De Ouagadougou à Bobo en passant par Banfora et Gaoua, le phénomène couper décaler a conquis les cœurs et continue sa belle razzia. Cette tendance musicale venue de la Côte d’Ivoire, et très prisée chez nous, n’a laissé personne impassible. Au cours de cette année qui s’achève, elle est sans conteste le rythme qui a le plus cartonné, aussi bien en boîte, en discothèque que dans les maquis. Du côté d’Africa Musica, au grand marché de Ouagadougou, le propriétaire de la discothèque, Idrissa Kouanda, est sans équivoque : "Parlant de tube qui ont bien marché, dans une discothèque comme la nôtre, revient à parler des cassettes que l’on a le plus vendues.

A ce propos, les ventes qui ont crevé le plafond sont, en première position, les As DJ. A leur suite vient le Duo Yeleen & Pris K ". D’ailleurs, depuis l’explosion du couper décaler, on a connu une chute des ventes dans les discothèques, en ce qui concerne la musique burkinabé. C’est la raison pour laquelle Idrissa Kouanda est fier de dire que c’est le collectif de DJ burkinabé, qui tient le haut du podium, puisque depuis la sortie de leur album, "Développement au Faso", son chiffre d’affaires s’est accru.

Chez Seydoni production, le chargé de communication, Issouf Saré, affirme que les cassettes que sa société a distribuées sont multiples et diversifiées. Néanmoins, pour lui, le Tango tango de la bande à Pata pata DJ est le morceau qui a le plus marché. Ce tube est talonné par "Maria" du groupe Yeleen. Il a préféré ne pas avancer de chiffre au risque de se tromper. Viennent ensuite "Biiga" de Z MO, "La guerre des fesses" du groupe Messager Pacific, et "Pa nan tchi" de Faso Kombat.

Zougnazagmda, le meilleur de sa catégorie

On se rend donc compte que les AS DJ ont donné une coloration nationale au couper décaler, car aux premières heures de l’introduction de ce rythme au Burkina, ils étaient nombreux ceux qui le rejetaient, car considéré comme une musique étrangère. A longueur de journée, on n’entend que le couper décaler sur les ondes de nos radios FM. 

De l’avis de Kader Touré, animateur à Ouaga FM et promoteur de spectacles chez VSD, il faut plutôt parler d’artistes qui ont tenu les mélomanes en haleine tout au long de 2004. Pour lui, ceux qui ont marqué 2004, en plus de ceux précédemment mentionnés, sont Smockey et Ouedson Mades au Burkina, DJ Jacob, DJ Djeff, DJ Arafat, DJ TV5, Soum Bill... en Côte d’Ivoire.

A l’instar de ces sonorités très dansantes, il y a la musique du terroir, celle qu’on dit traditionnelle. Dans ce volet, nous nous sommes référé à Bazar Music, spécialiste du domaine. Le directeur de cette maison de production, Moussa Kaboré, a fait remarquer que c’est le chansonnier Zougnazagmda le meneur du groupe. Il aurait vendu plus de 30 000 cassettes. Il y a aussi Bamogo de Nobéré, qui s’est fait une place au soleil, sans oublier Habibou Sawadogo, qui ne cesse de monter. C’est vrai que ces rythmes ne sont pas les plus écoutés, mais ils sont prisés aussi bien en ville qu’au village.

Le constat qui se dégage sur le plan culturel cette année, c’est qu’un tube n’accroche véritablement les mélomanes que s’il est soutenu par une campagne médiatique. Or, on se rend compte que beaucoup d’artistes nationaux n’ont pas de plan de promotion assez rigoureux. Si bien que des albums sortent et sombrent vite dans l’oubli. Le moins que l’on puisse espérer est que l’année 2005 soit plus créatrice, dans tous les genres.

Kader Traoré
L’Observateur Paalga