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Dr Robert Ernest Toé, président de l’Ordre national des Chirurgiens-dentistes du Burkina Faso : « Une dent malade menace tout l’organisme »

Publié le mercredi 15 mai 2013 à 20h46min

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Dr Robert Ernest Toé, président de l’Ordre national des Chirurgiens-dentistes du Burkina Faso : « Une dent malade menace tout l’organisme »

Très peu connu de la population et même des patients, l’Ordre national des Chirurgiens-dentistes du Burkina Faso existe cependant depuis 2012. Il est présidé par le Dr Robert Ernest Toé et cherche à mieux s’implanter afin de jouer pleinement son rôle qui est d’aider la population à prévenir ou à prendre en charge les maladies bucco-dentaires. Dans cette interview, Dr Toé fait une présentation de l’Ordre, de la profession du chirurgien-dentiste et parle plus amplement des maladies bucco-dentaires ainsi que de leurs conséquences sur la santé humaine.

Lefaso.net : Comment devient-on Chirurgien-dentiste ?

Après des études supérieures, nous présentons une thèse pour le titre de Docteur d’état en Chirurgie dentaire, ces études tiennent dans 3 cycles dont le premier se fait en tronc commun avec les médecins et à partir de la 2ème année, nous abordons des disciplines plus spécifiques à la dentisterie.

Vous présidez l’Ordre des chirurgiens-dentistes du Burkina. Pouvez-vous nous présenter cet Ordre ?

La loi numéro 008-2012/AN du 17 avril 2012 a porté création, attributions et fonctionnement de l’ordre national des chirurgiens-dentistes des Chirurgiens-dentistes du Burkina Faso. Il faut dire que ce fut un long processus pour aboutir à cette loi. Bien avant les ordres de santé étaient regroupés en ordre unique des médecins, chirurgiens-dentistes et pharmaciens mais au vu de la spécificité et de l’évolution de chaque profession la nécessité d’avoir des ordres différents s’imposait. Dans le même ordre d’idée nous avons vu la création des ordres des infirmiers et des sages-femmes.

Quel intérêt pour un pays comme le Burkina d’avoir un Ordre des chirurgiens-dentistes ?

Le Burkina ne vit pas en autarcie. Il appartient à un espace communautaire (UEMOA) et à une organisation sous régionale(CDEAO) où il est de plus en plus question de libre circulation des personnes et des biens et donc des professionnels de santé. De ce fait, la profession doit être organisée en interne et cette organisation interne doit avoir des répondants dans les autres pays.

L’ordre à pour attributions essentielles de :
- veiller au respect, à la défense et à la promotion des valeurs fondamentales de la profession dentaire
- veiller au respect des principes de moralité, de probité et de dévouement indispensables à l’exercice de la Chirurgie dentaire et l’observance par tous les membres des devoirs professionnels ainsi que des règles édictées par le code de déontologie
- veiller au respect de la confidentialité des données personnelles de santé
- défendre l’honneur, l’indépendance professionnelle des chirurgiens-dentistes dont les décisions ne peuvent être dictées par d’autres considérations que l’éthique professionnelle, l’intérêt du patient et de la santé publique
- et enfin et surtout exiger une compétence reconnue garantissant la qualité et la sécurité des actes accomplis au service des malades et de la population.

Il est célébré le 19 mars de chaque année, la Journée de la santé buccodentaire. Quelle est la situation des maladies bucco-dentaires au Burkina ?

Au Burkina Faso, comme partout ailleurs dans le monde, l’impact des maladies bucco-dentaires sur les individus et les communautés sont considérables en termes de douleurs, de déficiences fonctionnelles et de diminution de la qualité de vie. Selon les rapports de l’OMS, les affections bucco-dentaires constituaient le 4e fléau mondial après les maladies cardio-vasculaires, les cancers et le sida.
C’est pourquoi une journée mondiale de la santé buccodentaire est instituée chaque année.

Les affections bucco-dentaires touchent tous les individus de la communauté, quels que soient leur âge, leur ethnie, leur sexe, leur niveau intellectuel ou social.
Ces maladies ont un pic pour la carie dentaire chez les plus jeunes et les maladies touchant les tissus de soutien de la dent comme la gencive et l’os chez les moins jeunes.

La répartition géographique est assez homogène et les données épidémiologiques concernant la réparation par sexe ne montrent pas de grands écarts.

Quelles sont les plus fréquentes au Burkina ?

La prévalence des caries dentaires et des maladies parodontales reste la plus élevée.

Cet état de fait s’explique par le fait que dans les habitudes alimentaires, on inclut, de plus en plus, des aliments cariogènes sucrés avec en parallèle des habitudes d’hygiène qui ne sont pas correctes. Il s’agit notamment du brossage des dents, de l’entretien et du suivi bucco-dentaire.

A quel moment fait-on appel au chirurgien-dentiste ?

Quand la douleur devient la cause de la consultation, il est déjà tard car avant qu’une carie vous fasse mal au point d’avoir des nuits blanches, comme c’est souvent le cas, il y a eu des signes d’alerte. Une carie ne se développe pas en un jour.

Il est de même pour les maladies des gencives et de l’os qui soutient la dent.
Souvent un détartrage régulier-acte qui consiste à supprimer le dépôt calcifié que le brossage simple ne peut plus éliminer - suivi suffit à sauvegarder les dents le plus longtemps possible.

À l’endroit de ceux qui disent qu’ils n’ont pas de problèmes de dents, il faut savoir que la brosse à dent ne supprime pas toute la plaque dentaire calcifiée et qu’une visite ne serait-ce qu’annuellement s’impose pour tout le monde.

Quelles peuvent les conséquences des maladies bucco-dentaires sur la santé humaine ?

L’organisme est un tout. L’affection ou l’infection au niveau de la bouche ou dents peut avoir des répercutions au niveau d’autres organes situés même loin des dents. Le système sanguin alimente tout l’organisme et de ce fait peut être le véhicule des microbes présents dans les infections et souvent d’une manière chronique, vers le cœur, les reins, les articulations, le foie, les yeux, le sinus etc....

Une dent malade menace tout l’organisme. D’où la phrase assez sévère suivante : « ne creusez pas votre tombe avec vos dents. »

Cette phrase s’avère juste également en ce sens que c’est souvent notre alimentation qui nous cause des ennuis de santé.

Quels comportements adoptés pour éviter des maladies bucco-dentaires ?

« Mieux vaut prévenir que guérir ». L’assertion est bien connue et pour les dents il n’y a pas de meilleurs soins que la prévention.

Les moyens de préventions ne sont pas extraordinaires : c’est l’hygiène au quotidien par le brossage bien fait.

La technique est de faire un nettoyage soigneux du rouge vers le blanc c’est-à-dire de la gencive vers la dent par des mouvements de rotation. Les faces triturâtes des molaires doivent être particulièrement brossées car elles sont le départ des points de carie. Il ne pas oublier de nettoyer aussi la langue.

Un bon brossage dur au moins 3 minutes et non 30 secondes car souvent le temps alloué au brossage est souvent très court.

Préservez votre capital dentaire !

Alors si nous imaginons que nous utilisons nos dents pendant au moins 2 repas par jour, la recommandation est de leur consacrer moins de 10 minutes par 24 heures. Je pense que l’effort vaut la peine.

L’idéal est de faire le brossage après chaque repas. Le principe étant de supprimer les débris de nourriture qui restent sur les dents. Il n’est pas alors nécessaire de se brosser le matin avant le petit déjeuner. Par contre si vous vous êtes bien brossé les dents la nuit avant d’aller au lit, cela suppose que vous n’avez plus rien mangé jusqu’au réveil, et c’est après le petit déjeuner qu’il faut se brosser.

Pour cela également il faut disposer du matériel nécessaire : une brosse à dent électrique ou manuelle à petite tête pour atteindre les faces difficiles d’accès des dents. Il faut également une pâte dentifrice fluorée qui permette la protection par un apport de fluor optimal.

La visite systématique biannuelle est recommandée. A chaque six mois il est nécessaire de faire une consultation sinon au moins une fois l’année.

La santé bucco-dentaire est le reflet de votre santé au vu du rôle fonctionnel (mastication et élocution) et esthétique (intégration psycho-sociale) qu’elle joue.

Si vous ne pouvez pas mastiquer les aliments, parler correctement et sourire, il sera difficile d’atteindre un niveau d’épanouissement nécessaire dans la vie tout court. Préservons donc notre capitale dent !

Propos recueillis par Jacques Théodore Balima

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