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Lutte contre les mutilations génitales féminines : Des acquis notables à l’actif de l’Etat et de ses partenaires

Publié le mardi 9 juillet 2013 à 21h16min

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Lutte contre les mutilations génitales féminines : Des acquis notables à l’actif de l’Etat et de ses partenaires

Selon l’OMS, entre 120 et 140 millions de femmes et de filles à
travers le monde sont victimes des Mutilations Génitales Féminines
(MGF), et environ deux millions de filles sont menacées chaque année
par une des formes de cette pratique. Les MGF sont pratiquées dans 29
pays africains et dans une moindre mesure, dans quelques pays d’Asie
(Indonésie, Yémen, Malaisie, l’Irak). La mobilité mondiale de la
population a fait voyager la pratique dans les pays d’accueil au sein
des populations immigrantes de l’Europe, des Etats-Unis, du Canada, de
l’Australie et de la Nouvelle Zélande.

Au Burkina Faso, l’EDS IV de l’année 2010 révèle qu’elles touchent
76% des femmes de 15 à 49 ans. La moitié des femmes interviewées lors
de l’évaluation des actions du CNLPE de 1990-2005 ont répondu que la
pression sociale était la raison principale du maintien de cette
pratique. En effet, la pratique de l’excision fonctionne comme une
norme sociale intériorisée dans les sociétés où elle existe. Elle
constitue une règle de comportement socialement prescrite. Ainsi, les
familles et les individus perpétuent cette pratique avec la conviction
que c’est ce que le groupe ou la société attend d’eux. Ils pensent
également que s’ils ne respectent pas cette règle sociale, ils en
subiront les sanctions sociales telles que : la dérision, la
marginalisation, le refus de les épouser ou la perte de statut social.

Toutefois, au vu des conséquences graves engendrées par cette pratique
et face à la démarcation établie entre celle-ci et les valeurs
coutumières et religieuses, l’Etat, avec le soutien de ses
partenaires techniques et financiers, les leaders communautaires et
associatifs, des personnalités comme Madame Chantal COMPAORE, Epouse
du Chef de l’Etat, Présidente d’honneur du Conseil National de Lutte
contre la Pratique de l’Excision et Ambassadrice de bonne volonté du
CI-AF, le Professeur Michel AKOTIONGA, Vice président d’honneur du
Conseil National, le Kamsongho Naaba Sanem, deuxième Vice Président du
Conseil National, ne cesse de déployer d’énormes efforts dans le sens
de son éradication.

En effet, de nombreuses stratégies de lutte sont développées pour une
élimination totale des mutilations génitales féminines : communication
pour le changement de comportement, approche holistique, prise en
charge intégrée des victimes des séquelles des MGF, intégration des
modules MGF dans l’enseignement, patrouilles de sensibilisation et de
dissuasion, renforcement de la pression de la loi sur les auteurs et
complices des MGF…

Dans le cadre de la mise en œuvre de ces stratégies, de nombreux
acquis ont été enregistrés : une volonté politique affichée au plus
haut sommet de l’Etat dont l’expression la plus visible reste le
parrainage de la célébration du 18 mai 2009 par le Chef de l’Etat à
Kaya, l’adoption d’une loi interdisant les mutilations génitales
féminines (cf. articles 380 à 382 du code pénal), la formation de 232
agents de santé en techniques de réparation des séquelles, la prise
en charge de plus de 2854 femmes porteuses de séquelles et 88 victimes
de fistules dont 1667 de 2009 à 2012, une baisse sensible de la
prévalence qui est de 13% chez les filles de 0 à 14 ans selon les
données de l’EDS IV, l’organisation de cérémonies publiques d’abandon
de la pratique de l’excision dans 276 villages, la démystification de
la problématique de l’excision, l’intégration des modules MGF dans
164 écoles primaires et secondaires, l’existence du numéro vert SOS
excision : 80 00 11 12, la condamnation de 31 exciseuses entre 2009
et 2012 et l’adoption par l’Assemblée générale des Nations Unies le 20
décembre 2012 d’une résolution interdisant les MGF dans le monde sur
une proposition initiale du Burkina Faso.

Cette résolution portant sur « l’Intensification de l’action mondiale
visant à éliminer les mutilations génitales féminines (MGF) dans le
monde » engage, entre autres, les Etats à énoncer des politiques et
des règles pour assurer la mise en œuvre effective des cadres
législatifs nationaux relatifs à l’élimination de la discrimination et
de la violence à l’encontre des femmes et des filles, … La résolution
engage également la communauté internationale, les entités concernées
du système des Nations Unies, la société civile et les institutions
financières internationales à continuer de soutenir activement, grâce
à des ressources financières et à une technique accrue, les programmes
ciblés et exhaustifs répondant aux besoins et aux priorités des femmes
et des filles qui risquent de subir ou qui ont subi des mutilations
génitales.

Malgré ces victoires, les efforts doivent être poursuivis à tous les
niveaux car force est de constater que l’excision persiste et se
pratique toujours. L’évaluation de quinze années de lutte contre ce
fléau dans notre pays en 2006 a confirmé la forte imbrication du
phénomène avec les coutumes et croyances populaires justifiant sa
persistance. Cette étude a révélé que l’application des lois, bien
qu’étant dissuasive, a créé de nouvelles formes de résistance telles
que le rabattement de l’âge de l’excision, la clandestinité, les
migrations des exciseuses et des populations vers les pays frontaliers
du Burkina, surtout ceux qui ne disposent pas encore de législation
réprimant l’excision.

Face à toutes ces difficultés, les perspectives consistent surtout en
une meilleure synergie d’actions mais aussi au renforcement des
capacités des acteurs de la lutte pour l’atteinte de la tolérance zéro
aux MGF, la mise en œuvre de la stratégie de communication du
SP/CNLPE, le renforcement des actions d’information et de
communication dans les zones de résistance et à fort taux de
prévalence, la généralisation de l’intégration des modules MGF dans
l’enseignement, le développement de stratégies et approches novatrices
plus appropriées.

Même si la pratique des MGF résiste toujours à la lutte, l’espoir est
donc permis et ce, d’autant plus que de nombreuses personnes la
rejettent de nos jours. A titre illustratif, les données de l’EDS
IV, indiquent que 90% des femmes de 15 à 49 ans déclarent que la
pratique de l’excision ne doit pas continuer.

Un appel est lancé à tous les Burkinabè pour l’atteinte de la
tolérance zéro aux mutilations génitales féminines.

Ministère de l’action sociale et de la solidarité nationale

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