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Fête du Travail à Bobo-Dioulasso : « Non à l’intervention des armées étrangères au Mali »

Publié le mardi 7 mai 2013 à 18h31min

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Mercredi 1er mai 2013 à Bobo-Dioulasso, un millier de personnes célèbrent la Journée internationale du Travail. Sur le fronton de la Bourse du Travail, une banderole dénonce l’intervention étrangère au Mali, intervention considérée comme l’instrument d’une « reconquête coloniale ».

Partout dans le monde, la Journée Internationale du Travail permet aux mouvements syndicaux de faire entendre la voix des travailleurs et d’exiger des progrès sociaux tangibles pour tous les secteurs de la société. Cette année, le 1er mai aura été l’occasion pour les organisations syndicales des Hauts-Bassins de désavouer sévèrement « l’occupation du Mali ».

Dans un communiqué rendu public, les centrales syndicales CGT-B, CNT-B, CSB, FO/UNSL, ONSL et USTB et la plupart des syndicats autonomes des Hauts-Bassins ont dressé un bilan très critique de la situation internationale et régionale. « L’on assiste à une véritable reconquête coloniale du continent sous couvert de principes dits « humanitaires ». L’impérialiste français […] s’est transformé en « sauveur » de démocraties, fomentant une guerre d’agression en Libye, intervenant militairement en Côte d’Ivoire, et au Mali, en instrumentalisant l’Union africaine, la CEDEAO et autres prétendus médiateurs de la crise malienne. »

Selon les syndicats signataires, la France compte en réalité assurer ses intérêts, en particulier le contrôle des sous-sols sahéliens, riches en ressources pétrolières et minières, et continuer à gérer ses zones d’influences, son « pré-carré » africain. Soulignant « l’absence de souveraineté et de démocratie véritable en Afrique en général et dans les pays de la sous-région », les syndicats des Hauts-Bassins exigent « le retrait des forces d’occupation françaises de la sous-région et du Burkina ».

Un autre « son de cloche »

Voilà bientôt 4 mois que le président français a déclenché « l’opération Serval ». Officiellement, pour débarrasser le Nord-Mali de groupes armés hostiles à la liberté et à la démocratie et pour mettre un terme à leur progression en Afrique de l’Ouest. Malgré la surprise et le consentement généralisé par les principaux média, certains observateurs n’ont pas tardé à remettre en cause les agissements de l’ancienne puissance coloniale. La présence permanente de troupes françaises dans de très nombreux pays africains ; les accords passés par les services secrets avec le MNLA ; ou encore le degré de préparation de l’intervention, qui en dit long sur le temps dont a disposé la France pour proposer et appuyer des alternatives à la guerre, plus « locales », durables.

Serge Halimi, rédacteur en chef du mensuel Le Monde diplomatique écrivait en février dernier à propos de l’opération Serval : « Comment se résigner à ce que des bandes armées porteuses d’une idéologie et de pratiques obscurantistes puissent menacer les populations du Sud après avoir terrorisé celles du Nord ? Mais comment ignorer que l’invocation de mobiles humanitaires, la propension à criminaliser les ennemis politiques […] servent presque toujours de prétextes à des opérations militaires qui réactivent les soupçons de néocolonialisme – et qui se terminent mal ? »

Lundi 22 avril 2013, alors que la France avait déjà entamé officiellement le retrait de ses troupes, l’Assemblée nationale et le Sénat ont voté la prolongation de l’opération Serval au Mali. Le « pays des droits de l’homme » prendra part au commandement de la Mission internationale des Nations unies pour le soutien au Mali (MINUSMA), créée le 25 avril par l’ONU, et disposera d’une force militaire « parallèle » à la mission onusienne. Selon un article de l’association « Survie », qui lutte pour la transparence de la politique française en Afrique, « la France continuera de peser lourdement sur les choix politiques maliens, comme elle le fait actuellement, en poussant à l’organisation d’élections suivant un calendrier irréaliste et en incitant les autorités maliennes à négocier avec le MNLA. »

Invitée du Forum social mondial à Tunis en mars 2013, l’ex-ministre malienne de la Culture, Aminata Traoré déclarait : « la guerre qui a été imposée aujourd’hui au Mali n’est pas une guerre de libération du peuple malien, mais une guerre de pillage des ressources [...] une guerre de positionnement pour une ancienne puissance coloniale ».

Mme Traoré s’était vue accordée un « visa » pour se rendre à Berlin du 17 au 19 avril. Fait pour le moins surprenant, l’ambassade d’Allemagne l’a informée que la France a empêché l’obtention de son visa pour tous les pays européens. Initiatrice de l’appel des femmes du Mali contre la guerre, elle était invitée à Paris pour exposer ses prises de position contre l’intervention française, lors d’une réunion publique intitulée « Non à la guerre au Mali ! Retrait des troupes ! », prévue... le 22 avril 2013.

Henri Le Roux/Stagiaire

L’Express du Faso

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Vos commentaires

  • Le 7 mai 2013 à 23:12 En réponse à : Fête du Travail à Bobo-Dioulasso : « Non à l’intervention des armées étrangères au Mali »

    Helas ! Que vous avez raison, chers syndicalistes. Mais quand l’Afrique a perdu l’initiative depuis les premiers jours de l’independance en signant ces "sales accords de défense", elle ignorait qu’elle se condamnait pour une longue période.
    Avions nous le choix de la décision française de bombarder la Libye ? Non. Avions nous le choix d’un autre partenaire pour nous sortir du bourbier djihadiste issu de ce bombardement ? Non. Nous aurions accepté même le diable. Alors, la France est une "bonne affaire" pour le commun des Africains qui ne voit pas tout le montage politico/ militaro/ diplomatique pour notre recolonisation. Nous voilà encore dans les griffes du coloniateur. Par le manque de vision stratégique et de perspectives de nos politiciens.

  • Le 8 mai 2013 à 06:29, par fongnon En réponse à : Fête du Travail à Bobo-Dioulasso : « Non à l’intervention des armées étrangères au Mali »

    g croi ke les syndica doivet etre objectif !sans l’intervention serval, la france a et concerve ses interets au mali.entre la france ki preserve ses interets matériel et les terroristes qui tuent,mutilent,violent,detruisent les mausolé,traumatisent la population,lequel préférer vous ?lorsque les djihadiste occupaient le mali,quelle etait votre position ?c’est facile de dire a la france de se retirer,mais qu’est ce vous proposer ?vous manger lors des rencontres gouvernement syndicat sans rien obtenir et vous vous occuper de ce qui ne vous regarde pas !

  • Le 8 mai 2013 à 06:49, par Le Che En réponse à : Fête du Travail à Bobo-Dioulasso : « Non à l’intervention des armées étrangères au Mali »

    Une belle initiative. Tous les actes de terrorisme sont criminels et injustifiables,ou qu’ils ai ent lieu, et quels qu’en soient les auteurs doivent etre punis sans exeptions. Comment peut-on oser sortir un tel argument alors que la france et d’autre pays occidentaux n’ont pas hesiter a’ armer et soutenir les djihadistes en libye et que ces meme pays continuent actuellement a’ soutenir ces djihadistes en syrie ?? Deux poids deux mesures ce pretexte ne sert qu’a cacher les desseins strategiques et economiques, nous avons assez de manipulations, des montages, des crimes que les occidentaux perpetuent chez nous en afrique. Aujourd’hui c’est le mali et les maliens qui souffrent,qu’il soit clair, personne ne sera epargnee.Ensemble, defendons la dignite’ de chacun de nos peuples, pour ne pas demain nous retrouver esclaves des puissants.(SVP pas de censure)

  • Le 8 mai 2013 à 08:43, par NELSON En réponse à : Fête du Travail à Bobo-Dioulasso : « Non à l’intervention des armées étrangères au Mali »

    une lecture claire et limpide de la situation internationale et sous-régionale. Il faut que les africains apprennent à lire derrière chaque situation, la réalité qui s’y cache sinon nous soutenons nous même nos propres bourreaux et c’est malheureux pour l’Afrique. Merci à l’Union d’Action Syndicale (AUS).

  • Le 8 mai 2013 à 08:46, par La conscience En réponse à : Fête du Travail à Bobo-Dioulasso : « Non à l’intervention des armées étrangères au Mali »

    Il est important que nos syndicats sache raison garder. Considérant, ce qui s’est passé au nord Mali, et les travailleurs qui ont perdu leur emploi et leur moyens de subsistance du fait de l’activité nuisible des djihadistes, il est étonnant de voir cette prise de position de nos "syndicats ". La situation des femmes doit être un point important de la lutte syndicale.

    Si c’est pour nous débarrasser des djihadistes et de leur complice les troupes étrangères sont les bienvenues mais seulement au Mali, mais aussi au BURKINA FASO. N’a déplaise à des esprits nostalgiques des luttes coloniales.

  • Le 8 mai 2013 à 08:53, par bedjan En réponse à : Fête du Travail à Bobo-Dioulasso : « Non à l’intervention des armées étrangères au Mali »

    Dtes nous aussi comment Mme traoré compte faire face aux islamistes ?? Elle t elle certaine que l’armée malienne pouvait libérer le pays ?? Si elle avait été résidente de Gao ou Tombouctou pendant l’occupation elle ne parlerait pas ainsi !!! C’est facile de rester à Bamako pour dire n’importe quoi !!! ce genre d’individus en mal de publicité -comme calixthe belaya- commence à devenir une plaie pour l’Afrique !
    AUX syndicats qui relayent sa position, je demande de nous dire ce qu’ils proposent pour libérer le Mali des islamistes !! je croix que qu’il vaut mieux concentrer et consacrer vos énergies à l’amélioration des conditions de vie des travailleurs burkinabè ! Epargnez nous des litanies de ces pseudos intellectuel(le)s,dont la seule raison de vivre est d’avoir toujours une voix dis-concordante !!!!!!

  • Le 8 mai 2013 à 10:00 En réponse à : Fête du Travail à Bobo-Dioulasso : « Non à l’intervention des armées étrangères au Mali »

    Mme TRAORE doit être contre les maliens. Elle pense à son propre intérêt qu’elle ne va plus avoir avec les nouvelles élections de juillet.

  • Le 8 mai 2013 à 10:36, par July En réponse à : Fête du Travail à Bobo-Dioulasso : « Non à l’intervention des armées étrangères au Mali »

    C’est bien de manifester contre les puissances occidentales mais il faudra que l’Afrique balaie devant sa propre conscience. Qu’avons nous fait en 50 ans d’indépendance pour ne pas aller exploiter ces richesses qui nous appartiennent de plein droit ? Au contraire nous nous sommes compromis avec ces mêmes puissances pour brader ces richesses en remplissant les banques suisses de nos espèces sonantes. Le réveil, ce n’est pas contre les autres mais nous même, qui sommes complices de notre propre sort et nos malheurs. Osons espérer que nos fils et petits fils saurons retrouver la voie que d’autres ont si bien voulu tracer et nous y conduire mais……

  • Le 8 mai 2013 à 22:34, par Tchienkadi En réponse à : Fête du Travail à Bobo-Dioulasso : « Non à l’intervention des armées étrangères au Mali »

    Chers amis, il est plus facile de s’asseoir au Burkina et de ne pas comprendre ce qui se passe. Auriez-vous accepté au Faso qu’on vous prive de liberté comme cela c’est passé au nord Mali ? Auriez-vous accepté qu’on vous coupe les mains sous prétexte d’un simple témoignage de vole ? Auriez-vous supporté qu’on vous amène sur la place publique comme un criminel pour vous donnez 100 coups de fouets parce qu’on vous a surpris avec une cigarette ou en petite causette avec une fille. Auriez-vous accepté qu’on viole vos femmes, vos filles sans que vous ne puissiez lever le regard ?
    La France a certes des défauts, mais sans elle, Dieu seul sait dans quel état serait le Mali aujourd’hui.
    Mme Traoré a bien raison de demander à l’armée française de quitter le Mali. Où était-elle quand les djahdistes terrorisaient le peuple du nord Mali ?
    Je pense un peu au bas peuple qui ne pouvait pas avoir le luxe comme Aminata Traoré de quitter rien que le nord, n’en parlons pas du pays ?
    Pensons un peu à ceux qui ont souffert et qui continu de subir ces terroristes. Merci.

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