LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Vous n’empêcherez pas les oiseaux de malheur de survoler votre têtе, mаis vοus рοuvеz lеs еmрêсhеz dе niсhеr dаns vοs сhеvеux.” Proverbe chinois

« Paix sociale, démocratie, développement » : Pourvu que le processus burkinabè ne soit pas en panne !

Publié le jeudi 11 juillet 2013 à 22h32min

PARTAGER :                          
« Paix sociale, démocratie, développement » : Pourvu que le processus burkinabè ne soit pas en panne !

Ils ont marché. « Pour la paix sociale, la consolidation de la démocratie et le développement ». Après avoir entendu quelques leaders s’exprimer. Mais ce n’était pas un de ces grands meetings dont le « Pays des hommes intègres » était friand au temps de la « Révolution » et de la « Rectification ». Il y avait à la tribune, essentiellement, le secrétaire exécutif national du CDP, Assimi Kouanda, et François Compaoré, secrétaire chargé du mouvement associatif, ainsi que les ministres qui, au gouvernement, sont des alliés du CDP. Mais rien de plus. Et encore étaient-ils là en militants, pas en tant que membres du gouvernement.

Pour le reste : forte mobilisation. Mais pouvait-il en être autrement pour un parti de gouvernement ? Comme pour la marche de l’opposition, une semaine auparavant, c’est le directeur de cabinet du premier ministre qui a reçu la missive destinée au gouvernement.

Un remake ? La version CDP de la manif du CFOP ? Cette « marche-meeting » est, comme l’écrit ce matin (lundi 8 juillet 2013), L’Observateur Paalga, « la réponse du berger à la bergère ». Kouanda l’a dit à un journaliste du quotidien privé : « cette grande manifestation […] s’est opérée seulement en 72 heures ». Autant dire à la suite de la mobilisation réussie de la manifestation du 29 juin 2013.

Ouagadougou, d’ailleurs, n’a pas vraiment vibré à l’annonce de cette « marche-meeting ». Pas plus qu’elle n’avait vibré une semaine plus tôt quand l’opposition a choisi de s’exhiber dans la rue. J’imagine ce qu’aurait été cette « marche » du parti présidentiel sous d’autres latitudes. Difficile de trouver, ce matin, des hommes et des femmes qui s’expriment sur le sujet : « Une marche, quelle marche ? ». C’était déjà le même refrain au lendemain de la manif du 29 juin. « Ma télé est gâtée ». « J’ai pas les moyens d’acheter les journaux ». « J’suis pas au courant ». « Les marches ? Mais ça ne sert plus à rien »… Je retrouve là l’ambiance qui prévalait dans la capitale lors de la dernière présidentielle. L’agitation politique n’est plus à l’ordre du jour au « Pays des hommes intègres ».

La RTB, la télé burkinabè, n’en n’a pas fait des tonnes, loin de là. Sidwaya, le quotidien gouvernemental, ce matin, est tout autant dans la retenue. Ceux qui ont marché l’ont fait pour « réaffirmer leur attachement aux idéaux de la paix sociale ». Pas un mot sur l’article 37. Et la question du Sénat y est abordée de façon soft : « actualité oblige » note le rédacteur de Sidwaya qui cite, en la matière, l’argumentaire le moins polémique qui soit : « Ceux qui disent non au Sénat disent non à la Constitution ».

La presse privée est plus mobilisée sur cette affaire que ne le sont les médias publics. Dans les éditos exclusivement d’ailleurs. Plus que « l’actualité » sénatoriale, c’est l’article 37 qui interpelle, cette fois encore, les quotidiens privés. L’Obs cite les propos de François Compaoré, frère cadet du président du Faso : « Nous pensons que la modification de l’article 37 est vraiment un acte qui permet aussi au peuple de s’exprimer au lieu de rester bloqué […] Le fait de bloquer un homme ou un parti par un article, ça n’a pas de sens. Quand le peuple n’a pas besoin de vous, vraiment, on n’a pas besoin d’un article pour vous bloquer. Il suffit de leur dire d’aller aux urnes, ils vont aller choisir qui ils veulent. Voilà pourquoi nous pensons que c’est peut-être un article de trop ». L’Obs ajoute : « C’est la première fois que François Compaoré se prononce officiellement et publiquement sur la question. Alors, si c’est le petit-frère qui le dit, faut-il entendre la voix du grand frère ? ».

Dans son édito, L’Obs note : « C’est vrai que, sur le plan purement formel, rien, au regard de la Loi fondamentale actuelle, n’est opposable à une révision de l’article 37. N’empêche, rapportée à la morale et à l’éthique, la remise en cause ad hominem de cette disposition constitutionnelle heurte violemment la décence politique ».

Mais personne ne relève la contradiction de cette « marche-meeting ». C’est dans la bouche d’Assimi Kouanda qu’elle se trouve : « Dites à ces affabulateurs de la démocratie de relire la Constitution du Burkina Faso ». Ce propos concerne le fait que le Sénat est inscrit dans la Constitution. Mais l’article 37 l’est aussi ! L’un serait gravé dans le marbre ; l’autre résulterait-il du bon vouloir des gouvernants ?

Le Pays, dans son édito, voit dans cette « marche-meeting », un « mauvais présage pour la démocratie ! ». Selon lui, « ces manifestations du pouvoir visaient bel et bien à défendre l’idée du Sénat et la révision de l’article 37 ». Dans son collimateur, on trouve François Compaoré qui a « craché le morceau ; il n’aura pas fait mystère de son exaspération contre cet article de la Constitution burkinabè ».

« Marche », « contre-marche ». Mais l’impression domine qu’on tourne en rond. A des années lumières des préoccupations immédiates de la population. Ceux qui manifestent le font d’abord pour des considérations sociales. L’opposition à l’instauration du Sénat n’est pas une opposition au principe sénatorial ; simplement une opposition à une dépense publique qui ne parait pas fondée. Article 37 ou pas, alternance ou pas, les Burkinabè déplorent surtout le monolithisme d’une classe politique qui ne se renouvelle pas et au sein de laquelle la jeunesse ne trouve pas sa place. Et comme l’écrit L’Obs dans son édito : « C’est que plus ils durent aux affaires, plus le passif est lourd et plus les ressentiments vont se cristalliser ».

Cela concerne aussi l’opposition où il n’y a pas plus renouvellement des élites et des idées. La preuve en est que Zéphirin Diabré a confié la rédaction du « programme minimal » de l’opposition à Philippe Ouédraogo et Fidèle Kientéga, deux hommes qui étaient déjà en politique au temps de la « Révolution ». Et on pourrait dire de l’opposition ce que L’Obs dit du pouvoir : « Si après près de trois décennies de règne, Blaise Compaoré n’est pas parvenu à générer un homme d’Etat à même de poursuivre ses œuvres, alors de deux choses l’une : soit il est entouré de politiciens de basse extraction, soit lui-même se soucie comme d’une guigne de l’avenir du parti ».

Je ne suis pas certain que la stratégie suivie par le CFOP soit la bonne dans la conjoncture actuelle. Il est, selon moi, d’autres sujets de débat (et il suffit de parcourir les rues de Ouaga pour s’en convaincre) que le Sénat ou l’article 37. Même et surtout si la question de la crise de la représentation politique est plus que jamais à l’ordre du jour. Les populations, aujourd’hui, au Burkina Faso comme ailleurs, exigent de leurs responsables politiques qu’ils soient efficaces. Et c’est parce que le Burkina Faso aujourd’hui ne ressemble pas à ce qu’il était il y a dix ans, vingt ans, trente ans, qu’il a pu vivre dans « la paix sociale, la consolidation de la démocratie et le développement ».

Il est simplement souhaité que ce processus ne soit pas en panne et que dans les années à venir le changement soit perceptible. Or tout développement à son revers : il faut plus d’emplois et surtout plus d’emplois qualifiés et, du même coup, une meilleure formation.

Le Sénat et l’article 37 ne doivent pas être « l’arbre qui cache la forêt ». Le CFOP a voulu « marcher ». Il a « marché ». Le CDP lui a emboîté le pas. Ce n’était sans doute pas nécessaire. Il n’est pas certain d’ailleurs qu’à Kosyam comme à la Primature cela ait enchanté ceux qui ont en charge de « faire tourner la boutique ». Je note que Bongnessan Arsène Yé, ministre d’Etat chargé des réformes politiques, était pendant ce temps au Canada et que le Premier ministre, Luc Adolphe Tiao, était absent de la capitale. Et si Rabankhi Abou-Bâ kr Zida, le patron de Sidwaya s’est fendu d’un édito en ce lundi 8 juillet 2013 qui évoque une « Tempête pharaonique… », il fait référence à l’Egypte et non pas au « Pays des hommes intègres ». Sauf que, si dans la citation dont il fait sa conclusion, on change « Egypte » par « Burkina Faso » et « prier » par « marcher », on puisse trouver quelques similitudes : « Les Egyptiens n’ont pas besoin qu’on leur apprenne à prier. Ils ont besoin d’un meilleur niveau de vie : de pouvoir d’achat, d’une meilleure couverture de santé, d’infrastructures ».

Jean-Pierre BEJOT
LA Dépêche Diplomatique

PARTAGER :                              

Vos commentaires

  • Le 11 juillet 2013 à 11:06, par Tapsoba®(de H) En réponse à : « Paix sociale, démocratie, développement » : Pourvu que le processus burkinabè ne soit pas en panne !

    J.P.Bejot,désormais critique de la presse Burkinabè ou simple revue de presse ?

  • Le 11 juillet 2013 à 11:34, par la vérité En réponse à : « Paix sociale, démocratie, développement » : Pourvu que le processus burkinabè ne soit pas en panne !

    pour paraphraser, les BURKINABES ONT BESOIN D’UN MEILLEUR NIVEAU DE VIE ; DE POUVOIR D’ACHAT , D’UNE MEILLEURE COUVERTURE DE SANTE . kallah béni mon bo pays

  • Le 11 juillet 2013 à 11:59, par BONVENT En réponse à : « Paix sociale, démocratie, développement » : Pourvu que le processus burkinabè ne soit pas en panne !

    Les Burkinabé n’ont pas besoin qu’on leur apprenne à marcher. Ils ont besoin d’un meilleur niveau de vie : de pouvoir d’achat, d’une meilleure couverture de santé, d’infrastructures ».

  • Le 11 juillet 2013 à 12:22, par Simpliste En réponse à : « Paix sociale, démocratie, développement » : Pourvu que le processus burkinabè ne soit pas en panne !

    Dès que j’ai vu que c’est Béjot je n’ai même plus lu l’article. Il pense pouvoir laver le cerveau des intellectuels burkinabés ; C’est raté

  • Le 11 juillet 2013 à 15:23, par lesiège En réponse à : « Paix sociale, démocratie, développement » : Pourvu que le processus burkinabè ne soit pas en panne !

    merci pour ton analyse bien confuse. moi particulièrement, je ne suis ni de l’opposition, ni du parti au pouvoir, je suis seulement un jeune diplômé qui peine pour avoir un contrat d’embauche. soit en sure bejot, zeph ou pas, les burkinabé ne veulent pas d’un sénat. dans ton pays la France, n’est ce pas la lutte qui à amené la révolution de 1759 ? tant que toute association ou parti politique, crédible et légalement constitué appellera à se mobiliser contr le sénat, nous y seront. c’est vrai que vous avez le monopole de la violence, hommes de déclarations incendiaires, de graces, faites attention à vous propos, car demain, tout vos sympathisants pourraient se lever contre vous.

  • Le 11 juillet 2013 à 15:27, par Chlarstin72 En réponse à : « Paix sociale, démocratie, développement » : Pourvu que le processus burkinabè ne soit pas en panne !

    La paix et la stabilité ont quittés le Burkina comme l’oiseau s’envole de l’arbre en feu. preparé vos enfants à vivre indépendant car ils seront orphelins à l’issue de cette future crise, vous les richards établissez vos testaments a fin d’éviter des crises poste crise. Le pays des hommes intègre a perdu sont intégrité devenant aisi le pays des hommes révoltés.

  • Le 11 juillet 2013 à 15:28, par Chlarstin72 En réponse à : « Paix sociale, démocratie, développement » : Pourvu que le processus burkinabè ne soit pas en panne !

    La paix et la stabilité ont quittés le Burkina comme l’oiseau s’envole de l’arbre en feu. preparé vos enfants à vivre indépendant car ils seront orphelins à l’issue de cette future crise, vous les richards établissez vos testaments a fin d’éviter des crises poste crise. Le pays des hommes intègre a perdu sont intégrité devenant aisi le pays des hommes révoltés.

  • Le 11 juillet 2013 à 15:31, par sayboys En réponse à : « Paix sociale, démocratie, développement » : Pourvu que le processus burkinabè ne soit pas en panne !

    << C’EST DANS LA BOUCHE D’ASSIMI KOUANDA QU’ELLE SE TROUVE<< CHER JOURNALISTE UN PEU DE RESPECT POUR LES BURKINABE QUIL SOIT DU POUVOIR OU DE L’OPPOSITION .VOUS N’AVEZ AUCUN DROIT DE LES INSULTER

  • Le 11 juillet 2013 à 15:41, par Patricia En réponse à : « Paix sociale, démocratie, développement » : Pourvu que le processus burkinabè ne soit pas en panne !

    A quand la relecture des grilles salariales et indemnitaire ? Nous attendons impatiemment la correction de l’injustice salariale et indemnitaire des agents de la Fonction Publique Burkinabè. Le fonctionnaire burkinabè a mal d’un salaire misérable. En plus, au regard de l’iniquité de traitement (salaire + indemnités) des fonctionnaires entre les différents corps, la pluralité des fonctionnaires de l’Etat sont meurtris de constater qu’à égalité de niveau (études, formation ou catégorie) le revenu certains agents de l’Etat font le double ou même le triple d’autres. Ce qui est révoltant c’est le fait que les cadres moyens (ou les subalternes de surcroit) de certains corps touchent mieux que les hauts cadres d’autres corps. Par exemple, un Assistant de police (BEPC+2 ans de formation) touche mieux qu’un Administrateur Civil (Maîtrise+2 ans de formation). Comparer les revenus de Commissaire de Police, Magistrat, Inspecteur des Impôts, Conseiller des Affaires Etrangères, Capitaine de l’Armée, Inspecteur de Travail, Inspecteur de Douane, Conseiller des droits humains (de même ancienneté ou cohorte) ; ils sont de la même catégorie mais la différence de traitement est criard. Le premier constat de marginalisation est que les hommes de tenue sont nettement mieux traités que les civils. Le deuxième constat est qu’on permet à ceux qui récoltent l’argent auprès du contribuable de se partager cet argent comme ils veulent. Le troisième constat est qu’on donne plus d’indemnités aux corps qui ont des syndicats forts sous prétexte que leur emploi est spécifique. Cette situation ne peut à aucun cas être favorable à la promotion d’une paix sociale durable. Nous travaillons tous pour le même pays et tout un chacun est indispensable à la nation. Pourquoi cette discrimination ? Le gouvernement actuel a intérêt à résoudre à temps l’inégalité sociale qu’il a créée ; sinon chaque corps sera amené à exhiber sa force de nuisance pour revendiquer un meilleur traitement.

  • Le 11 juillet 2013 à 23:55, par Le Censeur censuré En réponse à : « Paix sociale, démocratie, développement » : Pourvu que le processus burkinabè ne soit pas en panne !

    Et Dieu, si le ridicule pouvait vraiment tuer.
    Que nous raconte cet assassin de François Compaoré tout comme son frère.
    Vous voulez modifier la constitutiopn pour vous maintenir au pouvoir et échapper ainsi à la justice pour tous les crimes odieux que vous avez commis dans ce pays.
    Ah non pas du tout, cela ne se passera pas de cette façon là.

    Qui vivra verra. A bon entendeur salut.

    On est fatigué de vous voir maintenant. Ca suffit

  • Le 12 juillet 2013 à 01:35, par xxxx En réponse à : « Paix sociale, démocratie, développement » : Pourvu que le processus burkinabè ne soit pas en panne !

    Le Burkina a besoin de vrais journalistes, de journaliste courageux et surtout honnetes et conscients de la situation lamentable du pays. On a besoin des ’Norbert Zongo" pas de ploufff qui n’osent meme pas avoir une opinion claire sur la situation dramatique du pays. Soit vous etes de vrais journalistes et agissés en tant que tel soit vous n’etes rien. De grace épargnez moi ce ramassi de conneries à l’avenir. C’est du n’importe quoi, ca na aucun sens, vous devriez avoir honte de vous. Pfffff

  • Le 13 juillet 2013 à 01:32, par Phoenix En réponse à : « Paix sociale, démocratie, développement » : Pourvu que le processus burkinabè ne soit pas en panne !

    Au bf tout va bien. vs dites kon a bsoin d kw encore ? Actuellement on est tro a l’aise. Kan on va reellema komace a souffrir la on komacera a penser a notre avenir. En atendat mw j m souci peu du peuple. Il merite ce ki lui ariv et c n’est pa enkor sufisant.

 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique