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Sommet de l’UA à Libreville : débats houleux autour de la paix

Publié le mardi 11 janvier 2005 à 08h13min

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Côte d’Ivoire, République démocratique du Congo, Soudan... Les foyers de tension s’accentuent sur le continent africain, prenant ainsi en otage les efforts de développement. Le Conseil de paix et de sécurité (CPS) de l’Union africaine, créé le 25 mai 2004 en Ethiopie, a décidé, une fois de plus, de traquer le spectre de l’insécurité et de la violence.

Il tient du 10 au 11 janvier à Libreville au Gabon, ses premières assises. En présence, notamment, du président burkinabè Blaise Compaoré.

L’arrivée du président ivoirien, Laurent Gbagbo, était problématique : "Ce n’est pas sûr qu’il vienne. Thabo Mbeki a tenté de le convaincre, en vain", a déclaré, hier matin, une source proche de la présidence gabonnaise. Mais contre toute attente, l’avion du "christ de Mama" a atterri vers 10 h, à l’aéroport international de Libreville. Au moment même où devait commencer le sommet. La rencontre a donc débuté avec près d’une heure de retard. Le président de la RDC, Joseph Kabila, était lui aussi présent. Par contre, la silhouette de Omar El Béchir du Soudan n’a pas plané à Libreville.

Certes, un accord de paix a été signé "officiellement" hier dans ce pays, mais l’Union africaine a décidé de mettre le sujet en débat afin d’éviter que les démons tapis dans l’ombre ne refassent surface. "C’est une période cruciale pour notre continent", a affirmé, visiblement préoccupé, le président gabonais, Omar Bongo. Les chefs d’Etat déballeront donc les dossiers brûlants de l’heure (Côte d’Ivoire, RDC, Soudan) et proposeront, "une fois de plus", sur le papier, des solutions.

Mais il faut bien que les acteurs s’engagent à donner de la chair aux discours. L’enjeu est de taille. La semaine dernière, le ministre gabonais des Affaires étrangères, de la coopération et de la francophonie, Jean Ping, avait déjà lancé un avertissement aux protagonistes des pays en crise : "Il serait présomptueux de croire que cette seule réunion va permettre de résoudre tous ces problèmes complexes en deux jours".

Optimisme prudent

Mais il est tout de même resté optimiste :" Nous ferons le maximum d’efforts pour faire avancer la résolution de ces questions", a-t-il déclaré. Les Africains doivent donc, d’ores et déjà, prendre leurs responsabilités. Le président de la Commission de l’Union africaine, Alpha Oumar Konaré, a insisté sur ce point. Car, dit-il, "sans paix, sans stabilité, nos pays ne trouveront jamais le chemin du développement". "Nous devons refuser à tout prix l’usage de la violence dans nos relations et privilégier la légalité", a-t-il ajouté. M. Konaré a vivement souhaité que "la Côte d’Ivoire soit unie, que la République démocratique du Congo soit indivisible et que le Soudan soit à jamais débarrassé" du spectre de la violence.

Dans cette optique, il a invité les membres du Conseil de paix et de sécurité, à mettre en place lors du prochain sommet, " un mécanisme d’intervention solidaire" et à "donner un contenu au Fonds de solidarité". L’heure est donc à l’urgence car "l’Afrique est en train de se décimer", déplore un participant.

La Côte d’Ivoire pleure toujours ses morts et cherche vainement à "sortir du bourbier mortel" dans lequel elle est plongée depuis le 17 septembre 2002. La RDC tente également, avec moults difficultés, de se débarrasser du rouleau compresseur qui est en train de la "tuer à petit feu". Au Darfour, le spectacle est triste et écoeurant : en deux ans, la crise a coûté la vie à 70 mille personnes et poussé à l’exil 1,6 million d’individus. Un tableau noir qui fait penser à la dernière actualité macabre dans le monde : le raz-de-marée en Asie.

D’ailleurs, à l’ouverture du sommet, les participants ont observé une minute de silence à la mémoire des victimes. Le président Blaise Compaoré était présent. Il a été invité à la rencontre bien que le Burkina ne fasse pas partie du CPS. "Notre pays interviendra seulement à propos du dossier ivoirien", confie un proche du président. Selon des indiscrétions, les discussions (à huis clos) sont houleuses dans la salle de réunion. Mais Bongo, Mbeki et Obassandjo tentent de calmer les esprits...

Par Hervé D’AFRICK, Envoyé spécial
Le Pays

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