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Opinion : Contribution à la construction d’un espace ouest-africain de l’enseignement supérieur

Publié le mercredi 12 juin 2013 à 22h54min

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Opinion : Contribution à la construction d’un espace ouest-africain de l’enseignement supérieur

L’intégration ouest africaine effectue des progrès importants. Mais si pertinents que soient ces progrès, ils ne doivent pas nous faire oublier que l’espace ouest africain (CEDEAO) que nous bâtissons n’est pas seulement celle du Franc CFA, des banques et de l’économie ; elle doit être aussi une communauté ouest africaine du savoir.

L’enseignement supérieur joue un rôle essentiel dans la société, créant de nouvelles connaissances, les transmettant aux étudiants et encourageant l’innovation.

Nous devons renforcer et utiliser dans notre construction les dimensions intellectuelles, culturelles, sociales et techniques de notre continent. Elles ont été, dans une large mesure, modelées par nos universités, qui continuent à jouer un rôle central dans leur développement.

Les universités ne sont-elles pas nées en Afrique ? Nos pays sont fiers de cet héritage important.
Plus récemment, étudiants et professeurs circulaient librement et disséminaient rapidement leur savoir à travers le continent. Aujourd’hui, il existe un trop grand nombre de nos étudiants qui obtiennent leurs diplômes sans avoir bénéficié d’une période d’études en dehors des frontières nationales.

Nous abordons une période de changements majeurs dans l’éducation, dans les conditions de travail, une période de diversification du déroulement des carrières professionnelles ; l’éducation et la formation tout au long de la vie deviennent une évidente obligation. Nous devons à nos étudiants et à notre société dans son ensemble un système d’enseignement supérieur qui leur offre les meilleures chances de trouver leur propre domaine d’excellence.

Un espace ouest-africain ouvert de l’enseignement supérieur offre d’abondantes perspectives positives, tout en respectant, bien sûr, nos diversités, mais exige par ailleurs des efforts vigoureux pour abolir les barrières et développer un cadre d’enseignement, afin de promouvoir la mobilité et une coopération toujours plus étroite.
La reconnaissance internationale et le potentiel attractif de nos systèmes sont directement liés à leur lisibilité en interne et à l’extérieur.

Les Etats généraux de l’enseignement supérieur qui se dérouleront très bientôt dans notre pays, offre l’occasion solennelle de s’engager dans cet effort de création d’un espace ouest-africain de l’enseignement supérieur, où puissent entrer en interaction nos identités nationales et nos intérêts communs, où nous nous renforcions les uns les autres pour le profit de la sous region, de ses étudiants, et plus généralement de ses citoyens.

Nous lançons un appel :
-  au gouvernement burkinabé à associer les autres États-membres de la CEDEAO, aux débats et pour réfléchir marginalement à cet objectif (Les Etats généraux de l’enseignement supérieur, devront associer tous les états CEDEAO aux débats pour profiter d’exemples de bonnes pratiques mais surtout poser les bases d’une convergence des systèmes d’enseignement supérieur en Afrique de l’ouest).
-  à toutes les universités ouest-africaines à consolider la place de l’espace CEDEAO dans le monde en améliorant et en remettant sans cesse à jour l’éducation offerte à ses citoyens.

Des actions communautaires à l’échelle sous régionale ouest africaine pourraient aider les établissements d’enseignement supérieur de toute l’espace dans leurs efforts de modernisation, sur le plan des cours qu’ils proposent mais aussi au niveau de leur mode de fonctionnement.

Ainsi, six (6) actions à mener peuvent être identifiées :

1. Mettre en place un système facilement compréhensible et comparable pour permettre une bonne lisibilité et faciliter la reconnaissance internationale des diplômes et qualifications.

2. Organiser les formations (études supérieures) selon une structure en trois cycles L-M-D :

a) un premier cycle d’études destiné au marché du travail d’au moins trois années menant à un premier grade – appelé suivant les pays licence, baccalauréat, bachelor, etc. – correspondant à un niveau de qualification approprié pour l’insertion sur le marché du travail ouest-africain ; Dans le cycle conduisant à la licence, les étudiants devraient se voir offrir des programmes suffisamment diversifiés, comprenant notamment la possibilité de suivre des études pluridisciplinaires, d’acquérir une compétence en langues vivantes et d’utiliser les nouvelles technologies de l’information.

b) un second cycle nécessitant l’achèvement du premier et menant à un grade de type maîtrise universitaire/master (cycle court)

c) puis un cycle menant à un grade de type doctorat (cycle long)

3. Valider les formations par un système d’accumulation de crédits transférables entre établissements (Système ouest-africain de transfert et d’accumulation de crédits)

4. Faciliter la mobilité des étudiants, des enseignants et des chercheurs

5. Coopérer en matière d’assurance de la qualité des enseignements.

6. Donner une dimension véritablement ouest-africaine à l’enseignement supérieur.

La sous-région ouest africaine dispose d’une multitude d’établissements d’enseignement supérieur (plus de mille), avec plus de 5 millions d’étudiants et des milliers d’employés. Certaines universités ouest africaines comptent parmi les meilleures de l’Afrique, mais le potentiel global n’est pas pleinement exploité. Les programmes ne sont pas toujours actualisés, trop peu de jeunes s’inscrivent à l’université et les adultes sont trop peu nombreux à y avoir jamais suivi des cours. Les universités ouest africaines ne disposent souvent pas d’un financement et d’outils de gestion à la hauteur de leurs ambitions.

Les défis auxquels est confronté l’enseignement supérieur sont néanmoins similaires dans toute l’espace communautaire ouest africaine et une collaboration dans ce domaine présente donc des avantages évidents.

Face à ces défis, les gouvernements et les établissements d’enseignement supérieur cherchent des moyens d’améliorer les conditions des universités. Les gouvernements nationaux sont responsables de leurs systèmes d’éducation et de formation et chaque université organise son propre programme.

L’Appel lancé au gouvernement burkinabé, à la construction d’un espace Ouest-africain de l’enseignement supérieur devra se faire par l’entremise de la Commission de la CEDEAO, et passera par l’initiation d’un PROCESSUS qui constituera un engagement par chaque Etat membre à construire un espace ouest-africain de l’enseignement supérieur avant 2020.

Il ne s’agit pas d’un système universitaire unique, mais de placer les systèmes nationaux diversifiés dans un cadre commun fondé. Un tel PROCESSUS pour l’intégration de l’enseignement supérieur ouest africain, aura pour objectif de favoriser les échanges universitaires (étudiants, enseignants et chercheurs) et de faire converger les systèmes universitaires vers des niveaux de référence communs.

L’initiative sera progressivement reprise et développée par les gouvernements et les universités ouest-africains (espace CEDEAO). Chaque système universitaire devra s’intégrer dans le PROCESSUS selon des modalités qu’il choisit librement.

Le rôle de la Commission de la CEDEAO est de soutenir les efforts nationaux. Voici comment elle peut y parvenir :
-  En travaillant en étroite collaboration avec les décideurs politiques des États membres pour les aider à élaborer leurs politiques d’enseignement supérieur. La Commission devrait élaborer un projet de modernisation pour les universités, qui identifierait les domaines d’action à réformer en priorité.
-  La Commission de la CEDEAO devrait initier activement un processus intergouvernemental prônant des réformes de l’enseignement supérieur impliquant l’ensemble des pays membres CEDEAO, menant à la création d’un « espace ouest africain de l’enseignement supérieur ».
-  En encourageant l’échange d’exemples de bonnes pratiques politiques entre différents pays – en particulier, en réunissant un groupe d’experts nationaux sur la modernisation de l’enseignement supérieur afin de partager des expériences et d’examiner les défis communs.
-  En élaborant un programme permettant chaque année à nombre d’étudiants d’étudier ou de travailler hors de son pays, ainsi que des projets destinés à renforcer la coopération entre les établissements d’enseignement supérieur et d’autres institutions pertinentes.
-  En renforçant les programmes ou initiatives existants et destinés à promouvoir la coopération au niveau de l’enseignement supérieur avec des pays en dehors de la CEDEAO (Afrique, Europe, USA, Asie, …)

-  En réalisant des études dans des domaines spécifiques pertinents pour la politique d’enseignement supérieur en récoltant, en analysant et en partageant des informations sur la situation actuelle dans l’espace CEDEAO.

Fait à Bobo-Dioulasso le 05 juin 2013

Ont signé :

Mamadou SIRIBIE ,
Président/Mouvement associatif « Kambsi Yiangda » (KSY)

Daouda SEGDA
Président/ Réseau Initiatives Citoyennes pour l’Intégration Ouest-Africaine (Réseau ICI OuestAf)

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