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ECLA : "La porte ouverte", un dispensaire pour les plus pauvres

Publié le lundi 27 décembre 2004 à 07h57min

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« La porte ouverte ». Ce n’est ni le titre d’un roman, ni le dernier film au box office. C’est le nom d’un dispensaire situé à Nonsin au secteur 19 de Ouagadougou sur l’avenue des Tansoba (ex -boulevard de la Jeunesse).

Il draine chaque jour de nombreux patients qui accourent non seulement des quartiers environnants (Nonsin, Hamdalaye, Larlé, Rimkiéta, etc.), mais aussi de très loin, séduits qu’ils sont par l’accueil chaleureux, les soins de grande qualité, et les tarifs très bas de ces prestations.

Ce dispensaire qui est l’une des nombreuses œuvres sociales de l’Association « Etre comme les autres » (ECLA) au secteur 19, a ouvert ses portes le 1er décembre 2000 avec l’autorisation du ministère de la Santé (Arrêté N°2000-628 /MS/CAB/ du 7 novembre 2000), assortie d’une convention de collaboration qui engageait entre autres l’Association « à offrir dans ce dispensaire, les mêmes prestations que celles offertes par les centres médicaux urbains à des tarifs inférieurs ou égaux à ceux en vigueur dans les établissements publics. »

Et le moins qu’on puisse dire, est qu’à la « porte ouverte », les soins sont à la portée de tous. Il suffit pour s’en convaincre de consulter les tarifs des prestations qui sont de 150 Fcfa pour les enfants et de 250 Fcfa pour les adultes. En effet, situé au cœur d’un des quartiers les plus populaires de Ouagadougou, le dispensaire se veut une réponse aux besoins de soins de qualité des couches les plus défavorisées, bien que les habitués du dispensaire se recrutent parmi toutes les couches sociales (fonctionnaires, employés du secteur informel, retraités, chômeurs, commerçants, élèves, étudiants, etc.).

Madame Fofana Djénéba que nous avons rencontrée lors de notre passage le samedi 18 décembre dans la matinée est ménagère. Elle habite le quartier Rimkiéta. Elle fréquente le dispensaire depuis quelques mois maintenant. Elle l’a découvert grâce à son mari qui y a reçu des soins. Quand elle est tombée malade (des maux de ventre), son mari lui a dit : « va au dispensaire d’ECLA ; l’accueil y est chaleureux et les soins sont bons. Quelle que soit ta maladie, tu seras satisfaite du traitement, et les tarifs sont sociaux ». Lorsque nous l’avons rencontrée, elle sortait toute réjouie de sa consultation, visiblement satisfaite de son entrevue avec son médecin.

Un centre dont on dit du bien

Monsieur Pagomdé Achille Ouéraogo lui habite à Nonsin. Ici, on l’appelle Ben Laden à cause de son visage bouffé par la barbe. C’est un enseignant à la retraite. Il dit fréquenter le dispensaire depuis son ouverture. C’est grâce à un voisin de quartier qu’il a découvert le dispensaire. « Un jour , j’étais malade et un voisin m’a dit d’aller à ECLA et que j’aurais de l’aide. Quand je suis arrivé, j’ai tout de suite constaté que mon voisin n’avait pas eu tort de me diriger vers ce dispensaire » témoigne-t-il, avant d’ajouter « ici,on s’occupe bien des gens.

Les coûts sont sociaux et les prix des médicaments sont abordables et à la portée de tout le monde ». (Le dispensaire dispose en effet d’un dépôt pharmaceutique ouvert grâce à un partenariat avec la CAMEG et au soutien de Handicap international, et qui propose uniquement des médicaments essentiels génériques, les MEG) Quand on demande à monsieur Pagomdé Ouédraogo comment il juge la qualité des soins dispensés dans le dispensaire, il répond : « Vous-même vous voyez l’affluence. S’il y a cette affluence, c’est que ce n’est pas pour rien. C’est que les gens trouvent leur compte et qu’ils sont satisfaits. » Assis à côté, El hadj Kanazoé acquiesce. C’est un notable de Nonsin Il est responsable de la mosquée de son quartier.

A l’en croire, lui aussi fréquente le dispensaire depuis son ouverture avec toute sa famille forte d’une cinquantaine de personnes. « Le dispensaire aide beaucoup les gens du quartier . Il y a beaucoup de pauvreté ici, et il suffit de voir les tarifs des consultations ou de venir ici pendant les périodes de pic du palu pour comprendre à quel point nous sommes soulagés par l’existence de ce dispensaire.

En plus, le personnel est très accueillant et respecte les malades » dit « Ladji » avant de nous confier qu’il a même de la famille dans la région de Léo qui vient se soigner à « la porte ouverte ». En plus il a un enfant handicapé à qui ECLA a offert une voiturette. Foi de « Ladji », les gens de son quartier sont satisfaits des prestations du dispensaire qui, dit-il, « a gardé la même qualité d’accueil et de soins que depuis son ouverture, de même que les coûts des médicaments et des soins sont restés les mêmes ».

... Beaucoup de pathologies soignées

Mais ce qui séduit surtout « Ladji », c’est que même en votre absence, un membre de votre famille qui est malade peut venir se soigner à « crédit », charge à vous de venir régler la note à votre retour. Entre deux consultations, le médecin-chef du dispensaire le Dr Yaro Jean-Baptiste, un jeune médecin d’un abord agréable, nous reçoit dans son cabinet, un minuscule bureau sobre mais bien propre, visiblement bien entretenu et austère, à l’image du maître des lieux. Il nous entretient sur les pathologies les plus fréquentes observées dans son dispensaire. Selon lui , tout dépend de la période, mais la pathologie la plus courante sur toute l’année, c’est le paludisme qui connaît des fréquences variables, avec cependant des pics en août- septembre- octobre-novembre où dans une journée, le dispensaire peut recevoir une centaine de malades.

Parmi les autres pathologies, il y a entre autres les pathologies digestives, respiratoires et dermatologiques, surtout chez les enfants atteints de teigne (nous sommes dans un quartier populaire). Il y a aussi les maladies cardio-vasculaires (hypertension artérielle notamment) qui selon le Dr Yaro sont de plus en plus fréquentes. « Nous sommes dans un quartier populaire où on ne sait pas toujours ce que c’est qu’une maladie cardio-vasculaire encore moins les dangers qu’on encoure du fait de cette maladie » se désole le jeune médecin.

D’où selon lui la nécessité de chaque fois faire comprendre au patient que l’hypertension est une maladie à vie avec ses risques de complications. Quid des cas que le dispensaire ne peut pas pendre en charge ? Réponse du Dr Yaro : « On évalue rapidement l’état du patient et si selon sa prise en charge, nous constatons que cela nécessite des soins spécifiques, nous n’hésitons pas à le référer à Yalgado pour ne pas garder le patient longtemps ».

Et effectivement, lors de notre passage, le Dr Yaro s’affairait à référer un petit enfant de 20 mois aux urgences pédiatriques de Yalgado, car il présentait un « tableau d’insuffisance cardiaque globale », c’est-à-dire que son cœur était défaillant dans son tout son ensemble. Avec notre interlocuteur nous apprendrons que le dispensaire outre le personnel d’appui, dispose de deux (02) médecins permanents, de six (06) infirmiers (dont quatre sont permanents et deux vacataires), de trois (03) vendeuses et de trois (03) conditionneuses pour la pharmacie.

... Une expérience qui veut grandir

Le dispensaire qui fonctionne de 7 heures à 22 heures, n’a pas pour le moment de service de garde et le malade est donc obligé de rentrer chez lui le soir pour revenir le lendemain. C’est l’une des difficultés du dispensaire à laquelle il ajouter entre autres l’exiguïté des locaux, quelques problèmes matériels, l’insuffisance du personnel et les difficultés de prise en charge des malades. « En effet, - nous dit le Dr Yaro - nos malades viennent surtout des classes défavorisées. Nous utilisons donc en priorité des MEG, mais il arrive des cas où il faut des spécialités, et du fait des coûts, les malades ont des problèmes pour les honorer.

Du coup, des problèmes de suivi médical se posent. Et ça c’est sans compter les nécessiteux qui arrivent parfois et qui n’ont même pas les 250 F pour la consultation et qu’il faille bien prendre en charge ». En réalité, et comme nous l’a confié un des responsables de « la porte ouverte », le dispensaire est une espèce de cour de miracles qui traite trop de cas sociaux et a souvent des tensions de trésorerie .

Fort heureusement, il y a le dépôt pharmaceutique qui est là et qui soutient le dispensaire pour faire face à la forte demande sociale. Malgré tout, « la porte ouverte » envisage l’avenir avec sérénité et se fixe plusieurs ambitions dont les plus immédiates sont :
- l’ouverture d’un service de Santé maternelle et infantile (SMI) dont le bâtiment est presque terminé ;
- l’ouverture d’un laboratoire pour les premiers examens ;
- l’ouverture d’un service d’imagerie dont le matériel a été déjà acquis ;
- étoffer le personnel du dispensaire pour permettre la mise en place d’un service de garde, surtout avec le nombre des patients qui va chaque jour croissant.

En effet, si à ses débuts le dispensaire ne recevait qu’une vingtaine de personnes par jour, de nos jours il en reçoit une centaine. Et pour réaliser tous ces projets, un comité de gestion (composé d’un médecin, d’un infirmier, d’un comptable, d’un chargé d’administration et d’une coordonnatrice) a été mis en place avec pour mission de réfléchir sur toutes les questions liées au bon fonctionnement et à la gestion du dispensaire.

L’objectif final étant de permettre au dispensaire de vivre pour accomplir sa mission qui est de toujours rester « une porte ouverte » à tous les "sans sous" en quête de soins de qualité. Et si tout va bien, le comité de gestion prévoit l’ouverture d’un dispensaire de ce genre à Ouahigouya dans les tout prochains jours. Les démarches auprès du ministère de la Santé ont déjà été entreprises à cet effet, et en principe d’ici à février 2005 la capitale du Yatenga devrait avoir sa « porte ouverte ».

P.D
L’Observateur Paalga

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