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Autant le dire… : Le management rationnel de Jean-Paul

Publié le lundi 17 juin 2013 à 11h51min

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Quand il prenait officiellement les commandes de la Société des fibres textiles du Burkina (SOFITEX) ce 23 juin 2011 (il a été nommé en conseil des ministres le 8 juin), Jean-Paul Sawadogo n’avait pas le sourire aux lèvres, comme bien de travailleurs de la nationale des fibres textiles et surtout de producteurs. Et pour cause ? La filière étant dans la tourmente.

Sur le plan international, la crise monétaire étant, les cours du kilogramme de coton fibre n’étaient pas à un niveau satisfaisant. A l’intérieur du Burkina, la situation socio-politique était si dégradée que la production du coton était vraiment menacée. Une grande partie des producteurs s’était soulevée contre non seulement le prix fixé du kilogramme de coton, mais également celui des intrants (engrais et pesticides). En outre, les producteurs regroupés dans ce mouvement de protestation exigeaient le départ d’un certain nombre de cadres de la société cotonnière. Jusque dans leur faitière, l’Union nationale des producteurs de coton du Burkina (UNPC-B), ils réclamaient la tête de certains de leurs élus. Des affrontements ont même été observés dans certaines zones cotonnières, entre producteurs et forces de l’ordre, mais également entre producteurs. Ceux qui protestaient empêchaient par tous les moyens (y compris l’arrachage de plants de cotonniers dans des champs emblavés) les autres de produire le moindre coton. L’horizon de « l’or blanc » était bien sombre. Alors que, précédemment, Célestin Tiendrébéogo qui est en poste depuis 1995, avait réussi à hisser la production cotonnière burkinabé au premier rang des producteurs africains.

C’est dans un contexte aussi délétère que Jean-Paul Sawadogo arrive avec ses méthodes. Après avoir pris le temps de regarder, d’écouter et surtout d’analyser froidement la situation, il a compris par où il fallait résoudre la crise. D’abord avec les producteurs, il a amorcé un dialogue franc. On se rappelle lors d’un de ses multiples déplacements à Morlaba, dans le Kénédougou où la fronde était très forte, il a tenu à dire la vérité aux producteurs : « Vous avez le choix de produire le coton ou de ne pas le faire. Mais retenez que nous aurons, nous aussi à Sofitex, le choix en temps opportun de vous servir en intrants ou pas ». Toujours à Morlaba, il faut dire qu’il avait pris un grand risque puisque les frondeurs n’avaient pas hésité à lui dire vis-à-vis que si lui et les agents de Sofitex n’étaient pas accompagnés des autorités administratives locales (préfet et haut-commissaire), les choses pouvaient se passer autrement. A Yaho où il y a même eu mort d’homme après des affrontements, Jean-Paul Sawadogo est allé « plaider » le dialogue et la concertation entre producteurs. A Boromo, il y était avec Bongnessan Arsène Yé pour « calmer » les producteurs frondeurs, non sans leur dire la vérité en face.

Ensuite, au sein de la Sofitex, il a réussi à créer un environnement favorable en re-disposant les compétences. Autrement dit, s’il n’a pas nécessairement mis l’homme qu’il faut à la place qu’il faut, ses choix ont été acceptés et la machine a repris. Puisque la confiance, l’engagement et la volonté sont revenus dans la maison.
C’est ce management rationnel qui a permis de contenir la crise et de remonter la pente. Passée donc cette première campagne « douloureuse » de 2011-2012, Jean-Paul, son équipe et les producteurs, avec le soutien de l’Etat et des partenaires techniques et financiers (nationaux et internationaux), ont redonné en 2012-2013 à la filière cotonnière burkinabé sa première place au plan africain. Ce n’est donc pas pour rien que les efforts de tous les acteurs ont été reconnus et encouragés à l’occasion de cette première nuit du Coton (une innovation) puis souhaités de nouveau. Car, l’objectif est bien fixé : 750 000 tonnes pour la campagne 2013-2014. Que le ciel l’entende. L’or blanc nourrit environ quatre millions de Burkinabè.

Dabaoué Audrianne KANI

L’Express du Faso

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Vos commentaires

  • Le 17 juin 2013 à 21:53 En réponse à : Autant le dire… : Le management rationnel de Jean-Paul

    JPGS est un veritable bosseur,un homme de routes les situations.Chapeau a toi et bon vent !

  • Le 18 juin 2013 à 09:48, par Filsdupays En réponse à : Autant le dire… : Le management rationnel de Jean-Paul

    Ce monsieur là, je le connais un peu moins mais je l’admire car il est un vrai bosseur. Des personnes comme lui, on a trouve peu actuellement. Je souhaite pour lui un bon avenir et que demain peut être un ministre de l’agriculture.

  • Le 18 juin 2013 à 10:00 En réponse à : Autant le dire… : Le management rationnel de Jean-Paul

    Et, on ne dit rien sur la qualité de la fibre du coton qui a baissé à cause du coton OGM ainsi que le prix d’achat sur les marchés mondiaux car moins apprécié.

  • Le 18 juin 2013 à 10:33, par Sougri Mmêt’béogo En réponse à : Autant le dire… : Le management rationnel de Jean-Paul

    L’humilité, la capacité d’écoute, la considération pour l’intelligence des autres et la pragmatisme rationnel de Mr JP Sawadogo sont quelques unes des qualités de cet homme qui lui ont permis de désamorcer cette crise.

    Je lui souhaite bon vent et vigilance pour le maintien de la SOFITEX à flot, au grand bonheur des millions de burkinabé pour lesquels la production de coton reste une source significative de revenus et même de moyens d’existence.

    Mais pour moi, c’est pour l’instant une victoire d’étape qu’il faut consolider à l’avenir. Et dans l’environnement économique international qui se profile, l’avenir de la production cotonnière passera forcément par une perspective de transformation (d’une partie de notre production) pour assurer une plus-value. C’est sûr que les sceptiques répliqueront que ce ne sera pas compétitif ! Mais comment les autres font ? Rien que les boîtes de cotoflex pour nettoyer les oreilles et le coton aseptisé pour panser les plaies de burkinabés d’abord, et pourquoi pas de la sous-région, le faso danfani (si prisé !) qu’on peut aider les femmes tisseuse à améliorer, etc., ça au moins, je pense qu’on n’a besoin de technologies extraordinaires qui soient inaccessibles aux techniciens burkinabés. Les pays du nord subventionneront toujours le coton chez eux pour casser les prix sur le marché international, puisqu’ils savent qu’ils vont récupérer cet argent dans transformation de leur production et de la nôtre qui est achetée à vil prix !

    Cela va, peut-être, au delà du champ de compétence de la SOFITEX, mais sa survie à long terme en dépend.

    Félicitations à Mr Sawadogo et son équipe, Courage encore !

  • Le 18 juin 2013 à 11:54, par Levissionnaire En réponse à : Autant le dire… : Le management rationnel de Jean-Paul

    De la propagande. Vous oubliez de dire que sous le règne de ce monsieur, des motos kaizerde 500 000fcfa ont été vendus aux agents cotons à 1 600 000fcfa. D’où un écart de 1 100 000fcfa. A qui cette différence revient. Votre fameux DG peut il donner des explications. La corruption est aujourd’hui galopante dans cette maison.La sofitex n’arrive pas à egrener aujourd’hui toute la production avant l’hivernage. Il ya toujours du coton non ramassé en brousse. Les graines de coton sont détourné et vendu par les responsabables locaux de L’UNPCB avec la complicité des cadres de la sofitex et au vu et su du même DG.

    • Le 19 juin 2013 à 11:35, par billson En réponse à : Autant le dire… : Le management rationnel de Jean-Paul

      si les agents de la sofitex acceptent payer des motos de 500 000 à 1 600 000 personne n’est contre ça. ne me dit surtout pas qu’on leur a forcer à les payer difficile de te croire.

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