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Autant le dire… : Le premier clash électoral au Mali

Publié le mercredi 17 juillet 2013 à 08h47min

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Tiébilé Dramé, l’artisan des accords de Ouagadougou dans la crise malienne et jusqu’à avant-hier (mardi 16 juillet), l’un des 28 candidats à la présidentielle malienne a jeté l’éponge. Car, « il n’y aura pas d’élection crédible au Mali le 28 juillet.

Je retire ma candidature », a-t-il déclaré lors d’une conférence de presse hier, mercredi 17 juillet 2013. Tiébilé Dramé détaille ses raisons : « « Là-bas sur place (ndlr : à Kidal), dit-il, la loi électorale n’a pas été respectée. Le retour de l’administration n’est pas encore effectif. Les préfets n’ont pas encore rejoint leur poste à deux semaines du vote ». Le candidat du Parti pour la renaissance nationale va plus loin en parlant de bricolage électoral tout en se posant des interrogations : « Que vont devenir les nombreux Maliens sans carte d’électeur ? Sans oublier qu’au moins 465 villages maliens n’ont pas été recensés avant l’établissement des listes électorales ». Puis il accuse : « Paris, pousse aux élections coûte que coûte » ; « « J’ai l’impression que Laurent Fabius [le ministre français des Affaires étrangères, ndlr] est devenu le directeur des élections au Mali ». Quand des propos de ce genre viennent d’un averti des questions politiques et sociales de son pays, il faut les prendre au sérieux.

Tiébilé Dramé a vu juste ! C’est honnête et politiquement correcte, non seulement de se retirer, mais d’alerter sur ce qui est en train de se tramer au Mali. Dans la mesure où on a réussi à chasser les bandes armées, les narcotrafiquants et autres bandits de grand chemin dans le Nord malien, il n’y avait plus de raison de se précipiter pour organiser dans le désordre une élection présidentielle. Cela est d’autant plus vrai que la junte militaire que tout le monde redoutait, pour un éventuel coup d’Etat, a fini par rentrer dans les rangs …pardon dans les casernes. Franchement, les Maliens n’ont pas l’esprit, pour l’instant, à une élection présidentielle. Ils sont de nombreux déplacés à l’intérieur du Mali ou refugiés dans les pays voisins qui n’ont pas encore rejoint leurs terres. Et quand on sait que tout ce monde-là vient du Nord du pays, on est en droit de dire que le Mali est en train d’élire un président seulement pour le Sud du Mali. Excluant ainsi le Nord, d’où sont venus les problèmes que le pays a connu et desquels il n’est pas encore définitivement sorti. Faut-il poursuivre dans une telle aventure suicidaire qui, visiblement peut ranimer les rancœurs entre les mêmes protagonistes d’hier ?

La France, avec elle d’autres pays d’Europe et même les Etats-Unis d’Amérique, et les pays de la sous-région y compris le Tchad, ont fait un travail merveilleux au Mali à travers l’opération Serval qui a permis de nettoyer et de sécuriser le Mali, mais aussi l’ensemble des pays de l’Afrique de l’Ouest. Aussi, si on n’y prend garde, tous ces efforts consentis seront annihilés par le « bricolage » électoral auquel on est en train d’assister. Une élection, de surcroit présidentielle, est un rendez-vous entre un candidat et l’ensemble de son peuple avec lequel il signe un contrat de développement. Et non entre un candidat et une partie de son peuple. Alors qu’ici, l’élection, visiblement ne concerne pas tous les Maliens. C’est donc un président bien illégitime qui sera élu au Mali. Comment va-t-il, un président élu dans de telles circonstances, gouverner des gens qui ne le reconnaîtront pas ?

Tiébilé Dramé, même s’il n’aura pas raison, aura au moins, pour l’instant, eu le mérite d’avoir prévenu. C’est pourquoi, tout en se retirant, non pas parce qu’il ne remportera pas l’élection, il a souhaité « bonne chance » à son pays.

Dabaoué Audrianne KANI

L’Express du Faso

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Vos commentaires

  • Le 18 juillet 2013 à 06:53, par Nani En réponse à : Autant le dire… : Le premier clash électoral au Mali

    Se retirer n’est pas un signe de faiblesse.c’est au contraire celui de la sagesse et du souci pour son pays.il est à féliciter

  • Le 18 juillet 2013 à 08:14, par Salankoloto En réponse à : Autant le dire… : Le premier clash électoral au Mali

    Moi, depuis l’annonce de ces élections, je n’y ai pas cru. Un véritable bricolage... ou un véritable COLMATAGE hasardeux. Je crains même qu’il n’y ait pas d’élection (une imposition peut-être sous la peau d’une élection). Mais que le secours divin sauve le Mali.

  • Le 18 juillet 2013 à 08:57, par PACO En réponse à : Autant le dire… : Le premier clash électoral au Mali

    Tiébilé Dramé a vu juste ! Il a dit ce que plus d’un devrait dire à cette communauté internationale qui est accrochée aux simulacre d’élections en Afrique. Un report des élections présidentielles ne coutera rien au Mali sauf s’il y a des agenda cachés. Sa position est digne d’un homme politique digne !

  • Le 18 juillet 2013 à 09:56, par PACO En réponse à : Autant le dire… : Le premier clash électoral au Mali

    Tiébilé Dramé a vu juste ! Il a dit ce que plus d’un devrait dire à cette communauté internationale qui est accrochée aux simulacre d’élections en Afrique. Un report des élections présidentielles ne coutera rien au Mali sauf s’il y a des agenda cachés. Sa position est digne d’un homme politique digne !

  • Le 18 juillet 2013 à 10:06, par EL NIGNO En réponse à : Autant le dire… : Le premier clash électoral au Mali

    Moi je pense qu’il faut vite refermer cette parenthèse de vide constitutionnel au Mali en organisant des élections présidentielles au suffrage universel. Il ne faut pas oublier que ce pays revient de loin.Rechercher une perfection paranoïaque de procédure pourrait reconduire ce pays dans les sables mouvants de l’instabilité chronique, voire virer au syndrome de la Somalie....Permettez aux Maliens de renouer avec la démocratie.Par contre venant de cette journaliste, je me demande s’il n y a pas anguille sous roche ? Probablement que le futur président de la république du Mali ne serait pas celui souhaité par le médiateur de la CEDEAO ? Vous êtes aptes à émettre des critiques acerbes aux autres, alors que sous vos propres yeux au Burkina le sénat divise les burkinabés. Mais là comme vous êtes achetée, vous ne voyez pas que les futurs sénateurs qui siégeront ne représenteront pas toutes les sensibilités au Burkina... Madame, servez au moins un seul jour le bien, la vertu, dans votre métier de journaliste....

  • Le 18 juillet 2013 à 10:45, par Issouf Bachir BOLY En réponse à : Autant le dire… : Le premier clash électoral au Mali

    Le moins que l’on puisse dire est que c’est un acte courageux que Tiébélé DRAME vient de poser.
    Le paradoxe est qu’il a été le négociateur du pouvoir de Bamako, et ne devrait même pas lorgner le fauteuil, s’il voulait vraiment être un intermédiaire crédible.

    Ensuite, il oublie que son président, représentant légitime du peuple malien est allé supplier la France pour qu’elle vienne sauver le Mali.

    Alors, quel courage ou fierté peut t’on avoir après tous ces précédents ?!!
    Soyons réalistes !!!!! Quelle base pouvons-nous avoir pour prétendre à la dignité ???!!! Supportons, souffrons donc en silence !!!!

  • Le 18 juillet 2013 à 10:46, par xoxo En réponse à : Autant le dire… : Le premier clash électoral au Mali

    vs oubliez juste que le président par interim ne fait pas consensus. ces élections bricolées vont permettre à des maliens(peu importe que ce soit une partie du pays) de choisir au moins quelqu’un autour duquel il y a aura un peu de consensus. le futur président sera ainsi légitime pr vaquer à ses devoirs. l’actuel n’y arrive pas parce que nul ne le veut au pouvoir. c’est pas idiot d’organiser des élections à la va vite. et dans tous les cas, le nord ne vote souvent pasquand i l ne vote pas pour un de ses ressortissants

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