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Utilisation des résultats de la recherche en sciences sociales : Une étude pour mieux cerner les contraintes et conditions

Publié le lundi 13 mai 2013 à 12h33min

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Utilisation des résultats de la recherche en sciences sociales : Une étude pour mieux cerner les contraintes et conditions

Les chercheurs burkinabè cherchent et trouvent. Y compris ceux opérant dans les sciences sociales et humaines. Malheureusement, les fruits de leurs travaux sont méconnus et peu utilisés par le grand public. Pour savoir les raisons de cette non appropriation, une équipe de l’Institut des sciences des sociétés (INSS) vient de réaliser une étude sur les « Contraintes et conditions d’utilisation des résultats de recherches en sciences sociales et humaines au Burkina Faso ». Dirigée par Mamadou Lamine Sanogo, directeur de l’INSS, l’équipe de recherche a mis un mois pour réaliser son travail. La restitution a eu lieu le 02 mai 2013 à Ouagadougou.

Ils étaient une vingtaine de chercheurs, enseignants-chercheurs, représentants d’organisations de la société civile et journalistes à apporter leur touche au document à travers critiques et amendements. Et c’est la salle de conférence du centre Jean Paul II de Ouagadougou qui a servi de cadre aux travaux. Une journée au cours de laquelle, le document a été passé en revue, aussi bien dans le fond que dans la forme.

Cette étude de 43 pages a été réalisée dans le cadre du projet MRSI/CRDI sur la valorisation et l’utilisation intense des travaux de la recherche, un projet piloté par le secrétariat permanent du Forum national de la recherche scientifique et technique (SP/ FRSIT). C’est d’ailleurs le SP/FRSIT qui a financé l’étude.

La recherche fait des résultats au Burkina

La recherche scientifique et les activités d’invention et d’innovation ont généré de nombreux résultats susceptibles de contribuer au développement endogène du Burkina Faso. Ces résultats existent aussi bien dans les domaines des sciences biophysiques que dans ceux des sciences économiques, sociales et humaines. Certains résultats obtenus au sein des laboratoires ont pu, de façon partielle ou entière, être mis en œuvre au profit des bénéficiaires nationaux. Cependant dans la plupart des cas, les résultats de la recherche sont peu connus par les utilisateurs potentiels, donc peu utilisés et peu valorisés. Conséquence : ils n’ont pas d’impact réel sur le développement.

Pourtant d’un point de vue formel, les structures de valorisation des résultats des recherches existent. Ce sont entre autres le CNRST, le FRSIT, INERA… Si on constate une avancée notable du domaine des technologies agricoles et alimentaires, celui de la recherche en sciences sociales et humaines manque de visibilité.

Comment se traduit sur le terrain cette volonté politique de valorisation des résultats de recherche en sciences sociales et humaines ? Est-ce que les structures existantes ne privilégient pas d’autres sciences au détriment de celles sociales et humaines ? Comment peut-on mesurer le niveau de valorisation des résultats de recherche de ce secteur sur le terrain ?

C’est pour apporter des éléments de réponses à ces préoccupations que le « projet de valorisation des résultats de recherche et des innovations technologiques au Burkina Faso » a commandité cette étude. Objectif : mieux cerner les contraintes et les conditions d’utilisation des résultats de recherche en sciences sociales et humaines.

Une diversité de productions

Les auteurs de l’étude précisent tout de même la diversité des travaux de recherche concrets existant. Il s’agit dans l’ensemble des rapports d’étude, des rapports annuels de travail, des enquêtes périodiques, des études faisabilité, des études évaluatives, des guides de travail.
L’institut public chargé de piloter la recherche en sciences sociales et humaines, l’INSS, a produit une quantité importante de résultats aussi bien dans le domaine de l’éducation, de la socio-économie, de l’anthropologie, de l’histoire et des sciences politiques, de la linguistique et des langues nationales, sur le foncier et l’aménagement urbain, etc. « Si certains sont exploités par une catégorie d’utilisateurs scientifiques, il est à regretter que leur prise en compte dans les prises de décisions même les plus décisives dans la gouvernance et l’orientation économique… demeure timide et très peu visible », note l’étude.

La communication, l’épine dorsale

La communication occupe une place primordiale dans la valorisation et la vulgarisation des résultats de recherche. Mais, elle n’est pas toujours bien assurée. Les difficultés évoquées pour justifier cet état de fait ont pour noms : manque de moyens financiers, ignorance de l’existant par de nouveaux commanditaires, etc.

Les auteurs de l’étude proposent des mécanismes pour résoudre ces problèmes ou du moins les contourner. Il s’agit de mettre l’accent sur : l’information en ligne, l’organisation de manifestations telles que les ateliers de restitution et de validation d’une recherche donnée ou de capitalisation d’acquis d’une expérience. Les journalistes et les PTF sont par la suite invités pour la présentation des résultats définitifs de la recherche.

Mais pour que cela marche, les autres acteurs doivent jouer pleinement leur rôle. Pour ce faire, il est nécessaire d’avoir des cadres formels d’échanges entre chercheurs, bénéficiaires, innovateurs, décideurs, chefs d’entreprise, etc.

Travailler en synergie

S’il est bon d’intensifier l’information sur les fruits de la recherche en sciences sociales, il convient surtout de développer une synergie d’action entre utilisateurs de ces résultats, décideurs politiques et chercheurs, tel que recommandé par les conclusions des différentes rencontres tenues notamment à Bobo (à l’intention des journalistes) et à Koudougou (rencontre tripartite chercheurs-médias-OSC). « Cela pourrait accélérer l’adoption et l’adaptation de ces résultats aux réalités socio-culturelles et impacter de façon significative le développement socioéconomique », soutient Mamadou Lamine Sanogo et ses co-auteurs.

Egalement des suggestions ont été faites à l’endroit de l’INSS pour entreprendre des actions fortes telles que :
- la mise en œuvre d’une stratégie de valorisation à travers des services ayant un statut juridique précis et un financement conséquent ;
- la prise en compte de tous les besoins de recherche d’accompagnement des organismes de développement et des ministères à travers des contrats d’objectifs ou des protocoles ;
- l’animation permanente des vitrines de la recherche en sciences sociales sous forme d’exposition et d’exposés sur les résultats dans les différentes régions, provinces et communes du Burkina ;
- le développement des partenariats avec des institutions sous-régionales et internationales pour l’accompagnement de la recherche en sciences sociales, etc.
Autre proposition : voir la prise en compte du volet sciences sociales dans tous les projets sollicitant le financement du Fonds national pour la recherche, l’innovation et le développement (FONRID).

Difficultés rencontrées

L’équipe de recherche a mis 30 jours pour finaliser le document. Et les difficultés n’ont pas manqué, la principale étant la non disponibilité de nombreuses personnes ressources au moment du passage de l’équipe de recherche malgré les rendez-vous préalablement définis de commun accord. Toute chose qui a conduit à la non prise en compte de l’aspect quantitatif qui « aurait donné sans doute une photographie des différentes catégories d’études produites selon des périodes bien distinctes et les situations de leur applicabilité ». Mais cela n’enlève en rien la qualité du document, ont estimé les participants à l’atelier de validation.

Moussa Diallo
Lefaso.net

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