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Autant le dire… : « Se bagarrer sans déchirer les habits »

Publié le mardi 14 mai 2013 à 11h09min

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Des élèves qui soutiennent leurs enseignants en grève, c’est tout à fait normal. Car sans élèves, pas d’enseignants et un enseignant sans élèves n’a pas aussi de rôle. Seulement, c’est la forme du soutien qui pose problème. Car finalement, on a l’impression que les élèves se sont substitués aux enseignants pour revendiquer à leur place sous le couvert qu’eux aussi, ont des revendications.

Ce qui peut laisser croire que les enseignants se servent des élèves, plus fragiles et vulnérables, pour « manger leur piment ». Parce qu’on ne peut pas comprendre que des « enfants » aillent devant un ministère et exigent que le ministre descende de son bureau pour « qu’on parle ».

C’est à la limite un manque d’éducation, car les problèmes peuvent être posés autrement. Mieux, quand des élèves dans le but de soutenir le mouvement de leurs enseignants sortent des tables-bancs sur lesquels ils s’asseyent pour suivre les cours et les brûlent, ramassent les chaises des enseignants qu’ils soutiennent et les brûlent, il y a un sérieux problème. Et les enseignants devraient en principe être les premiers à leur demander d’arrêter ce genre de comportements. Eux qui sont chargés de les éduquer ne leur ont pas sans doute donné ce type de réactions que sont la violence, la destruction des biens publics et privés, l’insolence et le non-respect de l’autorité. D’ailleurs ces comportements ne figurent dans aucun manuel didactique au Burkina. Si les enseignants ont des revendications légitimes, que le gouvernement trouve les moyens de les satisfaire ? Mais cela ne peut et ne doit aucunement se passer dans la violence inutile. Encore moins dans la tentative de prise en otage des examens scolaires qui se profilent à l’horizon. Car apparemment, tout porte à croire que les enseignants brandissent cette menace de boycott des examens qui pèse lourd dans la balance pour faire sortir les élèves et faire fléchir aussi le gouvernement. On peut bien comprendre leur comportement et la période choisie pour « lutter ». Seulement, cette lutte pourrait, si on n’y prend garde, avoir des répercussions dommageables sur les résultats des examens. Et ce sont les mêmes élèves qui les soutiennent et leurs parents qui en souffriront. Ce qui n’est pas forcément à l’honneur de ces mêmes enseignants.

Aussi, il convient de souhaiter que le dialogue entamé dans cette perspective, aboutisse au plus vite et soit constructif et que chacun y trouve son compte. Car, des spectacles du genre qu’on a vu dans les rues de Ouagadougou (policiers et élèves se pourchasser, se lapider et se “lacrymogéner” ou à Bobo où les élèves ont barré des rues de grande circulation), ne sont pas dignes d’un système éducatif. Comme a dit l’artiste, « se bagarrer sans déchirer les habits ». On peut bien manifester, mais accompagner le fait par des casses et des destructions de biens publics est condamnable donc réprimable. Ni les enseignants, ni les parents d’élèves, ni les élèves eux-mêmes ne doivent cautionner le fait de brûler des tables-bancs, des chaises sur le bitume. On se rappelle que les mêmes élèves, lors d’une de leurs manifestations de soutien aux enseignants il y a une ou deux années, étaient allés escalader les grilles du Premier ministère sans que personne ne « bronche ». N’est-ce pas pour cela qu’ils ont encore remis ça cette année ?

Il est temps que nous apprenions à nos enfants les bonnes manières de revendiquer. Ce sont les hommes de demain et personne n’aura intérêt quand ils auront raté leur éducation. Dans tous les cas, le Burkina Faso nous appartient tous et il sera ce que nous aurons voulu qu’il soit. Seulement, s’il devient ingouvernable, ce ne sont pas les seuls tenants actuels du pouvoir qui en souffriront. Mais aussi, ceux qui prendront un jour les rênes du pouvoir. Faisons donc le choix et agissons avec modérations.

Dabaoué Audrianne KANI

L’Express du Faso

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Vos commentaires

  • Le 14 mai 2013 à 21:48, par Hope Faso En réponse à : Autant le dire… : « Se bagarrer sans déchirer les habits »

    oui cher journaliste ainsi va le faso. C`est dommage car on viol a la fois les procedures. A qui la faute ? Ce n`est pas une affaire d`education mais affaire de droit legitime. Ces dirigeants sont sourds a toutes revendications. Si donc la force de l`argumentation ne passe on applique l`argument de la force. Rien ne sera plus comme avt. Vs voyez la casse a poussé le ministre a sortir de son trou.

    • Le 15 mai 2013 à 07:49 En réponse à : Autant le dire… : « Se bagarrer sans déchirer les habits »

      Belle et cartésienne analyse. Vous faites oeuvre utile.Bon courage

    • Le 15 mai 2013 à 09:31 En réponse à : Autant le dire… : « Se bagarrer sans déchirer les habits »

      belle analyse mais attention ! aujourd’hui l’éducation de l’enfant ne relève pas seuleument des enseignants c’est d’abord les parents un enfant bien éduqué à la maison sais que le bien public doit etre respecté aucun enseignant ne dira à ses élèves de bruler des tables tout en sachant qu’ils les utilisent. le comportement des éleves est une des conséquences de la démission des parents face à l’éducation qu’il doivent donner à leurs enfants l’enseignant ne fait que poursuivre cette éducation qu’on a inculqué à l’enfant dès son jeune age . les enseignants luttent pour améliorer leurs conditions de vie et de travail mais les dérives des élèves incombent à tous les parents qui ont démissionné face à l’éducations des enfants .

  • Le 15 mai 2013 à 05:25, par Bouglass En réponse à : Autant le dire… : « Se bagarrer sans déchirer les habits »

    KANI, comme tu connais les bonnes manières de révendiquer, il faut les répertorier pour les syndicats et les associations scolaires.

    Il ne faut pas qu’on se leurre dans ce pays. Tant que l’avenir profilera sans un rayon lumineux, tant qu’il n’y aura pas espoir quant à un lendemain heureux, les troubles prendront racine et s’intensifieront. Nous nous gargarisons de nos moralités de gens "clean" ou de gens acquis au régime en place et nous faisons aveugles sur la réalité.

    Nul ne peut téléguider l’autre s’il ne va dans le sens des intérêt de ce dernier. Si vous trouvez que les enfants sont pilotés dans l’ombre, alors, travaillez à ce qu’ils vous obéissent et se détournent de l’influence néfaste de leurs enseignants. Tentez de faire cela et vous verrez que ce n’est pas aisé et que vous ne le réussierez qu’en répondant favorablement à leurs attentes qui ne diffèrent pas des préoccupations de leurs enseignants.

  • Le 15 mai 2013 à 07:53, par naanga En réponse à : Autant le dire… : « Se bagarrer sans déchirer les habits »

    M.Hope "Façon" ce n’est pas un comportement à cautionner car rien ne justifie la destruction des biens publiques et/ou privés.

  • Le 15 mai 2013 à 08:27, par ABC En réponse à : Autant le dire… : « Se bagarrer sans déchirer les habits »

    Les destructions de biens que utilseront les elèves eux même après la grève n’est pas une bonne chose. La lutte peut se radicaliser si elle est organisée sans qu’on ne brule les tables bancs. En 1997, l’ANEB a mené une lutte qui reste gravée dans l’histoire du mouvement estudiantin pendant près de 2 mois sans casser une seule vitre. Vous me direz que beaucoup d’eau a depuis lors coulé sous les ponts.

  • Le 15 mai 2013 à 09:31, par Akodi En réponse à : Autant le dire… : « Se bagarrer sans déchirer les habits »

    quand Bongnessan disait que la morale agonisait au faso, il indexait aussi bien le système politique que chaque individu au faso. Vous évoquez une triste réalité qui hélas va secouer durement le pouvoir en place. Qui sème le vent récolte la tempête.

  • Le 15 mai 2013 à 09:45, par suisinquiète ! En réponse à : Autant le dire… : « Se bagarrer sans déchirer les habits »

    je suis tout a fait d’accord avec votre analyse Audrianne, les choses ne peuvent pas continuer ainsi. nous ne pouvoons pas crier à la pauvrété et detruire le peu de bien que nous avons. c’est vraiment déplorable ces formes de manisfestations qui prennent de plus en plus de l’ampleur dans le pays. loin d’être une façon de manifester un mécontement cela sent le manque d’éducation. le ministre avant d’être un homme public, est avant tout un aîné, un père de famille qu’il faut respeter. les élèves ont toujours soutenu les enseignants dans leur grêve, mais pas en cassant ou en brûlant les tables bancs qui vous servent à prendre les cours. si ça ne tenait qu’à moi qu’on ne remplace pas les bancs qu’ils ont brûler ou casser on verra comment ils vont faire pour les cours quand les enseignants retourneront en classe. c’est comportement qui feint l’inconscience. si les étudiants ont chassé le premier ministre du campus, pourquoi les élèves ne demanderait t-il pas au ministre de l’enseignement de descendre leur parler ? ils suivent l’exemple des aînés ? c’est aussi les réalités du Faso.

    • Le 15 mai 2013 à 11:38, par sidnooma En réponse à : Autant le dire… : « Se bagarrer sans déchirer les habits »

      Audrianne, figurez vous que ces réactions des élèves dénotent du malaise profond dans notre système éducatif. Si justement les enseignants demandent la satisfaction de leur revendications c’est au vu et au su de toutes ces faiblesses dont la grande responsabilité provient de nos autorités qui ne font rien pour y remédier. Un adage dit que pour diriger des moutons il faut un seul bâton peut suffire ; mais des hommes il faut chaque individu son bâton. Cela suppose qu’il doit d’abord chercher à connaitre le caractère de chaque élève dans sa classe. Comment peut-il le faire s’ils sont 150 dans une seule classe. Souvent ; il se retrouve en fin d’année sans serieusement faire la connaissance d’un seul élève. C’est juste t’informer que l’Etat veut qu’on alphabetise les enfants et non les instruire et les éduquer. C’est ça la démission et dont les enseignants décrient haut et fort.
      La situation sociale et économique lamentable de l’enseignant dans ce pays malheureusement pèse négativement sur la réceptabilité de ses messages surtout sur le plan moral ! Si les Enseignants sont comblés et mieux outillé comprend que ca aura une belle repercution sur la santé intellectuelle et morale des élèves.

  • Le 15 mai 2013 à 11:11, par sambolgo En réponse à : Autant le dire… : « Se bagarrer sans déchirer les habits »

    bonjour
    le scenario est le m^me depuis quelques temps . menacesde boycot des examens, casse, greves desenseignants du secondaire et du supérieur à l’apporche des exemens. fianlement c’est tous les parents d’éleves ou d’étudaints qui sont pris en otage, qu’il soit fonctionnaire ou pas.. je trouve que les journalistes devraient faire un dossier comparatif pour nous edifier sur les salaires des fonctionnaires des differents coprs de métiers en particulier le corps de la sante et le corps des enseignants(instituteurs, professeurs des lycees et collages , et universitaires) comparées aux autres corps qui n’ont pas comme le personnel de la sante et del’enseignement les moyens de pression comme les coprs sus cites.on verra plus clairs sur la légitimité des revendications . on saura à travail égal qui est mieux loge que qui en termes d’avantage.les journaux doivent faire leur metier aux citoyens de juger.. tout en saluant les sacrifices que déploient nos braves enseignants pour encadrer nos enfants et l’abnégation du personnel médical pour nous soigner je suis un citoyen qui veut comprendre afin de mieux situer les parts de responsabilité

    • Le 15 mai 2013 à 14:44, par tasma En réponse à : Autant le dire… : « Se bagarrer sans déchirer les habits »

      Cessons d’utiliser les enfants pour exposer nos problèmes. Ce n’est pas bien. Les Soumane TOURE ont milité ici et ont bousculé bien de gouvernements mais ne se sont servis des enfants comme paravent. Pas bien. Une bavure est vite arrivée et ceux qui ont fait sortir les enfants pour leur cause pointent rarement le nez pour assumer. Au contraire on rejette tout sur le pouvoir. Soyons responsables en éloignant les enfants de la recherche des solutions à nos problèmes.

      • Le 17 mai 2013 à 10:49, par SS En réponse à : Autant le dire… : « Se bagarrer sans déchirer les habits »

        Attention ! En parlant de Soumane et donc du PAI, il faut savoir que la LIPAD était un "bras armé" du PAI. Mieux, le champ d’action de la LIPAD était le milieu scolaire.
        Les élèves ont des droits qu’ils doivent pouvoir exprimer mais en respectant leurs devoirs vis-à-vis de la société.

  • Le 15 mai 2013 à 14:56, par touwendé En réponse à : Autant le dire… : « Se bagarrer sans déchirer les habits »

    Autant les nations unies condamnent l’exploitation des enfants à des fins commerciales, autant nous devons condamner l’exploitation des enfants à des fins politiques ou syndicales. L’enfant c’est l’innocence toute crue et se livre souvent à tous les excès à cause de son énergie débordante. Cessons d’exploiter la bonhomie et cessons de faire d’eux, le porte parole des causes que les adultes ne veulent pas assumer. NON A L’EXPLOITATION EHONTEE DES ENFANTS.

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