par etre nos propres gendarmes mon cher ?

  • Le 21 août 2013 à 16:26, par Uncitoyen En réponse à : Ouagadougou, la lutte menée contre l’insécurité peine à faire ses preuves

    Que devient cette unité d’intervention polyvalente basée à ouaga 2000 ? On n’entends pas parler de leurs actions.

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