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Autant le dire… : Ça n’arrive pas qu’aux autres partis…politiques

Publié le lundi 11 mars 2013 à 20h10min

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Alors que l’Union pour le changement (UPC) de Zéphirin Diabré allait allègrement prendre possession de la gestion de la mairie du 5e arrondissement de Ouagadougou, il a été coiffé net au poteau par le Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP).

Inattendu. En toute logique, l’UPC devait diriger cet arrondissement puisqu’il totalise plus de conseillers municipaux que son rival, le CDP. Malheureusement, il a été « trahi » par un de ses propres conseillers. Et du coup, on crie au scandale. Comme si c’est la première fois qu’un cas du genre se produit. Le parti a même donné une conférence de presse sur la question. Qui, effectivement, à notre point de vue est sérieuse, voire inquiétante pour plusieurs raisons dont les plus importantes sont la menace qu’elle peut porter sur la paix sociale, la cohésion au sein des équipes municipales et le développement à la base.

A Dano, quand bien même il est majoritaire, le CDP a été battu à l’élection du maire. C’est plutôt l’UPC, minoritaire qui porte l’étendard de maire de commune. On a chanté et dansé ce jour à Dano pour avoir « abattu son ennemi politique ». A Bama dans le Houët, c’est un conseiller municipal issu de l’Alliance pour la démocratie et la fédération/Rassemblement démocratique africain (ADF/RDA) qui été élu maire alors que le parti y est minoritaire. Tous les autres membres de son équipe sont issus du CDP. Comment un tel conseil municipal peut-il fonctionner si toutefois le CDP ne veut pas digérer sa défaite ? A Dano où le même parti a perdu la mairie, la situation peut-elle continuer ainsi ? A l’arrondissement n°5 de Ouagadougou où l’UPC, malgré sa majorité a perdu le fauteuil de maire, le conseil pourra-t-il fonctionner normalement ? Dans d’autres communes, des maires n’ont pu être installés parce qu’on a estimé qu’ils n’étaient pas ressortissants du chef-lieu de la commune. Allez-y comprendre quelque chose ! Alors qu’on parle de commune, de développement local harmonisé, certains continuent de raisonner village.

Face à une telle compréhension de la démocratie d’abord par les populations électrices et les conseillers municipaux eux-mêmes, il apparait de plus en plus important d’encadrer par la loi, la mise en place des conseils municipaux. Pour faire consensus et faire participer tous les partis politiques ayant obtenu un certain nombre de conseillers municipaux dans une commune donnée, on autorise le parti majoritaire à composer son équipe municipale en tenant compte de ces partis-là. La loi pourrait bien définir les quotas. Ainsi, on éviterait les tensions inutiles consécutives à la désignation des maires. En effet, la démocratie, disait quelqu’un « est un voyage sans destination ». A chaque escale, elle peut être réadaptée pour la conformer aux exigences du moment. Car, tant qu’elle ne sert pas les intérêts des populations, du peuple souverain qui l’exerce, elle n’a plus de sens. Elle ne doit pas contribuer dans son expression, à menacer la paix sociale et à compromettre le développement. Sur la question, les partis politiques doivent s’accorder car, pour l’instant, ils sont tous victimes de ce mauvais jeu politique auquel s’adonnent les acteurs.

Par ailleurs, en plus de l’encadrement par la loi de la désignation des maires, les partis politiques devront comprendre qu’ils sont actuellement victimes du manque de formation de leurs militants. Quand on mélange la politique et les coutumes, quand les acteurs vont d’un parti à un autre à chaque élection, il y a un réel manque de conviction politique. Tant que les choses seront comme cela, la paix sociale s’en trouvera toujours menacée. Alors que personne n’y a intérêt. Au législateur de jouer sa partition, mais au politicien de jouer aussi la sienne.

Dabaoué Audrianne KANI

L’Express du Faso

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