LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Soyez un repère de qualité. Certaines personnes ne sont pas habituées à un environnement où on s’attend à l’excellence.” Steve jobs

Michel Saba, directeur des études et des stages de l’ISIS : « Nous devons entretenir le FESPACO comme un trésor tout en préparant les ressources humaines capables de le faire rayonner davantage »

Publié le vendredi 1er mars 2013 à 21h12min

PARTAGER :                          
Michel Saba, directeur des études et des stages de l’ISIS : « Nous devons entretenir le FESPACO comme un trésor tout en préparant les ressources humaines capables de le faire rayonner davantage »

Avec le FESPACO, c’est aussi les structures qui assurent la formation de cinéastes et autres acteurs culturels qui se trouvent à l’honneur. Avec le Directeur des études et des stages de l’Institut supérieur de l’image et du son (ISIS) Michel Saba, nous en savons davantage sur les jeunes réalisateurs déjà formés ces dernières années, mais surtout sur la détermination de cet institut à assurer la relève en termes de réalisateurs de notre pays.

Lefaso.net : Pouvez-vous vous présenter et nous parler de l’organisation mise en place par votre institut dans le cadre de ce 23ème FESPACO ?

Je suis Michel Saba, Directeur des études et des stages à l’Institut supérieur de l’image et du son (ISIS), studio-école. L’ISIS est un institut à vocation sous-régionale de formation des professionnels du cinéma et de l’audiovisuel.

L’ISIS studio-école a présenté pour la « fenêtre des écoles » trois films d’étudiants qui sont en compétition officielle au niveau du FESPACO. Et je dois dire que pour cette édition du FESPACO, l’ISIS organise ce qu’on appelle la fenêtre des écoles cinémas, un espace où des films d’étudiants venant de plusieurs écoles partenaires sont projetés dans une salle de projection où se retrouvent non seulement des étudiants de l’ISIS, mais aussi les étudiants d’écoles partenaires, les membres des ciné-clubs, des festivaliers, qui choisissent de voir la production cinématographique qui se fait au niveau des écoles. C’est aussi l’occasion de faire venir au niveau de l’institut, des professionnels du cinéma qui sont de grands noms dans le cadre du FESPACO pour des rencontres thématiques, pour échanger avec des étudiants sur des questions comme le thème de l’écriture à l’écran qui nous a permis d’accueillir une grande réalisatrice camerounaise qui a un film en compétition ; il s’agit de Pascal Obono.

Il y a aussi des expositions qui permettent de montrer ce que nos étudiants font, à travers des stands d’exposition. Il y a eu également une table ronde qui a permis de regrouper les responsables d’écoles de cinéma d’Europe et d’Afrique avec les partenaires financiers qui nous accompagnent dans la formation pour garantir une relève dans le domaine du cinéma et pour construire aussi l’industrie cinématographique au Burkina et dans tout le continent africain. Je dois dire que nous travaillons avec beaucoup d’écoles partenaires.

Pour nous, cette biennale du cinéma est une grande opportunité pour créer cette possibilité de rencontres d’échanges afin qu’ensemble, nous puissions voir l’avenir de notre cinéma dans la concertation, dans une vision commune.

Pouvez-vous nous parler des perspectives de relève en termes de réalisateurs dans notre pays ?

De plus en plus, vous avez des jeunes réalisateurs burkinabè qui émergent avec des films. Par exemple à ce FESPACO, il y a deux courts métrages de Jean-baptiste Ouédraogo qui sort de l’ISIS. Vous avez un film de Boubacar Sangaré, un de Carine Yaméogo. Et à l’édition passée il y a des films d’étudiants de l’ISIS qui ont été primés, comme Inoussa Kaboré dont le film a remporté le prix spécial alliance francophone. Vous avez Eléonore Yaméogo dont le film « Paris mon paradis » a remporté le prix du Conseil supérieur de la communication. Serges Armel Sawadogo qui a remporté deux prix. Tous ceux-là sont ou des anciens étudiants de l’ISIS.

Il y a bien d’autres jeunes qui commencent à prendre la place qui leur revient dans le cadre cette relève. Certes, il y a encore beaucoup de travail à faire pour que cela puisse être perceptible, plus remarquable et plus consolidé. Déjà, le fait que l’Etat burkinabè ait consenti des efforts pour qu’un institut comme l’ISIS existe pour former des techniciens et réalisateurs burkinabè, mais aussi pour répondre aux demandes de formation au niveau de l’espace UEMOA, et africain. Cette effort, pour nous, est appelé à porter des fruits les années à venir.

Il est de constat que la présence de jeunes réalisateurs est faible au sein des instances de décisions, en l’occurrence les colloques sur le FESPACO. Qu’est-ce qui, selon vous, peut expliquer cela ?

J’en conviens. Il appartient à cette jeunesse de profiter de ces cadres d’échanges, de discussions, de décisions, pour faire prendre en compte ses préoccupations. Cela est tout à fait important. Peut-être que les organisateurs gagneraient à l’avenir, à travailler à leur participation.

Quelles sont les conditions d’admission à l’ISIS et les capacités d’accueil de cet institut ?

L’ISIS est une école supérieure qui a ses exigences comme toute autre école supérieure. Pour y accéder, il faut avoir le Bac, toutes séries confondues.

Notre offre d’enseignement permet de préparer le diplôme de BTS (1er diplôme). Mais comme nous sommes en train de rentrer dans le système LMD, à partir de cette année, nous allons désactiver le BTS pour que le premier diplôme soit la Licence professionnelle qui correspond à l’ingéniorat des travaux cinématographiques et audiovisuels, au bout de trois ans. Pour la quatrième année, dans la filière réalisation documentaire et fiction par exemple, nous avons ouvert le Master Pro 1 et en cinquième année, le Master Pro 2.

Avez-vous foi en l’avenir des productions cinématographiques internes de qualité appréciable ?

C’est tout ce qui justifie la formation que nous assurons à l’ISIS. Et les jeunes que nous formons fondent notre conviction en l’avenir du cinéma burkinabè, surtout grâce au canal du FESPACO. Aujourd’hui, il y a des contrées du monde où le Burkina n’est connu qu’à travers le FESPACO.

Nous sommes conscients que nous devons entretenir le FESPACO comme un trésor tout en préparant les ressources humaines capables de le faire rayonner davantage.

Parlez-nous un peu des prix spéciaux de ce 23è FESPACO dont vous le responsable…

Les prix spéciaux sont attribués à des réalisateurs qui, pour l’institution donatrice, permet de sensibiliser le public sur une thématique dans laquelle ces institutions interviennent. Le ministère des droits humains a par exemple un prix spécial « droits humains et civisme ». Pour l’attribution de ce prix, le jury devra être attentif à la manière dont la question des droits humains et du civisme est abordée dans le film.

Nous avons 24 donateurs de prix spéciaux pour cette édition ; il y a huit nouveaux donateurs qui sont venus s’ajouter aux anciens. Tout cela témoigne de l’intérêt que tous ces donateurs accordent au septième art. Ils sont convaincus de l’apport que les films sont à même d’engendrer dans la sensibilisation de l’opinion.

Un prix spécial est une récompense d’une valeur minimale de 2 000 000 FCFA. Et ça va cette année jusqu’à 8 000 000 FCFA avec le prix de l’Union africaine par exemple. Pour la participation, le donateur du prix spécial doit s’inscrire en versant 1 000 000 FCFA, hors la valeur du prix.

Pour garantir une certaine transparence, une certaine objectivité dans l’attribution de ces prix, le FESPACO délègue toujours un professionnel dans le jury composé de cinq personnes (les quatre étant désignées par l’institution donatrice). Et c’est sur la base d’un règlement intérieur spécifique que le FESPACO organise le volet des prix spéciaux.

Entretien réalisé par Fulbert Paré

Lefaso.net

PARTAGER :                              
 LeFaso TV