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CEDEAO : Transitions prorogées au Mali et en Guinée-Bissau

Publié le dimanche 3 mars 2013 à 21h42min

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CEDEAO : Transitions prorogées au Mali et en Guinée-Bissau

Les chefs d’Etat et de gouvernement de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest (CEDEAO) ont livré au second jour de la 42e session ordinaire de l’organisation, le 28 février 2013 à Yamoussoukro, en Côte d’Ivoire, les conclusions de leurs travaux. Ils ont décidé de proroger les transitions au Mali et en Guinée-Bissau, d’intensifier la lutte contre le terrorisme, de lancer une nouvelle usine biolarvicide … La conférence a renouvelé sa confiance au président ivoirien Alassane Dramane Ouattara pour conduire la mise en œuvre de ces décisions.

Une Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) économiquement développée, politiquement stable. C’est l’objectif affiché par les chefs d’Etat et de gouvernement de l’espace, après deux jours de réflexion, les 27 et 28 février 2013 à Yamoussoukro, en Côte d’Ivoire.
Ainsi ont–ils réaffirmé leur engagement au développement de la région à travers un processus d’intégration économique autour de la mise en œuvre des programmes sectoriels et la consolidation du marché commun dans le respect des textes de la communauté. Ils ont jugé les performances économiques de la zone encourageantes mais ont estimé que la marge de progression reste encore grande.

Dans ce sens, ils ont recommandé, entre autres, l’assainissement du cadre macroéconomique, l’approfondissement des réformes structurelles et la diversification du tissu productif. Par ailleurs, la conférence s’est félicitée des avancées sur la finalisation du tarif extérieur commun (TEC). Des actions vont être menées avec la commission de l’Union économique monétaire ouest africaine (UEMOA) afin de faire de l’union douanière une réalité. Les chefs d’Etat se sont interpellés en vue de l’application effective du protocole relatif à la libre circulation des personnes et des biens. Chacun a été invité à travailler à mettre fin aux tracasseries sur les différents axes de transport dans la sous- région. Les Etats ont réaffirmé également leurs engagement à la conclusion d’un accord de partenariat régional « équitable et porteur de développement » avec l’Union européenne.

Ils ont encouragé la poursuite des programmes sectoriels de construction d’infrastructures, notamment énergétiques et ferroviaires. La CEDEAO va accompagner ses Etats membres dans la mise en œuvre de programmes urgents d’approvisionnement en énergie. Ils ont donc demandé au président de la Commission de la CEDEAO de poursuivre l’extension des projets d’interconnexion à l’ensemble des pays de la région. Une réunion des ministres en charge de l’énergie des différents Etats devrait se pencher en profondeur sur la question.
Dans le volet alimentaire, il est prévu une offensive riz, les programmes régionaux de petits élevages et des projets hydrauliques.

Intensification de la lutte contre le paludisme

Une réserve régionale alimentaire a été prévue dans les actions prioritaires des chefs d’Etat. Idem pour la lutte contre le paludisme qui s’inscrit dans la marche vers le développement. Leurs engagements sont déclinés à travers une stratégie multisectorielle articulée autour de la lutte anti vectoriel et de la sensibilisation. Et pour témoigner leur volonté manifeste, le président de la Conférence des chefs d’Etats, Alassane Dramane Ouattara a lancé les travaux de construction d’une usine biolarvicide.

Quant à la démocratie et à la bonne gouvernance, la conférence des chefs d’Etat s’est réjouie du niveau d’acceptation croissant du principe de convergence constitutionnelle et de l’approfondissement de la démocratie. Ainsi a-t-elle salué la tenue d’élections libres et transparentes dans certains pays de la communauté en 2012 et souhaité que celles à venir, notamment au Mali, en Guinée-Bissau, en Guinée-Conakry et au Togo soient pacifiques, consensuelles et crédibles. Cependant, elle a déploré l’interférence des militaires dans les consultations électoraux, la non-acceptation des verdicts des urnes. La CEDEAO a condamné les attaques terroristes dans le Nord-Mali. Les Présidents ont salué les pays engagés dans la lutte contre les islamistes au Mali dans le cadre de la Mission internationale de soutien au Mali (MISMA).

Ils ont exprimé leur reconnaissance à La France, au Tchad et au Burundi qui a promis

d’envoyer un contingent de 800 hommes au Mali. Le respect des droits humains dans le cadre du soutien à la paix a été souligné avec force. Une requête à l’ONU à l’effet de transformer la MISMA en opération de maintien de la paix est en perspective. La CEDEAO a affiché sa détermination à poursuivre le processus de normalisation constitutionnelle au Mali et en Guinée-Bissau. L’organisation a donc mis en garde les fauteurs de troubles et réaffirmé son soutien aux autorités de transition dont les mandats ont été prorogés jusqu’aux élections, et conformément à la Constitution des deux pays. Au Mali, il a été recommandé la tenue d’un forum sur la gouvernance et la création d’une commission nationale de réconciliation pour la restauration d’une paix durable. Le désarmement de tous les groupes armés, le déploiement de l’armée nationale sur l’ensemble du pays comme pour répondre au vœu du président tchadien Idriss Deby Itno qui avait souhaité que les militaires maliens aillent combattre au front.

Un fait marquant de cette session a été la réélection du
président Alassane Dramane Ouattara à la présidence de la conférence des chefs d’Etat de la CEDEAO pour un mandat d’une année.
Cela, en raison de son bilan jugé satisfaisant par ses pairs. Ceux-ci ont en effet estimé qu’à travers ses qualités d’homme d’Etat et son engagement, il
a su insuffler un dynamisme à l’organisation et donner une relative stabilité propice au développement et à la croissance économique de la zone ouest-africaine. Le Président Ouattara a exprimé sa reconnaissance pour la confiance renouvelée. Au nombre des actions qui lui tiennent à cœur pour ce nouveau mandat, il a cité l’instauration de la paix dans les zones de conflit et le retour à l’ordre constitutionnel.

La mise en œuvre d’un plan anti-terrorisme recommandée par la conférence devrait, de son point de vue, répondre efficacement aux menaces terroristes. « Le conflit au Mali nous enseigne l’urgence de bâtir une politique commune de défense fondée sur la mutualisation des ressources » avait–il indiqué à l’ouverture des travaux. Côté financier, il a laissé entendre : « notre sous-région ne pourra donner le meilleur d’elle-même qu’en favorisant l’adoption et la mise en œuvre de décisions
courageuses qui participent
à la transformation en pôle de stabilité d’émergence et de croissance ».
Autre activité majeure de la
rencontre de Yamoussoukro a été l’adoption du rapport annuel 2012 du président de la commission de la CEDEAO, Kadré Désiré Ouédraogo. Ce rapport a orienté la Conférence sur les nouvelles décisions à prendre pour l’essor économique de la zone ouest-africaine.

Séraphine SOME/MILLOGO (Some.seraphine@yahoo.fr) de retour de Yamoussoukro


Djibrill Bassolé, ministre en charge des Affaires étrangères : « La médiation burkinabè au Mali continue »

Le ministre burkinabè des Affaires étrangères et de la Coopération régionale, Djibrill Bassolé, s’est prononcé, après le sommet, sur la médiation dans la crise malienne :

« La médiation du président Blaise Compaoré continue bien évidemment. Les chefs d’Etat se sont félicités de ce qui a été réalisé jusque-là. Il y a eu des avancées dans les deux aspects. L’aspect institutionnel a connu la mise en place des institutions, selon l’accord-cadre du 6 avril 2012, les chefs d’Etat ont souhaité que les modalités de la transition soient bien définies et que cette transition soit menée jusqu’à son terme, sans encombre. Le délai de la transition a été révisé pour qu’il coïncide exactement avec le temps nécessaire pour l’organisation des élections.

Concernant la crise au Nord-Mali, l’intervention militaire contre les radicaux et les extrémistes a changé le contexte mais les négociations sont toujours d’actualité. Selon d’ailleurs les termes de la feuille de route du gouvernement du Mali, il est prévu qu’un dialogue soit organisé. Il faut à présent arrêter les modalités avec les différents protagonistes. Il nous faut absolument un début de réconciliation, il nous faut aussi créer des conditions favorables pour le redéploiement de l’administration malienne afin que les élections prévues théoriquement pour le mois de juillet puissent se tenir. Nous avons des situations tout à fait particulières.

Par exemple, les troupes françaises et tchadiennes sont dans la zone de Kidal, collaborent avec de groupes armées touareg, sans que l’armée malienne n’ait été admise à s’y rendre. Ce sont des situations qu’il faut traiter assez rapidement et le médiateur de la CEDEAO pense qu’il faut instaurer un dialogue direct avec les protagonistes dans l’immédiat, qui puisse permettre de régler les problèmes de terrain, surtout permettre d’arrêter les exactions, les hostilités et éviter que la situation ne dégénère en guerre civile, car les exactions
entre communautés peuvent entraîner une insécurité généralisée ».

Propos recueillis par SS


L’unité pour faire face à la mondialisation

Les chefs d’Etat de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest (CEDEAO) réunis lors de leur 42e session le 27 février 2013 à Yamoussoukro en Côte d’Ivoire ont décidé de donner une nouvelle dynamique à l’organisation dans le sens de la rendre davantage efficace. Ce qui va lui permettre véritablement de promouvoir l’intégration économique dans tous les domaines d’activité. L’un des faits importants à noter, c’est qu’aucun développement ne peut s’opérer sans un minimum de conditions préalables au nombre desquelles la paix et la sécurité. C’est ce qui justifie la détermination des Etats membre de la CEDEAO à résoudre prioritairement les conflits dans la zone. Parce que d’une certaine manière, les économies sont interdépendantes. Une difficulté dans l’une peut avoir des répercutions sur les autres. Et ce ne sont pas les opérateurs économiques burkinabè qui ont connu des difficultés pendant la crise ivoirienne, notamment en matière de transport des marchandises par voie maritime et de commerce d’une manière générale, qui diront le contraire.

L’implication de la CEDEAO dans la lutte contre l’extrémisme et le terrorisme au Mali ainsi que le rétablissement de l’ordre constitutionnel en Guinée-Conakry sont donc justifiés et s’inscrivent en droite ligne de la solidarité africaine qui veut que l’on soutienne son voisin lorsque que sa
maison brule.

Par ailleurs, les regroupements régionaux constituent des créneaux porteurs pour tirer partie efficacement des avantages de la mondialisation. En effet, ils permettent des facilités dans les relations internationales, augmentent la taille des marchés des Etats.
A cela, on peut ajouter la possibilité de mettre en œuvre certains projets de développement qu’individuellement les Etats ne pourront réaliser. La création de l’usine biolarvicide en est une illustration. Les reformes entreprises et les décisions prises pour rendre la CEDEAO plus efficace sont à saluer et les retombées se laisseront apprécier.

SS

Sidwaya

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Vos commentaires

  • Le 4 mars 2013 à 10:07, par bedjan En réponse à : CEDEAO : Transitions prorogées au Mali et en Guinée-Bissau

    comme l’a si bien dit Idriss Déby, arrêtez vos rencontres et messes inutiles !! envoyez les troupes sur le terrain ! l’heure n’est plus aux discours et à la tergiversation !!!
    Je profite rendre hommage au Tchad et à sa vaillante armée qui fait ses preuves sur le terrain ! Mes condoléances président Déby, au peuple tchadien, à l’armée tchadienne pour les combattants tombés sur le champ de bataille loin de la patrie ! ils ont donné leur vie pour notre sécurité- en tant que ouest africain et sahélien ! Qu’ils reposent en paix et que la terre du Tchad leur soit légère !

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