LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Nous sommes lents à croire ce qui fait mаl à сrοirе. ” Ovide

Tunisie : Le mariage forcé entre opportunités universitaires et racisme

Publié le vendredi 26 avril 2013 à 20h25min

PARTAGER :                          
Tunisie : Le mariage forcé entre opportunités universitaires et racisme

La Tunisie s’affiche aujourd’hui au rang des pays africains à fortes potentialités universitaires. La qualité et la diversité de ses formations universitaires attirent beaucoup d’étudiants et stagiaires. Mais l’autre réalité du terrain, c’est qu’il faut composer avec le racisme. Le racisme, oui ! Beaucoup de gens et même des Tunisiens qui ont connu le reste du monde, en parlent, le dénoncent.

Présente à Ouagadougou le 15 avril dernier dans le cadre de la mission d’hommes d’affaires tunisiens, la Tunisienne Chedia Ben Turkia dit se garder de s’étaler pour la presse, sur le racisme dans son pays. A la fois membre du Conseil d’administration de l’Université centrale de Tunis et chargée en son sein, de la communication et de la coopération internationale, Mme Ben Turkia parle avec passion et d’un ton attrayant du monde universitaire en Tunisie. La situation de la femme tunisienne en générale, il en a aussi été question dans le cadre de l’entretien qu’elle nous a accordé. Lisez !

Lefaso.net : A quelles fins êtes-vous à Ouagadougou ?

Chedia Ben Turkia (C B T) : Nous sommes de l’université centrale de Tunis qui est un groupe de six institutions de formation et d’enseignement supérieur la plus grande en Tunisie. Nous avons quatre grandes écoles supérieures et deux écoles professionnelles. Nous sommes là - déjà nous sommes venus plusieurs années avant- dans le cadre de la mission d’hommes d’affaires tunisiens qui ont bataillé pendant quelques années pour avoir une ligne directe entre Tunis et Ouagadougou.

Pour moi, l’objectif de ses rencontres, c’est de renouer avec les étudiants, de faire valoir les universités qu’on a, les diplômes qu’on propose, pour qu’on puisse avoir de nouveaux étudiants burkinabè. On fait de la prospection au niveau de l’enseignement supérieur et de la formation professionnelle.

Quelles sont les filières de formation que vous offrez ?

CBT : On offre beaucoup de filières dans l’ingénierie, l’informatique à l’école polytechnique centrale. On offre des filières dans le domaine paramédical, l’obstétrique, les soins intensifs, les services infirmiers. Et c’est le système LMD. On peut aller jusqu’au doctorat. On offre aussi des formations en droit, gestion, comptabilité, le management, la communication et l’art. Nous avons deux écoles professionnelles dans lesquelles on peut recevoir des étudiants même sans bac. On y prépare le bac professionnel pour continuer des études supérieures.

Combien sont-ils, les étudiants burkinabè qui sont dans vos universités et quelle appréciation d’ensemble faites-vous sur eux ?

CBT : Ce sont des étudiants très brillants, je ne vous jette pas des fleurs. Ce sont des gens calmes qui veulent vraiment étudier. Mais ils ne sont pas nombreux par rapport à d’autres nationalités. Ils sont une bonne cinquantaine dans tout le groupe pour un millier d’étudiants étrangers, c’est vraiment très peu. Ceci est dû certainement à beaucoup de freins comme l’absence d’ambassade pour délivrer les visas, l’absence de vols directs. Mais j’espère qu’avec l’ouverture de la ligne aérienne directe, beaucoup de choses vont changer pour les jeunes.

Qu’en est-il des procédures administratives au sein de vos universités en matière d’offres académiques et sociales ?

CBT : En général, tout dépend de ce que l’étudiant fait comme filière de formation. Une fois à Tunis, l’étudiant a toutes les facilités, mais les problèmes surgissent surtout quand il veut venir. C’est pourquoi, nous avons demandé l’abolition du visa entre la Tunisie et le Burkina Faso. Ça ne sert à rien d’ouvrir une ligne aérienne directe tout en maintenant le visa. On est en train de batailler pour cela.

Pouvez-vous nous présenter le monde estudiantin de l’université centrale de Tunis dans son aspect multiculturel et multiracial ?

CBT : Nous avons 32 nationalités dans notre université. Nous aidons les étudiants à se connaître mutuellement. Pourquoi ? Si on ne leur donne pas l’occasion de faire du sport, des excursions ensemble, le risque est grand qu’on trouve des nationalités qui vivent toutes seules dans un petit coin. On a créé cette dynamique avec l’association des étudiants africains en Tunisie et on est en train de tout faire pour réussir ce brassage pour que l’étudiant, au bout de ses quatre ou cinq années d’études, puisse se retrouver avec un carnet d’adresses qui peut faire de lui un très bon chef d’entreprise. Ce brassage culturel pour nous, est très important pour l’étudiant.

Nous avons 70% d’étudiants tunisiens, 30% étrangers venant de 32 pays (Algérie, Burkina Faso, Maroc, Belgique, France, Russie, etc.). C’est un melting pot entre l’Europe et l’Afrique.

Le racisme, on le dénonce très souvent en Tunisie. Qu’en est-il et comment travaillez-vous à contenir des incidents racistes au sein de votre université ?

CBT : Vous savez, il y a des problèmes entre tunisiens aussi, comme il peut y en avoir entre burkinabè. C’est le propre de la vie estudiantine. Il y a quelques fois des problèmes administratifs tenant surtout aux lenteurs administratives, mais ce n’est pas du racisme. Je ne considère pas cela comme étant du racisme.

La Tunisie est dans une phase transitoire, nous sommes en train de migrer vers la démocratie. Dans ce sens, toute notre administration a été chambardée. Et on se retrouve avec des gens qui ne maîtrisent pas les procédures administratives ; ce qui engendre de petites lenteurs.

Le tunisien est très ouvert à l’autre ; c’est un pays de 3 000 années d’histoire qui a reçu des étrangers de partout. Ce n’est pas maintenant qu’il va être raciste, le tunisien. Quelques fois, les étudiants croient que c’est du racisme ; non, ce sont des problèmes administratifs. Je tiens à préciser que ce n’est pas du racisme.

Voulez-vous dire qu’il n’y a pas, au sein de votre université, des traitements inéquitables au regard de la couleur de la peau ?

CBT : Les sud-tunisiens, sont tous des noirs. Les tunisiens noirs sont très nombreux aussi. Dans la rue, qui peut vous dire que vous n’êtes pas tunisien. Il n’y a pas de problème tenant à la couleur de la peau ; pas du tout. La Tunisie, c’est l’Afrique aussi hein !

La Tunisie n’est pas en occident où tout le monde a la peau blanche, de sorte que la couleur noire puisse déranger un peu.

Qu’en est-il de l’insertion socio-professionnelle de la femme en Tunisie ?

CBT : La femme tunisienne est l’égale de l’homme. Voyez-vous, je suis une femme mais je suis venue ici. Je voyage très souvent, en moyenne tous les 15 jours.

La femme est dans tous les domaines. La Tunisie fait partie des pays arabo-musulmans qui ont aboli la polygamie. Pour le moment, il n’y a pas de problème pour la femme.

Même avec cette transition, les nouvelles autorités ont annoncé ne pas toucher aux acquis de la femme ; mieux ils annoncent vouloir les renforcer. Et j’espère que ce sera vrai.

Quel le combat que vous menez aujourd’hui sans merci au profit de votre pays ?

CBT : C’est le combat économique. Ça me tient à cœur. On a beaucoup omis l’ouverture vers les pays subsahariens de l’Afrique en travaillant avec l’Afrique du nord. Nous avons une méconnaissance de l’Afrique subsaharienne.

Nous les Hommes d’affaires de maintenant devons pousser les politiques à s’atteler vers cette ouverture naturelle. Nous sommes chez nous, nous sommes dans notre continent. Nous sommes dans un même continent, n’est-ce pas ? C’est naturel qu’un tunisien veuille partir au Burkina, au Sénégal. Pour nous, il faut de l’accompagnement politique. Il nous faut une ambassade ici au Burkina.

Peut-on s’attendre à l’amélioration de vos capacités d’accueil au profit particulièrement des étudiants burkinabè pour les années à venir ?

CBT : Oui ; moi je pense que leur nombre va doubler, et même tripler très vite. Je crois qu’actuellement, ils en tout 250 étudiants dans toute la Tunisie. Je suppose qu’avec l’ouverture de cette ligne aérienne, ce chiffre va certainement doubler cette année, et même quadrupler, parce qu’il y a beaucoup de places pour eux. On les aime beaucoup, ce sont des gens très calmes, très corrects. Ils sont aimés par toutes les autres nationalités, parce que ce ne sont pas des gens belligérants, pas du tout ! Ce sont des gens qui savent parler et qui travaillent beaucoup.

Entretien réalisé par Fulbert Paré

Lefaso.net

PARTAGER :                              

Vos commentaires

  • Le 26 avril 2013 à 22:13, par Alexio En réponse à : Tunisie : Le mariage forcé entre opportunités universitaires et racisme

    Je suis tres d accord avec vous de l overture tunisienne sur l Afrique subsaharienne pour votre strategie economique. Mais le probleme est que les habitants de l afrique du nord ont toujours preferes se rapprocher des Europeens qui vivent dans l autre bout monde que d explorer l Afrique Subsaharienne. Je vis en en Europe, a des copains Tunisiens,Marocains qui commence a comprendre que l Afrique noire etait leur equation a plusieurs inconnu du a la politique de leur pays accompagner des infos en desinformations. Maintenant vous avez du pain sur la planche.

  • Le 27 avril 2013 à 01:14, par PUISSANCE 21 En réponse à : Tunisie : Le mariage forcé entre opportunités universitaires et racisme

    Madame Ben Turka, cela s’appelle deni de la realite. Le racisme contre les Noirs existe bel et bien en Tunisie et dans les autres pays maghrebins. Il faut le reconnaitre d’abord, l’evaluer et apporter des solutions idoines pour le resoudre.

  • Le 27 avril 2013 à 02:29, par popito En réponse à : Tunisie : Le mariage forcé entre opportunités universitaires et racisme

    operation de seduction d’etudiants burkinabe pour aller etudier en tunisie, les gars ouvrez les yeux, cette femme ne dit pas la verite en ce qui concerne le racisme en tunisie du moins elle fais semblant de ne pas le voir. les gars pour etudier, viser l’europe ou l’amerique du nord, laissez les fu..ck de racistes complexes du maghreb.

    • Le 27 avril 2013 à 12:06, par Ouvrez vos yeux En réponse à : Tunisie : Le mariage forcé entre opportunités universitaires et racisme

      Pourquoi meme aller etudier en Tunisie pendant que les Tunisiens eux vont au Canada, USA, Europe ?
      J’espere que la tendance changera un jour, ou ce seront les Tunisiens qui doivent venir etudier au Burkina. Nous on en a une cinqtaine d’etudients chez, eux ils en ont combien chez nous...?
      Il faut arreter de chercher les raccourcis et les a cotes, ca ne va pas tres loin. Jeune Burkinabes, reves loin ! Developpons l’universite Burkinabe pour attirer les cerveaux de parts et d’autre au lieu d’envoyer nos cerveaux ailleurs.

      • Le 28 avril 2013 à 08:06, par EtudiantATunis En réponse à : Tunisie : Le mariage forcé entre opportunités universitaires et racisme

        tu pense que ce sont les mêmes fonds entre 6millions l’année et 15 millions tu vois donc pas l’ecart abyssal ?n’importe quoi.
        Et puis dit moi pour quel raison un etudiant tunisien viendra etudiant chez nous .aucune ecole d’architecture aucune ecole polytechnique stp arrete de rever.sans compter qu’en medecine ils sont plus developpé. en droit on etudie pas le même Droit.Dit moi qu’est qu’il doivent venir apprendre chez nous. Saches que chacun vise mieux et je suis desole de le dire notre pays es en arriere sur le plan educatif

        • Le 28 avril 2013 à 19:39, par Etudiant Burkinabè En réponse à : Tunisie : Le mariage forcé entre opportunités universitaires et racisme

          EtudiantATunis tu as peu être raison sur le fait que nous soyons en retard par rapport à la Tunisie, mais tu ne connais pas pas bien non plus l Burkina, ou alors tu es tellement ébloui par ce la Tunisie que tu commence à ignorer le Burkina. il y a bel et bien des universités polytechniques (lUPB à Bobo et les 2IE à Ouaga) qui accueillent des étudiants de toute l’Afrique Gabon, Tchad... Avec des profs compétents qui forment très bien pour que que les moyens suivent. Je suis de l’UPB et aujourd’hui je n’ai aucun complexe devant m’importe que autre étudiants tunisien ou européen.

  • Le 27 avril 2013 à 12:29, par Le tunisien En réponse à : Tunisie : Le mariage forcé entre opportunités universitaires et racisme

    Dangereux comme propos.Votre stragégie de marketing est inhumain.Ils sont nombreux les victimes du racisme.Attention,une nouvelle race de Burkinabè est en train de naitre.Nous avons souffert longtemps de ce racisme latent ds le monde arabo-musulman.Bonne chance

  • Le 27 avril 2013 à 13:19, par Neekré En réponse à : Tunisie : Le mariage forcé entre opportunités universitaires et racisme

    Je pense que Madame essaie d’edulcorer les choses. Certes, tous les tunisiens ne sont pas racistes, mais on peut qualifier cete société de raciste. J’y ai passé quelques mois pour des raisons professionnelles. Au bebut, naivement, je ne prêtais pas attention aux choses, mais la suite m’a reveillé.
    On ne dira pas a ceux qui veulent y aller pour les etudes de ne pas le faire, mais il faut être prêt psychologiquement sinon ça sera dur. Pour exemple, il y’a a Tunis une boite de nuit seulement pour les africains du sud du Sahara, donc gerés par des Noirs. Les non noirs ne sont pas admis a moins qu’ils ne soient accompagnés d’un Noir. C’est le racisme tunisien qui a provoqué ce repli communautaire.
    A bon enteneur, salut.

    • Le 28 avril 2013 à 07:54, par EtudiantATunis En réponse à : Tunisie : Le mariage forcé entre opportunités universitaires et racisme

      pour tout ce qui s’acharne a traité les tunisiens de raciste...je demande d’abord de faire une autocritique de soi.Moi je Suis Etudiant Burkinabé à l’université Centrale de Tunis.Rendez vous compte que très souvent les etudiants sont très complexé d’abord parce que des fils de privilégiés qui n’assument aucune frustration.Moindre desagrement et on parle de racisme.Quand les ivoiriens nous on chassé de leur pays ont les a pas traité de raciste mais on a trouver un terme plus capproprié la xenophobie car ayant la même couleur de peau.Juste pour dire que même entre nous nous avons des problemes et dès qu’il y’a difference de couleur on parle de racisme. l’ecclusion existe partout mais pour etre franc les tunisiens sont des gens bien en majorité ils sont pour le reste victime de leur renfermement car bon nombre pensent que nous dormons toujours dans les forêt.
      Bref essayons d’abord d’ameliorer notre image avant de critiquer les autresa

      • Le 29 avril 2013 à 07:37, par Tino2000 En réponse à : Tunisie : Le mariage forcé entre opportunités universitaires et racisme

        Etudiant A Tunis, l’injustice où qu’elle se manifeste doit être combattue. Si vous n’avez jamais été victime de racisme tant mieux. Mais sachez que certains en sont victimes. On n’ a jamais accepté le racisme au Burkina Faso et ce n’est pas parce qu’on a été victime de xénophonie dans un pays voisin qu’on doit accepter le racisme d’un pays maghrébin.
        Autant se taire sur toutes les attrocités constatées ça et là.

  • Le 27 avril 2013 à 16:56 En réponse à : Tunisie : Le mariage forcé entre opportunités universitaires et racisme

    Belle pub pour les étudiants burkinabé assoiffés du mythe de l’étranger dans un pays où l’éducation privé a toujours été considéré meilleur au public. Et bien pour les éventuels candidats sachez bien que ce n’est pas le cas en Tunisie où les anciennes autorités ont misé sur l’ éducation pour tous. l’éducation public (qui est fermé aux étudiants étranger sauf les quotas légaux autorisé par la Tunisie ( par exemple:7 étudiants burkinabé par an) reste meilleur au privé. Et même là encore certaines facultés stratégiques sont fermées aux étrangers. Comprenez bien que le secteur privé a été mis en place pour l’Afrique noire dont ils ont assez analysé la mentalité. Néanmoins pour les intéressés, venez ça vous ouvrira les jeux et peut être que vous direz à vos parents de miser sur l’éducation au pays. un homme prévenu vaut sont double. Mon cousin si tu a les moyens va chercher ce qui n’existe pas au Burkina ailleurs.

  • Le 27 avril 2013 à 19:05, par Lefaso En réponse à : Tunisie : Le mariage forcé entre opportunités universitaires et racisme

    Qui est fou ?Vous croyez que la femme acceptera mettre à nu son pays ?Elle va toujours dementir.

  • Le 15 septembre 2016 à 16:29 En réponse à : Tunisie : Le mariage forcé entre opportunités universitaires et racisme

    Svp dites à Mr et Mme ben turkia de rembourser les gents qui ont des cas exceptionnels
    Et ne fruistrer pas les parents et ne prennent pas des acompte pour des inscriptions pour l’année suivante et à la demande vous dites votre demande à été refusée par le PDG qui enfoncé sa tête dans .... À toute explication mais dieu et encore existant pour des gents pareils. Y’a rab takhethli hakki....... Amin y’a ali y’a ghali y’a habibi y’a Allah mes 500 Et
    Resterons à jamais dans la caisse de université centrale sans justification et sans
    m’ être rendu.
    A

 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique