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Moussa Zerbo, coordonnateur de la marche du 29 juin dans le Houet : « ...Le gouvernement s’acharne pour instaurer un Sénat, alors que… »

Publié le mercredi 26 juin 2013 à 18h47min

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Moussa Zerbo, coordonnateur de la marche du 29 juin dans le Houet : « ...Le gouvernement s’acharne pour instaurer un Sénat, alors que… »

L’opposition organise le 29 juin 2013 une marche de protestation contre la mise en place du Sénat. Moussa Zerbo, coordonnateur de la manifestation dans la ville de Sya, nous donne ici les raisons qui motivent la marche, et parle également de la manière que tous les acteurs entendent organiser le mouvement.

Pouvez-vous dire exactement ce qui explique cette marche du samedi ?

Cela fait un bout de temps que nous nous organisons pour protester contre la politique du gouvernement de façon générale. Cette politique, à notre avis, ne répond pas aux aspirations du peuple burkinabè. Dans la mesure où nous constatons la cherté de la vie. Cette triste réalité est vécue partout au Burkina. Tous les produits de grande consommation sont devenus très chers. Tout récemment, nous avons amèrement vécu l’augmentation du prix du gaz d’une part, et d’autre part, il y a les questions de chômage. Depuis un certain temps, nous constatons la fermeture des unités industrielles dans la ville de Bobo et le licenciement abusif des travailleurs dans des entreprises. Je veux parler entre autres de la SN-Citec, de JOSIRA qui a fermé et j’en passe. Il y a aussi les problèmes liés à la santé. Il y a le cas de l’hôpital Souro Sanou qui est dans un état de délabrement qui ne dit pas son nom. Lorsque vous arrivez à la pédiatrie, vous verrez que les enfants sont en surnombre dans les salles et dans les lits. Alors, comme les maladies sont le plus souvent contagieuses, pour une maladie, un enfant peut se retrouver avec une autre. Il y a aussi le fait que les appareils qui sont mis à la disposition du personnel sont le plus souvent en panne. Toute chose qui ne permet pas de faire un travail de qualité. C’est ce qui fait qu’on constate les grèves incessantes à l’hôpital Souro Sanou. Il y a aussi la faillite du système de l’éducation. Lorsque nous constatons l’université, il y a un manque criard d’amphithéâtres, les étudiants n’arrivent plus à se restaurer comme il se doit. Ils en ont fait leur cheval de batail toute l’année scolaire sans qu’aucune solution ne soit trouvée. Malgré ces difficultés, nous assistons à un acharnement du gouvernement qui veut vaille que vaille instaurer un Sénat que nous, nous jugeons inutile pour le peuple. Car, au bas mot, il va coûter 36 milliards. Ce qu’il cache derrière cette volonté, c’est de pouvoir modifier l’article 37. Pour ne pas être complices d’une situation que cela pourrait engendrer, en tant que fils et filles de ce pays, nous avons voulu organiser cette marche. Selon l’enquête menée par Afrobaromètre, seulement 23% de Burkinabè sont favorables à la mise en place du Sénat.

Pendant le Conseil consultatif sur les réformes politiques (CCRP), le Sénat a été adopté par les Burkinabè selon les défenseurs de cette loi. Alors, votre démarche n’est-elle pas comparable à celle du médecin après la mort ?

Vous avez que ceux qui ont assisté au CCRP ne sont pas tous partants pour le Sénat ? La preuve en est que l’ADF/RDA qui a pris part au CCRP a voté contre. C’est une preuve palpable que le Sénat n’a pas été un point consensuel. Nous connaissons aussi la position de certaines organisations par rapport au Sénat, alors qu’elles ont pris part au CCRP.

Comment comptez-vous organiser exactement la marche ?

C’est une marche pacifique que nous comptons organiser. Conformément à la loi 22/97, nous avons déjà adressé toutes les correspondances aux autorités compétentes de la ville. Nous avons déjà la réponse du maire qui nous accorde la date du 29 juin 2013. La sécurité est également contactée pour encadrer la marche pour éviter tout débordement. Il n’y a pas que l’opposition qui marche, mais tous ceux qui vivent cette réalité de la vie chère. Nous voulons ensemble exprimer notre désapprobation par rapport à certaines prises de décisions. Nous allons partir de la place Tiéfo Amoro à partir de 8 heures de façon pacifique, pour nous rendre au haut-commissariat, où nous allons remettre une lettre qui sera transmise au chef de l’Etat. Nous allons ensuite revenir à notre point de départ pour animer un meeting. Tout sera organisé dans un esprit républicain, pas de casses. En tout cas, nous invitons la population à éviter tout comportement allant dans le sens de la destruction des biens qui sont à nous tous.

Etes-vous confiants que la population va adhérer à votre démarche ?

Nous n’en doutons pas un seul instant. On peut se tromper une fois, deux fois et même trois fois. Mais je crois que là où nous sommes, il y a une prise de conscience par rapport à certaines réalités. Ce n’est pas parce que je suis d’un bord politique qu’on va diminuer le prix du sac de riz pour moi à la boutique ! C’est une augmentation qui concerne tout le monde. De par ce que nous entendons par rapport à cette marche, nous sommes confiants quant à l’adhésion de la population.

Vous qui êtes coordonnateur de cette marche dans le Houet, avez-vous un appel à lancer à l’endroit de la population avant le jour-J ?

Je demande aux populations de sortir nombreuses dans un esprit républicain pour dire non à ceux qui sont en train de nous rendre la vie chère. Notre marche n’est pas pour casser des biens publics. Nous l’organisons dans le seul but d’inviter le gouvernement à se pencher sur certaines préoccupations du peuple. Nous invitons les citoyens à sortir massivement dans le calme, pour que les choses puissent se passer dans la sérénité et dans l’intérêt de tous.

L’Express du Faso

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