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Communauté internationale : une aide humanitaire sélective ?

Publié le lundi 10 janvier 2005 à 07h41min

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L’Asie endeuillée a vu accourir à son chevet un grand nombre de bonnes volontés. Dans le lot des bienfaiteurs, on trouve du tout : bénévoles, organisations humanitaires, dirigeants politiques, Etats, etc. Presque du jamais vu dans une catastrophe naturelle. On se bousculait presque pour les offres de service aux populations et autorités des pays sinistrés.

Toute cette agitation avait un côté théâtral, à la limite de l’indécence : les donateurs, voulant se montrer plus généreux les uns que les autres, se sont livrés à une sorte de surenchère. Les Africains, oubliés de tous, à la vue de ce spectacle, ont certainement pu se demander pourquoi un tel intérêt pour l’Asie. Bien sûr, toute détresse humaine appelle de chacun, un geste, un signe, une action de solidarité. Et en la matière, l’Afrique est bien payée pour connaître la portée de la solidarité, puisque c’est cette valeur qui permet à bien de ses sociétés de tenir le coup face aux multiples agressions dont elles sont l’objet.

A cet égard, il n’y a pas de quoi se scandaliser face à l’élan de solidarité des pays occidentaux et même de certains Etats africains. Le Mali, par exemple, en dépit de ses ressources limitées, a envoyé une contribution de 100 millions de FCFA. Un acte humain dont on ne peut que saluer la noblesse. Cependant, tout Africain n’a pu que constater la promptitude et l’importance de la réaction de la communauté internationale. Tous les regards se sont portés vers l’Asie alors qu’au même moment, les côtes africaines touchées étaient totalement ignorées. La Somalie, la Tanzanie et le Kenya ont aussi subi les foudres du Tsunami qui y auraient fait 200 morts et des milliers de sinistrés. Seules quelques organisations comme l’USAID (Agence des Etats-Unis pour le développement international) et le PAM y ont daigné faire un tour .

Cette région de l’Afrique de l’Est est donc recouverte d’un voile opaque que les nuées de journalistes accourues en Asie n’ont pas déchiré. Ingratitude ? Injustice ? En réalité, l’aide n’est jamais désintéressée. La catastrophe asiatique a révélé au grand jour tous les enjeux stratégiques qui l’accompagnent.

Outre la présence, en ces lieux hautement touristiques, de nombreux vacanciers européens et américains, l’Asie représente aujourd’hui une force économique qui ne laisse pas le monde euroatlantique indifférent. Les Asiatiques sont partout dans le système financier du monde occidental (le déficit des Etats-Unis est financé par les banques asiatiques), la haute technologie et la recherche.

Comment ignorer une région aussi dynamique qui inspire à la fois crainte et fascination ? Donc l’Occident et l’Asie, bien que se livrant une bataille impitoyable sur les marchés internationaux, ne demeurent pas moins contraints à une solidarité mutuelle.
L’Afrique, de ce fait, devra attendre encore longtemps pour pouvoir bénéficier des largesses de la communauté internationale, elle qui n’offre aucun intérêt immédiat aux occidentaux.

Dans ces conditions, des solutions endogènes sont indispensables. D’abord, pour une prise de conscience africaine de la nécessaire solidarité entre les peuples et ensuite pour une mobilisation interne des ressources. Encore faut-il que l’Afrique dispose d’un puissant outil médiatique capable de relayer les cris de détresse des populations. Avec le raz-de-marée asiatique, on comprend tout le pouvoir des médias.

En quelques instants, les images poignantes de populations avalées par des vagues géantes ont fait le tour du monde, créant une onde de choc inégalée et suscitant une chaîne de solidarité impressionnante. Autant ils sont capables du pire, autant les médias, s’ils sont bien gérés, peuvent aider à civiliser les relations humaines. Il faut travailler à rééquilibrer le flux de l’information qui, pour le moment, fait des Africains, de simples consommateurs. L’Afrique doit maintenant, le comprendre.

Le pays

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