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Autant le dire…Et si nous disions tous : c’est ma commune !

Publié le mercredi 27 février 2013 à 20h10min

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« Qu’est-ce que nous allons pouvoir faire en vain avec toutes ces recettes de coton, de maïs, du commerce et de l’élevage ? Ce sont des milliards de F CFA qui vont chaque année dans nos ménages. Si on est convaincu, on peut ; si on a confiance en nous-mêmes, nous pouvons ; bien organisés, nous pouvons. »

C’est la conviction du maire de la commune de Houndé, Boué Yazon, à l’occasion de son investiture le 22 février dernier quand il s’adressait au peuple de Houndé. Cette conviction, il la tient d’un fait. « Le 19 janvier 2013, le Pasteur Luc Bonkina m’a fait l’amitié de me convier à la dédicace d’un nouveau temple de son église. J’ai été fort impressionné par l’édifice qui, je crois abrite la plus grande salle de Houndé avec une capacité de 1500 places. Le bâtiment a coûté plus de 80 millions de F CFA. Ce qui est fascinant, ce n’est pas seulement le bâtiment, mais la façon dont il a été réalisé. Les bailleurs ? Ce sont les chrétiens de l’église ; les techniciens ? Encore les chrétiens de l’église ; la main d’œuvre ? Toujours les chrétiens de l’église. Ce n’est pas pour faire la propagande de ce temple, mais le mode opératoire qui a permis sa construction ; ce qui est très appréciable in fine ».

Puis le maire poursuit en ces termes : « les croyants ont été convaincus que c’est avant tout leur église et que personne d’autre ne doit la construire à leur place ». D’où ces interrogations selon Boué Yazon : « et si le citoyen aussi se disait : c’est l’école de mon village, le collège de mon village, le dispensaire de mon village et que personne ne doit les construire à ma place ! Et si le citoyen avait autant confiance au Comité villageois de développement, confiance au Conseil municipal tout comme le chrétien a fait confiance au Pasteur Luc Bonkian ? ». C’est dans cette partie de son propos que se pose le véritable problème. Le citoyen peut-il, en l’étape actuelle des choses, avoir confiance au CVD, au Conseil municipal ? Le citoyen peut-il avoir confiance au maire ?

Sans doute qu’il le voudrait bien car à priori, il n’y a pas de citoyen qui n’aime pas sa commune. Qui ne veut pas de son développement, et épanouissement. Seulement, voilà le problème : quand on considère la manière suivant laquelle les conseils municipaux, et certains maires sont arrivés à la tête de ces structures, il y a de réelles raisons que le citoyen nourrisse des doutes, et ne leur fasse pas confiance. Quand de surcroît, le maire use de fraudes, de tromperies et de fourberies pour arriver à la tête du Conseil municipal, comment veut-on que les citoyens lui fassent confiance ? Quand le maire divise la population et le Conseil municipal avec la seule ambition d’arriver à la tête de la commune, comment peut-on encore lui faire confiance ? Quand le maire, avant même d’être élu, traîne derrière lui « des casseroles », comment veut-on que les citoyens lui fassent confiance ? Quand un conseiller veut être maire, en faisant entendre que si ce n’est lui à la tête de la mairie, ce ne sera personne d’autre, peut-on lui faire confiance ? Quand un maire dont la première gestion n’a pas rencontré l’assentiment des populations, ces mêmes populations peuvent-elles lui faire confiance ? Quand un maire ne rend pas compte à ses concitoyens, au cours de son mandat, peut-on lui faire confiance ?

A voir donc de près, tout pouvait bien se passer. Le développement participatif (puisque c’est de cela qu’il s’agit) dont parle et souhaite le maire de Houndé est bien possible. Mais à la condition que les premiers acteurs donnent l’exemple. Ce sont eux, en effet qui créent généralement les conditions du refus des populations de prendre part au développement ; ce sont eux qui créent encore la méfiance au sein des populations d’une part et entre les populations et eux-mêmes d’autre part. Celui qui n’y croit pas, qu’il fasse le contraire et il verra. Allez à Toussiana par exemple et demandez au maire comment il a réussi au cours de son mandat dernier à fédérer les populations de sa commune autour de ses actions de développement.

Dabaoué Audrianne KANI

L’Express du Faso

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