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Salia Sanou, officier de police devenu danseur chorégraphe : « La danse contemporaine n’est pas une discipline réservée aux gays »

Publié le jeudi 6 juin 2013 à 18h44min

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Salia Sanou, officier de police devenu danseur chorégraphe : « La danse contemporaine n’est pas une discipline réservée aux gays »

Après sa restitution de résidence pour la création d’un spectacle dénommé « Doubaley », nous avons approché Salia Sanou, danseur chorégraphe, Burkinabè vivant entre la France et le Faso pour en savoir davantage sur son parcours. Il revient aussi sur les appréhensions des Burkinabè sur la danse contemporaine … Lisez !

Depuis quand êtes-vous danseur chorégraphe ?

La danse a toujours été une passion pour moi. Je danse depuis tout petit, d’abord au village, puis à Bobo-Dioulasso où j’ai fais mes premiers pas de danse moderne avec la troupe Kouledafourou. Je rejoindrai Ouagadougou plus tard où je vais intégrer la Maison des jeunes et de la culture. De la capitale, je suis allé au Centre national chorégraphique de Montpellier en France où j’ai véritablement exercé et acquis de grandes connaissances de la chorégraphie. Voilà un peu mon parcours passionnel, mais surtout inattendu de la personne que j’étais, destinée à une autre profession. En Afrique et particulièrement au Burkina Faso, les danseurs sont difficilement acceptés par la société à commencer par sa propre famille. Du coup, quand je partais en France pour mon premier contrat, je n’ai pas osé l’annoncer à ma famille. Parce que pour beaucoup de personnes, on ne va pas en France pour danser, mais plutôt pour des études…

Vous dites que vous n’étiez pas prédestiné à la danse. Que faisiez-vous auparavant ?

Je suis officier de police de formation. Après mes études de Droit, j’ai été admis à l’Ecole nationale de magistrature où j’ai fais une formation d’officier de police. J’ai finalement tout abandonné pour ma passion qui est la danse. J’avais une carrière bien définie dans la Fonction publique, mais la passion l’a emporté et je ne regrette pas mon choix. J’aime bien ce que je fais. Ma famille aussi, qui me soutient énormément.

La danse contemporaine n’est-elle pas en train de supplanter la danse traditionnelle ?

Non ! Pas du tout. La danse traditionnelle est patrimoniale. Ce sont des valeurs ancestrales qui vont toujours demeurer. On le constate d’ailleurs pendant la Semaine nationale de la culture (SNC). Cependant, avec l’évolution des choses, il y a une catégorie de jeunes danseurs qui se demandent aujourd’hui ce qu’ils peuvent apporter comme nouveau souffle dans la danse. Ce sont donc les jeunes qui portent cette évolution de la danse contemporaine au Burkina Faso comme partout en Afrique. C’est un véritable art, car il y a tout un vocabulaire qu’elle traduit. Chaque danseur contemporain essaie de défendre par sa vision de la vie, son identité… La danse contemporaine ne vient pas pour tuer la danse traditionnelle. Elle vient pour exprimer une envie de la jeunesse de sa contribution au développement socio-économique. Un spectacle de danse contemporaine est un concentré de matières à réflexion des problématiques de la société.

Quelle est votre définition de la danse contemporaine ?

La danse contemporaine est une danse de recherche. C’est la danse de création. C’est un art qui permet au danseur d’exprimer sa liberté, son envie… tout en questionnant la société à travers des mouvements de corps….

A quel niveau se trouve cette danse au Burkina ? Est-ce qu’on peut dire qu’elle est toujours embryonnaire ?

La danse contemporaine burkinabè est une référence en Afrique et particulièrement dans sa partie occidentale. Nous en avons pour preuve le Centre de développement chorégraphique. Nous avons aussi le centre d’Irène Tassembédo. Nous avons beaucoup d’aînés à l’image d’Alassane Kongo, Seydou Boro, Serge Aimé Coulibaly, etc. Il y a une diversité, une grande richesse et la danse contemporaine burkinabè s’exporte beaucoup à l’étranger notamment en Europe, en Asie, aux Etats-Unis… C’est vrai que nous avons toujours besoin d’un soutien des pouvoirs publics pour davantage faire rayonner cet art tant au niveau national qu’international.

Nourrit-elle son homme, la danse contemporaine ?

Oui je le pense. Elle nourrit bien son homme, mais à condition que l’on la pratique avec rigueur et sérieux. C’est un peu comme tout métier. Il faut toujours travailler sans relâche et dans la dynamique de l’innovation. Plus on travaille, plus on innove, plus on avance…

Mais l’on a tendance à accuser à tort ou à raison les danseurs contemporains de gay ?

Ah ! Ah ! Ah ! Ah !!! Ce n’est pas vrai. Ce ne sont que des préjugés et des accusations totalement infondées. La danse contemporaine est une danse pratiquée à 90 % par des hétéros. Il peut y avoir des homosexuels, mais là, on peut les trouver dans toutes les couches sociales. Il faut savoir que la danse contemporaine n’est pas une discipline réservée au gay. Beaucoup pensent en outre que la danse contemporaine est faite pour des spectateurs blancs, ce qui n’est pas vrai. C’est une danse destinée à tout public.

Interview réalisée par
Bassératou KINDO

L’Express du Faso

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