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Les propositions de la SEP au Premier Ministre pour une « viabilité économique » de la presse privée

Publié le mardi 6 août 2013 à 22h36min

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Les propositions de la SEP au Premier Ministre pour une « viabilité économique » de la presse privée

La Société des éditeurs de la presse privée (SEP) a remis, ce mardi 6 août, plusieurs propositions au Premier Ministre Luc Adolphe Tiao. Elle avait été sollicitée par ce dernier il y a près de quatre mois de cela pour exprimer ses « préoccupations » quant à la situation économique de la presse privée au Burkina Faso. Et a depuis pris part à un groupe de travail, mis en place à l’issue de cette rencontre « dans l’esprit de revigorer l’entreprise de presse burkinabè », selon les propos du Conseiller spécial Directeur de la Communication du Premier Ministre (DCI), M. Hamado Ouangraoua, nommé coordinateur du groupe de travail en question.

Composé de représentants de la presse privée – le président de la SEP, Shériff Sy, en tête – mais aussi des ministères concernés, ce groupe de travail s’était « fixé 45 jours de réflexion  », selon M. Ouangraoua « pour examiner les préoccupations soumises par la presse privée ». « Aujourd’hui, ce sont nos dernières cartes que nous posons [en soumettant] un rapport avec des propositions réalistes et réalisables  » a-t-il ainsi affirmé devant le Premier Ministre. Que ce soit lui ou le président de la SEP, tous deux ont en effet tenu à souligner l’aspect « réaliste » des propositions avancées dans le rapport.

Aussi le DCI a-t-il précisé : « Nous avons pris en compte, dans l’élaboration de nos propositions, des contextes régionaux, du cadre juridique en rigueur en matière de fiscalité, de droit et de taxe douanière au Burkina Faso, et des conseils techniques des représentants des ministères, notamment de l’Economie et des Finances  ». Et à M. Shériff Sy d’ajouter que « les techniciens du ministère des Finances, que ce soit ceux des impôts ou ceux de la douane (…) nous ont permis de ramener à leurs justes proportions nos ambitions et à prendre en compte les réalités de notre pays  ».

Des propositions de mesures « techniques et réglementaires », « politiques » et « transitoires »

Le président de la SEP, par ailleurs directeur de publication de l’hebdomadaire Bendré, a ensuite résumé les grandes lignes du rapport remis au Premier Ministre ce jour. Concernant une première série de propositions de mesures dites « techniques et réglementaires  », M. Sy a notamment évoqué l’idée d’une « amnistie fiscale  » sur certaines taxes. Et en particulier « la nécessité d’une régulation de la TVA sur les investissements des équipements de production  », précisant avoir « élaboré, avec la douane, une liste pour les médias audiovisuels et une liste faite pour la presse écrite  ».

Parmi une deuxième série de mesures dites « politiques », une autre proposition entendrait quant à elle arriver à la mise en place d’un « fonds qui va permettre d’appuyer la mission des services publics du gouvernement à travers les médias indépendants », a suggéré le directeur de la SEP. Expliquant le fond de sa pensée : « au lieu que les ministères et la presse soient en train de courir de gauche à droite pour pouvoir couvrir des évènements très importants, il [faudrait qu’il] y ait une structure qui soit là, qui puisse directement leur permettre d’assumer cette mission  ».

M. Shériff Sy a par ailleurs formulé une proposition de mesure dite « transitoire », jugée nécessaire « pour impacter fortement sur les mesures techniques et politiques  ». Il s’agirait de faire de 2014 et 2015 ce qu’il appelle des «  années vertes  », précisant, en s’adressant directement au Premier Ministre : «  Nous entendons par ‘années vertes’ que vous puissiez permettre aux entreprises légalement constituées de ne pas payer d’impôts locaux pendant ces deux ans – étant entendu que les impôts obligatoires, communautaires, etc., continueront à être prélevés. Nous pensons que cela permettra non seulement aux entreprises de presse de souffler, mais aussi de mettre en train les différentes mesures  ».

« Sans viabilité économique de la presse, il n’y a pas de liberté de la presse »

Enfin, le président de la SEP a tenu à faire par à M. Luc Adolphe Tiao d’une « suggestion venue à la fin des travaux, que nous n’avons pas mis dans le rapport », a-t-il souligné. Rappelant les années 1993 et 1994, « où le gouvernement burkinabè avait permis à un certain nombre de médias d’avoir gratuitement des terrains pour construire leur siège », le représentant de la presse privée a demandé, non pas un accès gratuit, mais au moins une « facilitation de l’accès aux terrains pour construire les sièges  ».

Le rapport ainsi résumé, et se voyant alors remettre le texte en question, le Premier Ministre s’est pour sa part dit, en conclusion, « convaincu que sans viabilité économique de la presse, il n’y a pas de liberté de la presse [et que] si nous offrions des conditions qui permettent la rentabilité des médias privés, cela devrait aussi améliorer modestement les conditions de vie des journalistes qui y travaillent  ». M. Luc Adolphe Tiao a ainsi promis d’étudier les propositions des représentants de la presse privée. En conseil de cabinet avec les ministères concernés, d’abord, puis en Conseil des ministres, « s’il y a des décisions à prendre ».

Jessica Rat

Lefaso.net

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Vos commentaires

  • Le 7 août 2013 à 10:36, par Bruno En réponse à : Les propositions de la SEP au Premier Ministre pour une « viabilité économique » de la presse privée

    on a qu’à donner tous les avantages fiscaux et autres subventions à la presse , tant que ces gens de la presse ne se mettront pas dans la rigueur du management et de la bonne gestion d’une entreprise la mendicité continuera et l’apport de la presse au développement socio économique de notre pays sera toujours invisible. Ce milieu est truffé de confusionnistes qui n’ont rien compris à la gestion d’entreprise et passent leur temps à escroquer les autres acteurs de l’édition de la presse ainsi que les lecteurs. Il faut faire la part des choses entre les journalistes , les écrivains , les griots , les imprimeurs , les informaticiens , les actionnaires ou autres entrepreneurs , avant de dilapider l’argent public à des individus pas du tout clairs .Les éditeurs de la presse doivent montrer patte blanche avant de s’enrichir avec l’argent du contribuable . L’état a souvent peur de cette presse et devient laxiste sur le comportement peu recommandable de nombreuses personnes remplissant ce secteur. Tous les burkinabè ont droit aux subventions et aux exonérations et à ce rythme nous allons ruiné ce pays . Soyons vigilants

  • Le 7 août 2013 à 12:25, par ibrahimo En réponse à : Les propositions de la SEP au Premier Ministre pour une « viabilité économique » de la presse privée

    avant d’être des services d’utilité publique la presse privée demeure mercantiliste (commerçant) par essence. cela fait que l’usage des fonds publics pour leur venir en aide ne doit pas se fait sur le dos du contribuable burkinabè. Elle a déjà une subvention direct du contribuable, encore d’autres avantages ouvrirait une boite de pandore difficile à maitriser. De un on verra un foisonnement du nombre de médias privés étant donné que créer un organe de presse deviendrait une aubaine pour d’enrichir sur le dos du contribuable et de deux elle perdrait toute indépendance vis à vis des autorités publiques et politiques. En un mot trop de subventions tuera la presse privée donc attention y a danger

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