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Côte d’Ivoire : L’irréversible descente aux enfers ?

Publié le vendredi 7 janvier 2005 à 07h25min

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C’est un casse-tête chinois. Depuis plus de deux ans, la Côte d’Ivoire cherche vainement les chemins d’une sortie de crise. Les sommets ont pourtant succédé aux sommets. Les accords aussi. Mais chaque fois, les schémas tracés, pourtant bons sur le papier, se sont soldés par des échecs cuisants.

Les protagonistes sont jusque-là incapables de poser l’ultime geste élégant qui balaie les appréhensions, fonde l’espoir et cimente la paix. C’est que certains politiciens ivoiriens se sont crus plus malins que les autres. Allant même jusqu’à fouler aux pieds l’intérêt supérieur de la Côte d’Ivoire. Récemment encore, le président Laurent Gbagbo, garant pourtant de la stabilité du pays, a tenu un discours incendiaire à même d’annihiler le processus de réconciliation en cours. Il a affirmé tout de go que tous les problèmes que connaît la Côte d’Ivoire sont dus au président du RDR, Alassane Dramane Ouattara. Considérant sans doute que ce dernier est un adversaire redoutable, Laurent Gbagbo a même franchi le rubicond de l’exclusion, en affirmant notamment qu’il ne devrait pas être candidat à l’élection présidentielle de 2005.

Signe que l’avenir politique de Alassane Dramane Ouattara est en pointillé, du moins tant que le "Christ de Mama" sera au pouvoir. La preuve, c’est que Gbagbo est en train de verrouiller les portes de l’alternance. "S’il n’y a pas d’élection en octobre, je reste président", a-t-il déclaré. Pourtant, tous ou presque tous ses actes concourent à empêcher la tenue de la prochaine élection présidentielle. Depuis le début de la crise, il rame à contre-courant des accords de paix.

Pour éviter le chaos, il faut que l’ONU durcisse davantage le ton. La liste des bourreaux doit être publiée et les coupables sanctionnés afin que le cycle de la violence et de la roublardise s’arrête. Car, il y a déjà eu trop de morts et les stigmates de la crise ne cessent de terrifier la conscience humaine.

Il faut aussi que les Forces nouvelles, actrices incontournables de la crise, se résolvent, elles aussi, à engager en toute conviction, une dynamique de consensus. Le dernier épisode qui s’est déroulé au nord de la Côte d’Ivoire n’est pas de nature à créer la stabilité. Des militaires ont été arrêtés et la tension est de plus en plus vive dans cette zone. Une situation que le président Gbagbo exploitera sans doute à son avantage, avec la ferme intention de retarder la tenue de la prochaine élection présidentielle.

Il serait en effet difficile de tenir un scrutin dans un pays divisé. Or, la bataille Ibrahim Coulibaly - Guillaume Soro bat son plein depuis plusieurs mois. Chaque camp accuse l’autre de vouloir le déstabiliser. Ainsi, les récentes arrestations ont tout de suite été assimilées à des attaques en règle contre les partisans de IB, même si Soro et ses "camarades" affirment vouloir ainsi contrôler la situation afin de donner une chance de réussite au désarmement. D’ailleurs, à ce sujet, les Forces nouvelles ont été claires : il faut que l’armée loyaliste soit aussi désarmée.

Mais Gbagbo se résoudra-t-il à s’engager sur cette voie ? Pas si sûr. Car le président ivoirien a jusqu’ici prouvé qu’il était incapable (à dessein bien sûr !) de créer une armée républicaine, donc au service de l’Etat ivoirien et non aux ordres du clan présidentiel. Or, en tant que président de la République, Laurent Koudou Gbagbo doit être au dessus de la mêlée et montrer le bon exemple, celui qui apaise les coeurs et incite au consensus.

Mais à la vérité, Gbagbo est celui qui a le plus profité de la crise, surtout en mal. Gbagbo est incapable de diriger une Côte d’Ivoire normale, c’est-à-dire une Côte d’Ivoire de paix. Cette situation de crise l’arrange, cadre avec son caractère d’opposant belliciste, peu soucieux de méthode et d’ordre. Il a par ailleurs sucé les économies de l’Etat, s’est armé au nom des Ivoiriens pour tuer d’autres Ivoiriens. Si seulement il avait un petit pincement au coeur ! Si seulement aussi, il avait prêté une oreille attentive à cette chanson renommée de son compatriote Alpha Blondy qui dit ne pas comprendre qu’on envoie "des enfants de Dieu tuer d’autres enfants de Dieu au nom de Dieu" !

Mais Gbagbo a préféré utiliser la violence pour régler ses comptes, révélant ses carences en matière de gouvernance et faisant preuve de spectaculaires retournements de veste. Oubliant royalement que la Côte d’Ivoire n’est pas sa chose mais plutôt une richesse du peuple ivoirien. Alors, messieurs les conseillers du président, rappelez à Gbagbo qu’il est président !

Le Pays

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Vos commentaires

  • Le 7 janvier 2005 à 22:53, par jean_paul Dorval de Londres En réponse à : > Côte d’Ivoire : L’irréversible descente aux enfers ?

    Cher ami
    Ton article est loin de toute objectivite car il ne fait meme pas allusion aux actions subversives du" beau Blaise" dans les conflits de la sous region.
    Pour ce qui est de la crise en Cote D’ivoire, sache cher ami ,que si ce pays descend aux enfers ,le Burkina va le preceder.Pas besoin d’etre devin pour le comprendre.
    Je pense qu’il serait juste de parler aussi de ton sanquinaire de president Blaise Compaore qui veut s’eterniser au pouvoir a cause de ses assassinats crapuleux dignes des films western.
    Apres plus de 15 ans au pouvoir on a aujourd’hui plus de 3000 000 de burkinabe en cote d’ivoire malgre la guerre.
    Ces burkinabe n’ont meme pas le droit de vote dans leur propre pays pourtant ils sont mis a contribution pour participer au developpement du Burkina.
    Alors une fois pour toute,sachez chers freres Burkinabes que cette crise ivoirienne passera
    et la Cote D’ivoire restera toujours votre vache a lait de la sous region(40% de la masse monetaire de l’UMOA) et cela malgre votre jalousie injustifiee qui frise l’ingratitude.
    Entre nous je voudrais te confier que j’ai deux employers de maison burkinabe qui font vivre leurs familles au faso .Ces derniers n’accepteront jamais de retourner au Burkina qui n’a rien a leur offrir si ce n’est que des slogans patriotiques.Commes mes deux domestiques, ils sont nombreux les burkinabe qui preferent descendre aux enfers avec la cote d’ivoire plutot que de tirer le diable par la queue dans leur propre pays. La preuve est donnee par ce convoi de 45 cars pleins de burkinabes qui se dirigeait vers Abidjan tout recemment.
    Alors commencez par respecter vos tuteurs au lieu de faire la gueule. Pour votre gouverne sachez que Le President Gbagbo est venu au pouvoir avec un programme de gouvernement auquel les ivoiriens ont massivement adhere contrairement a votre Compaore de president qui y est parvenu par assassinat.
    Merci pour attention

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