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Démantèlement d’un réseau de faussaires : Ils se faisaient passer pour des « facilitateurs » dans la vente des parcelles

Publié le dimanche 5 mai 2013 à 22h40min

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Démantèlement d’un réseau de faussaires : Ils se faisaient passer pour des « facilitateurs » dans la vente des parcelles

Le commissariat de police de l’arrondissement de Bogodogo vient de démanteler un réseau d’arnaqueurs spécialisés dans le faux et usage de faux en écriture publique et dans l’escroquerie. Amado Nikièma (cerveau de la bande) et ses quatre acolytes ont été mis aux arrêts le 19 avril dernier grâce à la vigilance des agents de l’ONI. Ils opéraient dans la vente de parcelles en tant que « facilitateurs » depuis une décennie à Boulmiougou.

La bande est composée de cinq personnes, tous résidant à Boulmiougou. Le présumé cerveau se nomme Amado Nikièma, 38 ans, employé de commerce. Ses acolytes sont : Emile Toé (l’officier d’état civil du groupe), 53 ans, employé de commerce ; Hyppolite Kaboré, 35 ans, étanchéiste. Boukaré Simporé, 38 ans, jardinier et Dénis Zongo, 45 ans, employé de commerce complètent la liste.

Le 19 avril 2013 aux environs de 9h, les deux derniers (Boukaré Simporé et Dénis Zongo) tentaient de se faire établir des cartes nationales d’identité burkinabè (CNIB) avec des actes d’état civil falsifiés. Les agents de l’office national d’identification (ONI) les ont intercepté et alerté le commissariat de police de l’arrondissement de Bogodogo qui a vite mobilisé une équipe et procédé à l’interpellation des intéressés.

Leur audition a permis d’établir qu’ils évoluaient dans un « réseau de faussaires spécialisés dans l’établissement et la falsification des documents d’état civil destinés à la vente frauduleuse de parcelles ». Poursuivant les investigations, la brigade de recherche interpellera successivement et le même jour le reste de la bande.

Modes opératoires

Amado Nikièma et sa bande se faisaient passer pour des facilitateurs dans l’obtention des documents exigés pour la vente des parcelles, dans le démarchage et la vente des parcelles. Moyennant une somme de 100 000f au minimum, Amado Nikièma et ses comparses étaient en mesure de produire tous les documents exigés pour la vente d’une parcelle.

« Une fois en possession d’un document de parcelle comportant l’identité exacte du légitime propriétaire, Amado et ses acolytes fabriquent un extrait d’acte de naissance et un certificat de nationalité au nom du propriétaire légitime, fut-il mort ou vivant. Ces documents serviront à l’établissement d’une CNIB du propriétaire avec la photo d’une autre personne. Cette CNIB sera jointe aux documents de la parcelle pour la vente », précise le commissaire de police de l’arrondissement de Bogodogo, Serge Alain Kaboré.

Un autre mode opératoire consiste pour ces « facilitateurs » à approcher les détenteurs de fiches cartonnés distribuées lors des opérations de recensement pour lotissement. Prétextant avoir des relations avec les agents recenseurs municipaux, la bande se fait remettre les fiches cartonnées sur lesquelles figurent l’identité exacte du légitime propriétaire en promettant à ce dernier de l’aider à être bien positionné sur la liste définitive d’attribution des parcelles.

Lorsqu’ils sont informés que certains numéros qu’ils détiennent ont été retenus pour l’attribution définitive, Amado Nikièma et ses amis s’empressent d’établir un extrait de naissance ou un certificat de nationalité, puis une CNIB au nom du propriétaire légitime avec la photo d’une autre personne.

« La photocopie falsifiée de la CNIB et de la fiche cartonnée sont alors déposées au guichet unique du foncier afin d’avoir l’attestation d’attribution. Avec cette attestation, la bande écoule elle-même la parcelle à l’insu du propriétaire légitime », raconte le commissaire de l’arrondissement de Bogodogo.

Ainsi, plusieurs dizaines d’héritiers indélicats ont ainsi eu recours aux services de cette bande pour vendre la parcelle familiale à l’insu des autres membres de la famille. C’est également des centaines de personnes attributaires de parcelles à Boulmiougou entre 2003 et 2013 qui ont ainsi été spoliés de leurs parcelles à leur insu.

Résultats des perquisitions

Les différentes perquisitions effectuées dans le cadre de cette enquête ont permis de saisir :
515 documents de références de parcelles ; 181 photocopies de CIB ; 193 photocopies de CNIB ; 55 photocopies d’acte de naissance, 5 photocopies de certificat de nationalité ; 6 coupons d’extrait de naissance et de certificat de nationalité ; une photocopie de CIB portant la photo de Toé Emile et le nom de Traoré Yacouba ; 2 clés USB contenant une cinquantaine d’extraits de naissance et de certificats de nationalité déjà établis ; une somme de 4 000 000f CFA en espèces.

Amado Nikièma et ses acolytes disent mener leurs activités à Boulmiougou depuis une décennie. S’ils affirment ne pas être en mesure de dénombrer les parcelles qu’ils ont pu écouler par ces procédés, ils reconnaissent tout de même avoir engrangé plusieurs centaines de millions de francs CFA.

Faux et usage de faux en écriture publique, association de malfaiteurs, escroquerie et usurpation d’identité, ce sont entre autres faits dont ils doivent répondre. Ils seront présentés au procureur du Faso dès ce lundi.

Appel à la vigilance

Tous ceux qui, de bonne foi, ont eu recours aux services de la bande à Amado Nikièma à un moment donné, sont invités à prendre attache avec les services compétents pour procéder à toutes les vérifications afin de s’assurer qu’ils n’ont pas été arnaqués. Au regard de la spéculation foncière grandissante que connait notre pays, le commissaire Serge Alain Kaboré invite les potentiels vendeurs de parcelles à redoubler de vigilance face à toute opportunité d’affaires.

Par ailleurs, il invite les populations à redoubler de prudence et à collaborer avec les services de sécurité en dénonçant tout acte suspect à travers les numéros verts : 10 10 ; 17 et 16.

Moussa Diallo

Lefaso.net

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