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Le Burkina Faso se mobilise à la recherche de la sérénité perdue.

Publié le vendredi 16 août 2013 à 07h21min

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Le Burkina Faso se mobilise à la recherche de la sérénité perdue.

Peut-on considérer que c’est « un mal pour un bien » ? Et que les mobilisations, parfois violentes, contre le sénat, l’article 37, la vie chère, les conditions de vie des étudiants…ont permis une prise de conscience par la classe dirigeante du « mal-être » d’une partie de la population urbaine burkinabè confrontée aux bouleversements de l’évolution du « pays des hommes intègres ».

Alors qu’une des réformes politiques majeures – l’instauration d’un sénat –se met en place (les 39 sénateurs régionaux ont été élus le 28 juillet 2013), sa remise en question par le président du Faso semble soulager tout le monde, au sein du pouvoir comme de l’opposition mais aussi de la population. Assimi Kouanda, ministre d’Etat, directeur de cabinet de Blaise Compaoré, secrétaire exécutif national du Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP), président de son BPN, vient de saluer une décision qui fait « prévaloir le dialogue et la concertation face aux contradictions suscitées par la mise en place du Sénat ». Dans la foulée, il « recommande au gouvernement de poursuivre ses efforts dans le sens de trouver des solutions idoines aux préoccupations sociales et académiques pressantes des universités du Burkina Faso ».

Rappelons que le 6 juillet 2013, Kouanda était en tête d’une « marche-meeting » ; c’était la réplique à celle organisée contre le sénat par l’opposition une semaine auparavant et dont le succès populaire avait été probant. L’Alliance pour la démocratie et la fédération (ADF-RDA), un des plus vieux partis politiques burkinabè, qui a pris ses distances ces derniers mois avec le pouvoir après un long compagnonnage, salue de son côté une décision qui permettra « de raffermir [la] démocratie par le dialogue, l’écoute et la tolérance ».

Zéphirin Diabré, chef de file de l’opposition, qui rappelle son refus de voir mettre en place ce sénat, évite de jeter de l’huile sur le feu. Certes, dans son communiqué publié ce mercredi, il rappelle les mots récents du chef de l’Etat qui vont rester dans l’Histoire du pays (« Nulle part dans le monde, on n’a vu une marche changer une loi ») mais ne fait pas de surenchère. Il recommande seulement aux opposants au sénat de « demeurer vigilants, mobilisés ».

Dans cette affaire, un homme se trouve sur le devant de la scène : le docteur Bongnessan Arsène Yé. Il est ministre d’Etat, ministre chargé des relations avec les Institutions et des Réformes politiques. Etonnamment, on l’avait perdu de vue tout au long des mois passés. Il est pourtant l’homme qui, à travers le Conseil consultatif sur les réformes politiques (CCRP) et les « Assises nationales » a initié le projet de sénat (cf. LDD Spécial Week-End 0562/Samedi 8-dimanche 9 décembre 2012). Alors que le CDP « marchait » le 6 juillet 2013 dans la capitale il était au Canada. Et c’est Mamoudou Barry, secrétaire général du ministère des Relations avec les Institutions et des Réformes politiques, qui, les 1er et 2 août 2013, a tenu, à Koudougou, le premier CASEM** de l’année 2013 sur le thème, oh combien d’actualité, de « Quelles stratégies pour atteindre des résultats efficients ? ».

« L’efficience » de ce département ministériel est effectivement une nécessité : à en croire le CASEM le coût de son programme d’activité 2013 s’élèverait à plus de… 5,4 milliards de francs CFA (Sidwaya du mardi 13 août 2013) ! La dernière fois où l’on a entendu parler de Yé c’était le vendredi 31 mai 2013 alors que, dans la salle des fêtes de Ouaga 2000, il avait présidé la cinquième session du comité de suivi et d’évaluation de la mise en œuvre des réformes politiques consensuelles.

Dix jours auparavant, le 21 mai 2013, Yé avait défendu la loi portant création du sénat. Adoptée par 81 voix (les députés du CDP, de l’UNDD et du groupe CFR) ; l’ADF-RDA ayant voté aux côtés de l’opposition ce sont 46 voix qui se sont prononcées contre le projet de loi.

Voilà donc que Yé est de retour alors que le sénat divise la classe politique et mobilise la population (difficile de trouver un Burkinabè qui soit « pour » en dehors de « la clientèle » du CDP). Adama Coulibaly, secrétaire permanent des réformes politiques a convoqué les membres du comité de suivi et d’évaluation de la mise en œuvre des réformes politiques** « à une importante rencontre » qui aura lieu à Ouaga 2000 le vendredi 16 août 2013 (le 15 août, jour de l’Assomption, est férié au Burkina Faso).

Le communiqué du 12 août 2013 de la présidence du Faso a fixé au 31 août la date limite (« au plus tard ») afin de remettre un « rapport d’étape circonstancié sur le processus d’opérationnalisation du Sénat*** avec des recommandations et propositions appropriées ». Le comité de suivi aura donc moins de quinze jours pour accomplir sa tâche. Pas facile. D’autant qu’il s’agit de plancher, selon le communiqué présidentiel, sur « le processus d’opérationnalisation », autrement dit de « préparer un travail productif ».

Est-ce à dire que le comité de suivi et d’évaluation n’a pas fait son boulot ? Et que tout le monde a voulu aller trop vite, trop loin ? Dans son livre « L’Ancien régime et la Révolution », Alexis de Tocqueville a écrit que « l’expérience apprend que le moment le plus dangereux pour un mauvais gouvernement est d’ordinaire celui où il commence à se réformer ».

C’est à l’occasion du remaniement ministériel de janvier 2011 que Yé est revenu sur le devant de la scène politique burkinabè. Il est alors nommé ministre d’Etat, ministre auprès de la présidence chargé des Réformes politiques. Il a 53 ans et un parcours politique exceptionnel pour un médecin militaire. Avec son look de barbudos, le capitaine Yé (aujourd’hui colonel) s’est s’affirmé comme le spécialiste des meetings et des grandes manifestations de la « Révolution » puis de la « Rectification ». Le Camarade-Président Thomas Sankara a préfacé son premier livre : « Profil politique de la Haute-Volta coloniale et néo-coloniale ou les origines du Burkina Faso révolutionnaire ». Coordinateur national des structures populaires, secrétaire à l’organisation du Front populaire et à son comité exécutif, chargé de suivre le fonctionnement de toutes les structures du Front c’était le « Monsieur Politique et Organisation » du Burkina Faso (cf. LDD Burkina Faso 0241/Lundi 17 janvier 2011 pour le parcours complet de Yé).

En juin 1992, il préside l’Assemblée des députés du peuple. Pour cinq ans. En 1997, il entre au gouvernement. Il a présidé l’ODP/MT de 1993 à 1996 puis le CDP jusqu’en 1999. Le changement de siècle appelle le changement d’hommes. Il ne réapparait qu’en janvier 2011 dans le dernier gouvernement de Tertius Zongo. Quelques semaines à peine avant les mutineries du printemps 2011 qui vont rudement secouer le Burkina Faso et traumatiser, à juste titre, les Burkinabè.

Zongo qui, malgré ses immenses qualités humaines et professionnelles n’avait pas compris qu’en politique il faut éviter d’aller trop vite quand on veut aller très loin, devra céder la place à Luc Adolphe Tiao. Yé va mettre en place, alors, avec le CCRP et les « Assises nationales », les réformes qu’il envisageait sous Zongo. Ce n’était pas, manifestement, la réponse aux préoccupations des populations. Blaise lui demande de revoir sa copie. Les révolutions, souvent, dévorent les révolutionnaires. Yé est particulièrement bien placé pour le savoir… !

* Le CASEM est le Conseil d’administration du secteur ministériel, une structure de fonctionnement de l’administration ministérielle burkinabè. En l’absence de Bongnessan Arsène Yé, c’est le gouverneur de la région du Centre-Ouest, le colonel-major Komyaba Pascal Sawadogo, qui, au nom du ministre, a ouvert le CASEM 2013.

** Ce comité, qui fonctionne sous la supervision du ministre en charge des Réformes politiques, comprend 30 membres. Il est dirigé par un bureau de 7 membres qui se réunit au moins une fois par mois. Le comité a été créé le 25 janvier 2012 en conseil des ministres. La première session du comité s’est tenue du 15 au 22 juin 2012 ; il est prévu 4 sessions ordinaires par an, soit une par trimestre.

*** Il convient de rappeler que lors des travaux du Conseil consultatif sur les réformes politiques (CCRP) c’est Seydou Coulibaly, juriste expert sur les questions parlementaires, qui a animé le débat sur « le rôle et la place du Sénat dans l’équilibre des pouvoirs ».

Jean-Pierre BEJOT
La Dépêche Diplomatique

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Vos commentaires

  • Le 15 août 2013 à 19:40, par Le sage. En réponse à : Le Burkina Faso se mobilise à la recherche de la sérénité perdue.

    En l’état actuel, et pour démontrer sa parfaite bonne foi, le Président, à travers le comité de suivi doit surseoir au sénat jusqu’à l’après présidentielles de 2015 ! Là nous saurons si vraiment la mise en place du Sénat n’était pas destinée à la modification de l’article 37 de la constitution dont vous ne pifez aucun mot. M béjot, alors ???

  • Le 15 août 2013 à 21:02 En réponse à : Le Burkina Faso se mobilise à la recherche de la sérénité perdue.

    Bel article ! Mais j’aurais souhaité que M. Bejot d’amande de sa mauvaise évaluation des habiletés politiques de M. Diabre qu’il a traité d’apprenti politique et d’autres adjectifs peu dithyrambiques il y a a peine 2 mois. Zephirin est smart socialement, émotionnellement, et intellectuellement, et son message posé après le,communiqué présidentiel sur le Sénat en,dit long.

  • Le 15 août 2013 à 23:32, par téné En réponse à : Le Burkina Faso se mobilise à la recherche de la sérénité perdue.

    On vous sait l’homme du palais mais ça parait malhonnete de ma part de mettre la responsabilité du senat sur Yé seul comme vous tentez de le prouver.
    on lui a passé une commande : trouver les mécanismes pour permettre à blaise de rester à sa place après 2015. il a tenté mais les moments ont changé. Doit on lui reprocher cela ? La boulimie du pouvoir conduit à des égarements pareils. S’il y a à répondre avant Yé, il faut interpellé françois et assimi. De toutes les façons salif avait prévenu

    • Le 16 août 2013 à 10:28, par Gjau En réponse à : Le Burkina Faso se mobilise à la recherche de la sérénité perdue.

      Monsieur Bejot si ce comité du suivi peut nous amener à la sérénité c’est ce que le peuple burkinabè souhaite. Si aujourd’hui nous sommes arrivés à cette situation c’est tout simplement parce que la feuille de route du CCRP avait un agenda caché c’est pourquoi il n’a pas fait l’unanimité au départ. Doit-on s’étonner de ce qui arriva aujourd’hui ? Il ne faut pas faire des reformes pour des reformes, il faut que ces reformes répondent aux aspirations du peuple et non d’un clan ou une personne. Malheureusement nos dirigeants n’ont pas compris que les temps ont changé et que les mentalités ont évolué. On peut utiliser la ruse une fois en passant mais on ne peut pas se servir à tout moment comme le dit un adage de se nous "Celui qui est accroupit voit mieux celui qui est assis". Vivement que ce comité retrouve d’abord la sérénité pour que le Burkina puisse en profiter car sans la sérénité tout effort de développement est compromis . Si cette sérénité doit passer par la suppression du sénat qu’il nous face l’économie du temps en transmettant le rapport circonstancié au président dans un bref délai.

  • Le 16 août 2013 à 07:45, par MAYA En réponse à : Le Burkina Faso se mobilise à la recherche de la sérénité perdue.

    Nous sommes dans un projet mal préparé, notamment en son volet analyse des risques. Le chef de projet YE BONGNESSAN est donc le premier responsable de la situation car il lui appartenait , aidé des différents experts réunis au sein du CCRP, d’évaluer tous les risques avant la mise en oeuvre du projet afin d’amener le commanditaire qui est le Président Blaise à prendre les bonnes décisions en son temps. C’est ce qui n’a pas été fait car YE BONGNESSAN n’est pas un homme responsable et courageux mais un "YES MAN". Le chef de projet responsable a l’obligation morale et intellectuelle de démontrer au commanditaire la pertinence ou non du projet. C’est pourquoi YE BONGNESSAN doit se préparer à porter le chapeau. C’est la rançon à payer quand on accepte d’être "HOMME A TOUT FAIRE".

  • Le 16 août 2013 à 08:28 En réponse à : Le Burkina Faso se mobilise à la recherche de la sérénité perdue.

    15 jours sont suffisant pour produire un rapport et on saura s’ils ont retenu la leçon que le peuple ne veut pas d’un sénat budgétivore au détriment des priorités basiques comme l’eau, la santé, l’éducation. Kouanda devrait rendre le tablier car il a fait un demi-tour incroyable entre le 6 juillet et son dernier communiqué. Malheureusement, avec Yé, on ne peut pas espérer grand chose. Cette génération de politiciens qui accompagne Blaise depuis la révolution est usée et devrait être remplacé par une génération plus jeune. Les clivages actuels au sein du CDP sont un problème générationnel au delà de la culture du chef suprême. Le risque de dérapage de l’après Blaise est réel si on se réfère à l’exemple malheureux de la Cote d’Ivoire et l’après Houphouet.

  • Le 16 août 2013 à 09:00, par Vador En réponse à : Le Burkina Faso se mobilise à la recherche de la sérénité perdue.

    Cet article, rappelant la proximité historique de Bognessan avec Sankara, son passé révolutionnaire, ainsi que ses responsabilités politiques assumées, ressemble à une manoeuvre de diabolisation du ministre d’Etat chargé des Réformes politiques.

    La recherche du bouc émissaire aurait-elle commencé ?

    Auquel cas, Bognessan ne pourrait s’en prendre qu’à lui même d’avoir accepté de jouer ce rôle ingrat, après la traversée du désert qu’il a connue auparavant...

    L’histoire se repète toujours, mais l’Homme s’en retient jamais rien !

  • Le 16 août 2013 à 09:50 En réponse à : Le Burkina Faso se mobilise à la recherche de la sérénité perdue.

    Le budget du Ministère de YE est aussi scandaleux que celui du sénat : 4, 5 milliards par an !!! Il y a vraiment beaucoup à revoir dans ce pays. Par exemple : le nombre de députés, les ministères et autres institutions bidons, la part du budget à l’Agriculture et à l’Emploi...

    • Le 16 août 2013 à 12:25 En réponse à : Le Burkina Faso se mobilise à la recherche de la sérénité perdue.

      Très bien dit. Le nombre de députés est à réduire, de même que le nombres d’institutions et de ministères. A titre d’exemple, le ministère de la communication (même si on le dénommait ministère de l’information) est à supprimer pour permettre non seulement l’immixtion des ministres et autres cadres du ministère dans le fonctionnement des médias publics mais aussi pour permettre au CSC de jouer pleinement son rôle. Le ministère de la justice est aussi à supprimer pare qu’il y a le conseil Supérieur de la Magistrature et aussi pour les mêmes raisons que celles évoquées ci-dessus. En sus, le président de la république doit -il être président du conseil supérieur de la magistrature ? Le RSP est à supprimer et les différents éléments qui constituent ce corps doivent être reversés dans la grande muette. L’ex soldat KEITA s’est exprimé dans Courrier Confidentiel sur ce point.

    • Le 16 août 2013 à 14:03 En réponse à : Le Burkina Faso se mobilise à la recherche de la sérénité perdue.

      4, 5 milliards/ Rien que ca ? Moi je suis sur que la realite est plus scandaleuse encore puisque c’est un ministere qui doit corrompre tous les cdpistes memes d’ abord.

  • Le 16 août 2013 à 09:51, par AGIR EN AMONT En réponse à : Le Burkina Faso se mobilise à la recherche de la sérénité perdue.

    En faite Blaiso est fatigué intellectuellement. C’est cette égoïsme qui a conduit les ivoiriens à maintenir Félix jusqu’à sa mort (tout en sachant qu’il ne répondait plus intellectuellement) et voilà les résultats actuellement. Le sénat dans la logique c’est après 2015.
    Blaise, je pense qu’il faut que vous ressaisissez et battez vous pour mettre des institutions fortes et permettre à d’autre de poursuivre le combat pour le bien être des burkinabé. Ceux qui sont autour de vous et qui pensent que vous êtes indispensable, se bourrent les intestins. Cela démontre l’égoïsme du système.

  • Le 16 août 2013 à 09:58, par Solution En réponse à : Le Burkina Faso se mobilise à la recherche de la sérénité perdue.

    Sachez que Yé n’est pour rien. Le technicien qui pourra nous apporter la solution c’est bien Salif DIALLO. Blaiso pourquoi ne pas nommé SALIF comme chef de Gouvernement ?

  • Le 16 août 2013 à 11:41, par VV En réponse à : Le Burkina Faso se mobilise à la recherche de la sérénité perdue.

    YE est le poison de ce pays mais c’en est fini de lui. Blaise n’est sans doute courageux mais pas fou. Vivement la paix au Faso et une union de tous les acteurs pour affronter les vrais problèmes.

  • Le 16 août 2013 à 11:43, par Alexio En réponse à : Le Burkina Faso se mobilise à la recherche de la sérénité perdue.

    Dr Bongnessan Pourquoi la politique ? Alors que le Burkina Faso a besoin de ta contribution sur le terrain. Pourquoi choisir la politique ? Alors qu a Hounde il ya qu un Docteur pour toute la region ? Vous avez choisi un metier ingrat qu est la politique, surtout au service d un regime qui ne fait aggraver la cherte de la vie de nos braves paysans (es) que en leur reconnaissant comme betail electoral.
    Je vous prie de retrouver la noble raison de retourner sur votre premiere vocation,en occurence la medisin comme Docteur au service peuple. Le peuple vous serez reconnaissant de cette re-option

  • Le 16 août 2013 à 13:56, par Adama En réponse à : Le Burkina Faso se mobilise à la recherche de la sérénité perdue.

    Ce Communiqué fendu par le Président du Faso si je ne m’abuse doit avoir été rédigé par un de nos aînés issu des arcanes de la communication (ancien ministre de la communication) et qui lui donnait des conseils il n’ y a pas longtemps. Suivez mon regard, si ce n’est pas lui en tout cas ça lui ressemble. Cette manière de tourner la langue en cerceau n’est pas loin de lui.

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