LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Nous sommes lents à croire ce qui fait mаl à сrοirе. ” Ovide

Sommet de l’UA à Libreville : des avancées oui, mais...

Publié le mercredi 12 janvier 2005 à 07h15min

PARTAGER :                          

En compagnie d’une trentaine de ses pairs, le président du Faso, Blaise Compaoré, a pris part à Libreville, le 9 janvier 2005, à la 23e session du Conseil de paix et de sécurité (CPS) de l’UA qui avait à son ordre du jour, la résolution de certains conflits majeurs qui déchirent le continent.

Réunis à Libreville pour chercher le "schéma directeur’’ d’une Afrique pacifiée, les chefs d’Etat des pays membres du CPS (étaient également présents des pays de la CDEAO non membres du CPS ainsi que d’autres pays africains et des organisations invitées à titre d’observateurs) sont parvenus à des conclusions et à des recommandations pertinentes, pour ce faire.

C’est ainsi que le communiqué final sanctionnant les travaux, prévoit l’envoi de troupes de l’UA dans le Kivu en RDC pour y "extirper’’ tous les fauteurs de guerre qui enflamment cette province de la RD Congo (ainsi que la province voisine de l’Ituri) depuis un lustre. S’agissant de la guerre civile qui endeuille le Darfour au Soudan depuis février 2003 (plus de 15000 morts et des millions de déplacés), la réunion de Libreville enjoint au gouvernement soudanais de retirer ses troupes de cette région et de cesser d’apporter aide et assistance aux jenjawids, ces cavaliers arabes que sèment la mort parmi les populations négro-africaines.

Sur le dossier ivoirien enfin, le CPS a fait grâce au président ivoirien Laurent Gbagbo, du référendum qu’il exige pour "sanctifier’’ la modification de l’article 35 portant sur les conditions d’éligibilité en Côte d’Ivoire. Des avancées significatives donc, si tant est que l’on conviendra avec le président Omar Bongo Ondimba que les conflits "sèment partout en Afrique, ruine et désolation, pauvreté et misère, déplacements massifs et exil des populations’’. Il faut donc en finir afin de promouvoir le développement économique et social du continent et assurer la paix, la sécurité et le bien-être des populations africaines, notamment dans le cadre du NEPAD.

Joindre l’acte à la parole

S’il y a des motifs de satisfaction, les inquiétudes demeurent cependant au regard de la complexité de ces crises, mais surtout de l’état d’esprit des protagonistes. Dans le cas de la Côte d’Ivoire par exemple, si le référendum peut paraître la voie normale pour modifier un article aussi important que celui portant sur les conditions d’éligibilité à la magistrature suprême, on ne peut que s’interroger sur les conditions de sa faisabilité dans un pays coupé en deux et où le délit de faciès est érigé en "dogme" politique.

Avec la présidentielle qui se profile à l’horizon, on se demande quand est-ce que les Ivoiriens finiront de se compter, de trier les "vrais’’ et les "faux’’ Ivoiriens et de passer enfin, au vote réferendaire. De quoi donner raison à ceux qui on vu à travers cette idée une "manœuvre dilatoire’’ du pouvoir ivoirien, afin de retarder le calendrier électoral, si ce n’est de le passer par pertes et profits. L’UA et le président sud-africain Thabo Mbeki jouent leur crédibilité sur ce dossier, le successeur de Mandela ayant convaincu ses pairs de la "bonne volonté’’ de Gbagbo qu’il a beaucoup rencontré ces derniers temps.

Un Thabo Mbeki qui a aussi fortement influé dans la décision de "pacifier’’ le Kivu congolais en y envoyant des "gendarmes’’ africains. Il vous souviendra que c’était sous l’égide de Mbeki que les accords de Sun City ayant donné naissance à l’actuelle transition congolaise avaient été signés. Les "dérapages’’ constatés écornent donc son image, mais la solution n’est pas que militaire dans le cas de la RD Congo.

En effet, il y a comme une rupture de confiance entre les partis politiques membres de cette transition, nonobstant la "guerre’’ que leur fait l’UDPS d’Etienne Tsichekedi. En effet, Kabila fils n’est pas loin de voir la main du RCD-Ngoma derrière les "agitations’’ au Kivu d’une part, alors que le Mouvement de libération du Congo (MLC) de Jean-Pierre Mbemba critique ouvertement la politique économique du même Kabila, d’autre part.

A défaut de rupture, il y a une crise de confiance entre trois forces principales de la transition, ce qui n’est pas de nature à gérer sereinement la crise. Absence de sérénité au Soudan aussi, où Omar El Bechir a toujours nié son soutien aux jenjawids, principaux acteurs des massacres dans l’Ouest du pays. Si par extraordinaire, il acceptait de retirer ses troupes du Darfour, le conflit ne serait pas résolu pour autant, les jenjawids n’étant supposés être sous le contrôle de personne.

A côté de ces "bisbilles’’ entre les protagonistes de ces crises, se pose le problème crucial du manque de moyens pour réaliser ces nobles ambitions. On est mémoratif que pour la gestion des crises sur le continent, le président de la Commission de l’UA, Alpha Oumar Konaré, avait demandé 200 millions de dollars. Comme budget global, il devra se contenter de 158 millions de dollars, ce qui revient à dire qu’il devra "mégoter’’, même pour fonctionner.

La communauté de vie et de destin ne se matérialisant pas au plan financier, l’UA sera-t-elle jamais une organisaiton responsable à la hauteur des défis à relever ? La nouvelle volonté politique existe donc et il ne reste plus qu’à joindre l’acte à la parole. Dans deux semaines à Abuja au Nigeria, lors de la session ordinaire de l’UA, on aura déjà un aperçu de la concrétisation de cette nouvelle volonté politique.

Boubakar SY
Envoyé spécial à Libreville


Pourquoi Blaise Compaoré était à Libreville

Le Burkina Faso n’étant pas membre du CPS, la présence du président du Faso à ce Sommet se justifie selon le ministre d’Etat, Youssouf Ouédraogo, par le fait que "notre pays ne s’est jamais mis à l’écart dans la résolution des crises africaines". Et puis, pour les raisons que l’on sait, Blaise Compaoré se doit d’être présent dès que l’on évoque la crise ivoirienne. La résolution de celle-ci étant aussi tributaire de la diplomatie souterraine et des apartés, le numéro un burkinabè se devrait d’apporter son point de vue et ses conseils à ses pairs.

Last but not least, selon Youssouf Ouédraogo "une amitié sincère lie Blaise Compaoré à Omar Bongo et Thabo Mbéki" qui se devait d’apporter "un appui actif" à ces deux hommes qui sont à la base de la réunion de Libreville. Amitié, engagement pour la cause africaine et solidarité, voilà les raisons qui ont justifié ce déplacement présidentiel.

B. SY


Les à-côtés du Sommet

* Libreville est "caillou"

La capitale gabonaise n’est pas un lieu facile à vivre quand on n’a pas les feuilles. Le plat le "moins cher" à savoir le spaghetti viande (deux petits morceaux de viande) revient à 800 F CFA. Quant au poulet congelé, il est hors de prix (3 000 F CFA) alors que les poulets-nature (nos poulets-bicyclettes) oscillent entre 5 000 et 8 000 F CFA. Pour en djaffer, il faut donc avoir les moyens.

* Le taxi, c’est la "galère"

Toujours dans le registre "casse-tête" financier, notez qu’à Libreville, la mise de base est de 100 F CFA. Mais dès que le taxi change de direction dans une ville sinueuse et "tournante" comme Libreville, il peut vous amener à payer la course à 2000 "balles". "C’est parce que la patente annuelle" coûte cher (500 000 F CFA), rétorquent les propriétaires de taxis qui, soit dit en passant, encaissent 20 000 F CFA chaque jour. La "baronne" du secteur est une Camerounaise qui aurait près de 200 taxis. Faites le calcul et vous verrez qu’elle est assise sur un "matelas" d’argent.

* Le logement et l’électricité aussi

Entre 50 000 et 60 000 F CFA pour une "bicoque" voilà ce qu’il faut débloquer au minimum pour se loger à Libreville. Et, quand la facture d’électricité tombe, bonjour les dégâts car le minimum est de 50 000 F CFA là aussi. "Vraiment la vie va nous tuer", nous a avoué un confrère gabonais. Du coup, et nonobstant nos propres galères, nous avions été heureux de toucher des perdiems.

* A Libreville, les femmes sont reines

Au Gabon, il ne faut pas "s’amuser" avec l’enfant de quelqu’un ou a fortiori, l’insulter ou la frapper. Dès qu’une femme amène un problème aux autorités policières ou judiciaires, son "adversaire" (si c’est un homme) risque mille problèmes. Même les môgos puissants ont souvent des pétards avec leur "deuxième bureau". Une rumeur librevilloise rapporte qu’un haut de en haut aurait du "casquer" lourd (on parle de 10 millions) pour que sa petite ne lui mette pas la honte en "live" comme elle le lui promettait. Au Gabon, "femme, c’est l’homme".

Sidwaya

PARTAGER :                              
 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique