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Autant le dire… : Si les Maliens aiment réellement leur pays…

Publié le lundi 10 juin 2013 à 05h28min

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On ne peut douter en réalité de l’amour que les Maliens, actuellement protagonistes, ont pour leur peuple et leur pays : le Mali, pays de Modibo Keïta et avant lui de Kankan Moussa et de Soundjata Keïta. En discussions à Ouagadougou sur une sortie de crise, les Maliens, toutes tendances confondues devraient pouvoir s’accorder sur l’essentiel. Surtout qu’ils (c’est ce qu’on peut croire) ont réussi à chasser de leur pays les djihadistes et autres terroristes qui écumaient au Nord.

L’essentiel pour les Maliens étant d’enterrer la hache de guerre après avoir posé les vrais problèmes qui minent la cohésion entre le Mali du Nord et celui du Sud. On ose croire que l’opération Serval a réussi à « nettoyer » le Mali des ingrédients terroristes, narcotrafiquants et grands bandits.

Aussi, comme le recommande le médiateur Blaise Compaoré, si les Maliens aiment bien leur pays et leur peuple, ils devront d’abord accepter de déposer les armes. Car, en réalité, aucune discussion sérieuse ne peut se faire les armes à la main. Car, au Mali, le temps de la bataille les armes à la main parait derrière. Que ce soit le pouvoir intérimaire de Dioncounda Traoré ou les occupants de Kidal, ils ne gagneront rien en faisant une guerre perdue d’avance par les deux camps. Les Maliens n’en veulent pas. Ils veulent la paix, ils veulent aller au développement ; ils veulent scolariser leurs enfants ; et ceux qui sont réfugiés dans les pays voisins veulent rentrer chez eux. Il ne sert à rien de remettre à plus tard cet échéancier au risque d’avoir le peuple sur le dos.
C’est pourquoi, le Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA) doit permettre à l’administration malienne d’investir la ville ; de même il doit ouvrir les portes de Kidal à l’armée malienne qui est et qui sera la seule armée à sécuriser le pays. Il n’y a pas à perdre de temps sur ces questions. Kidal ne peut être un no man’s land, encore moins un Etat dans un Etat. Mais si son occupation permet de poser les vrais problèmes du Mali, il faut donc aller directement à ces problèmes-là afin de gagner du temps.

Ces problèmes sont entre autres pourquoi le Mali du Nord et du Sud ne s’entendent pas depuis longtemps ? Qu’est-ce qui justifie le développement non harmonieux de l’ensemble du pays ? Pourquoi depuis longtemps, les Maliens du Nord (Touaregs et autres) veulent leur autonomie ? En clair, il s’agira de répondre à la question de savoir pourquoi le Mali qui était cité comme un exemple de démocratie et de développement en Afrique de l’Ouest et même au-delà est subitement devenu retombé dans l’exception, la guerre ? Cette question interpelle à la fois tous les Maliens, du Nord et du Sud, de l’Est et de l’Ouest. Mais également l’armée, la société civile et principalement la classe politique. C’est après avoir répondu à cette question, après lui avoir trouvé des solutions acceptables et durables pour tous que les Maliens pourront envisager une quelconque élection. Si non, à l’étape actuelle, il serait illusoire de croire que les Maliens sont prêts pour aller à des élections. Même si l’équation de Kidal trouve sa solution aujourd’hui, il va falloir que les Maliens se parlent entre eux, sincèrement, à travers un grand débat national, ouvert à tous. Parce que, si on règle de façon superficielle la question malienne, on n’aura rien fait. Car, ce que le Mali vit en ce moment n’est pas propre à lui seul. C’est une question qui concerne toute l’Afrique de l’Ouest pour ne pas dire toute l’Afrique et la communauté internationale. En tous cas, les Maliens sont suffisamment assez forts et responsables pour savoir ce qu’ils veulent pour leur pays, pour leurs enfants. Il ne revient à personne de le leur imposer.

Dabaoué Audrianne KANI

L’Express du Faso

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