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Centrafrique : François Bozizé entre le marteau et l’enclume

Publié le samedi 8 janvier 2005 à 11h12min

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Pendant que la communauté internationale se met sous la bannière de l’ONU pour rendre plus efficaces les aides humanitaires aux victimes du Tsunami en Asie et que "le procès de la honte" en Mauritanie rendait son verdict, François Bozizé tente de ramener le calme dans l’imbroglio constitutionnel opéré par la mise "hors jeu" de certains candidats à la présidentielle du 13 février prochain.

L’homme fort de Bangui, candidat à sa propre succession, vient de repêcher trois candidatures auparavant réjetées par la Cour constitutionnelle. Du coup Bozizé ouvre la boîte à pandores et se met d’office entre le marteau et l’enclume.

Le général François Bozizé, pour couper court à la contestation naissante suite au rejet par la Cour constitutionnelle de certaines candidatures à la présidentielle centrafricaine, vient de repêcher trois d’entre elles. Deux anciens Premiers ministres, Martin Ziguélé et Jean-Paul Ngoupandé et un ancien ministre, Charles Massi. Par ce geste, Bozizé, candidat à sa propre succession, s’est fondé sur ses prérogatives de premier magistrat du pays, pour opérer ce que l’on pourrait appeler "donner de la main droite et retirer par la gauche". Nonobstant cet état de fait, Bozizé croyant apaiser le climat sociopolitique qui va dégradant s’est mis à dos non seulement certains de ses propres conseillers, mais aussi et surtout les "sept recalés". Cela n’augure pas de "doux sommeils" pour le général dans les jours à venir. Déjà, dans un communiqué commun, les "recalés" ou leurs représentants rejettent "la main tendue" du président de la République. Ils continuent d’exiger l’annulation de la décision qui les frappe et la dissolution de la Cour constitutionnelle, objet et source de toutes les malédictions que vit ce pays, selon eux.

Sans donner dans la surenchère, les "recalés" dont les figures de proue sont Ngoupandé, Ziguélé et dans une moindre mesure, l’ex-président déchu Ange Félix Patassé, réclament la validation de toutes les candidatures agréées par la Commission électorale mixte indépendante (CEMI).

Au vu de cette situation l’on peut affirmer qu’il risque d’y avoir "une mascarade électorale" le 13 février prochain. La question est de savoir si le président Bozizé, après avoir utilisé ses pouvoirs de premier magistrat du pays pour tordre le cou à la décision de la cour constitutionnelle, ne s’arrogera-t-il pas cette carapace juridique pour opérer un hold-up électoral et demeurer président ? Question que plusieurs observateurs de la scène politique se pose. Il y a fort à parier, et cela est un secret de polichinelle que l’homme fort de Bangui manœuvre habilement pour rester au pouvoir. "La main tendue", pour éviter à son pays, une crise politique majeure, pourrait-on dire est mi-figue, mi-raison. "C’est bon, mais c’est pas arrivé" dirait-on. Quand on sait que le comité des recalés a trouvé un appui important auprès du Conseil national de transition (CNT - le parlement) présidé par Nicolas Tiangaye.

Regrets et inquiétudes

Le processus électoral, cahin-cahan, fait son bonhomme de chemin parsemé d’embûches qui suscitent des réactions diverses dans la communauté internationale. Plusieurs chancelleries ont exprimé leurs regrets et leurs inquiétudes en évoquant des points communs avec la Côte d’Ivoire. Le président Bozizé soucieux de redorer le blason économique de son pays où il pleut 8 mois sur 12, ne compte pas être un frein au déblocage des fonds à venir des pays européens qui soutiennent le processus électoral en Centrafrique.

Les Nations unies ne sont pas en reste dans ce "ping-pong" qui se joue entre les acteurs de la scène politique centrafricaine. Ayant qualifié d’encourageante " la décision de repêchage des trois candidats", les membres du Conseil de l’ONU ont fermement invité le général Bozizé et tous les acteurs politiques à trouver rapidement une solution appropriée et consensuelle pour sauver le processus électoral et la transition. Cet appel, s’il est attendu, augure de bons auspices pour le peuple centrafricain. Mais, avec une classe politique qui se jette des peaux de banane et s’accuse mutuellement d’être l’instigateur et le déstabilisateur du pays, la Centrafrique est loin d’avoir trouvé la quiétude. La prudence et le bon sens doivent prévaloir afin que les uns et les autres soient des colombes et non des faucons.

Daouda Emile OUEDRAOGO (ouedro1@yahoo.fr)
Sidwaya

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