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Réformes constitutionnelles au Burkina Faso : Les Burkinabè plus attaches a la limitation du nombre de mandats présidentiels

Publié le lundi 25 février 2013 à 21h42min

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Réformes constitutionnelles au Burkina Faso : Les Burkinabè plus attaches a la limitation du nombre de mandats présidentiels

Afrobaromètre est un réseau de chercheurs africains indépendants menant une série d’enquêtes comparatives sur les opinions des Africains, et couvrant jusqu’à 35 pays pour sa 5ème série (2011-2013). Il mesure les attitudes du public en matière de démocratie, évalue la qualité de la gouvernance et les performances économiques, ainsi que les opinions de l’électorat sur d’importantes questions politiques dans les pays étudiés. De plus, Afrobaromètre offre la possibilité de faire des comparaisons au fil du temps, quatre séries d’enquêtes ayant déjà eu lieu, la cinquième étant en cours.
Afrobaromètre ne mesure les attitudes des Burkinabè que depuis 2008.

Afrobaromètre est un réseau de chercheurs africains indépendants menant une série d’enquêtes comparatives sur les opinions des Africains, et couvrant jusqu’à 35 pays pour sa 5ème série (2011-2013). Il mesure les attitudes du public en matière de démocratie, évalue la qualité de la gouvernance et les performances économiques, ainsi que les opinions de l’électorat sur d’importantes questions politiques dans les pays étudiés. De plus, Afrobaromètre offre la possibilité de faire des comparaisons au fil du temps, quatre séries d’enquêtes ayant déjà eu lieu, la cinquième étant en cours.

Afrobaromètre ne mesure les attitudes des Burkinabè que depuis 2008. Pour la deuxième série, l’enquête s’est faite, comme il y a quatre ans, auprès d’un échantillon de 1.200 hommes et femmes âgés d’au moins 18 ans, avec une marge d’erreur de +/-3% à un intervalle de confiance de 95%. Elle s’est déroulée du 3 au 17 décembre 2012. Les enquêtes Afrobaromètre au Burkina Faso sont coordonnées par le Centre pour la Gouvernance Démocratique (CGD) et l’Institut pour la Gouvernance et le Développement (IGD).

RESULTATS

Plus de deux décennies après l’amorce de son "processus démocratique", le Burkina Faso a enregistré un certain nombre de progrès mais de nombreux défis restent encore à relever pour consolider la démocratie. Au cours de l’année 2011, le pays a connu une série de mutineries militaires et de révoltes populaires qui ont affaibli le pouvoir en place. C’est dans ce contexte que le gouvernement a organisé un Conseil consultatif sur les réformes politiques (CCRP) du 23 juin au 14 juillet 2011, puis des Assises nationales sur les réformes politiques du 7 au 9 décembre 2011 en vue de contribuer au règlement de la crise.

Certaines questions ont fait l’objet d’un consensus ; d’autres non. Parmi les réformes ayant fait l’objet d’un consensus figure l’octroi d’une amnistie aux Chefs d’Etat qui se sont succédés au Burkina Faso. L’institution d’un Sénat a aussi fait l’objet d’âpres discussions, des réserves ayant été exprimées par certains participants. Celles-ci ont fini par être levées après que certaines assurances aient été données sur la configuration et le rôle futur de l’institution. En revanche, la question controversée de la limitation du nombre de mandats présidentiels n’a pas fait l’objet de consensus.
Que pensent les Burkinabè sur ces différentes questions ?

Les Burkinabè soutiennent davantage le principe de la limitation du nombre de mandats présidentiels

Graphique 1 : Principe de la limitation du nombre de mandats présidentiels

Question : Laquelle des affirmations suivantes est la plus proche de votre opinion. Choisir Affirmation 1 ou Affirmation 2.

• • Affirmation 1 : La Constitution devrait limiter l’exercice de la fonction du Président du Faso à deux (02) mandats
• • Affirmation 2 : Il ne devrait pas avoir de limite constitutionnelle au nombre de mandats du Président du Faso

Selon l’enquête menée en décembre 2012, environ 6 personnes sur 10 sont favorables au principe de la limitation du nombre de mandats présidentiels. Cette proportion s’est même accrue de 11 points entre 2008 et 2012, passant de 53% à 64%. Quel que soit le milieu de résidence, les enquêtés demeurent favorables au principe, les citadins étant cependant plus favorables (77%) que les enquêtés du milieu rural (60%).

Quant à la proportion des enquêtés défavorables au principe, elle a globalement diminué de manière significative (- 11 points), passant de 37% en 2008 à 26% en 2012.

Le nombre de Burkinabè ne souhaitant pas que l’on modifie l’article 37 de la Constitution pour permettre au président Blaise Compaoré de se présenter en 2015 s’est accru

Les Burkinabè étant, de manière générale, favorables dans leur grande majorité au principe de la limitation du nombre de mandats présidentiels, il n’est pas surprenant que plus de la moitié des enquêtes (54%) ne soient pas d’accord que l’on modifie la Constitution pour permettre au président Compaoré de se présenter en 2015. Quel que soit le milieu de résidence, les enquêtés restent opposés à la modification de la Constitution, mais les citadins le sont davantage (68%) que les ruraux (50%).
La proportion des gens qui ne sont pas d’accord que l’on modifie la Constitution a augmenté de 8 points, passant de 46% en 2008 à 54% en 2012.

Ceux qui, au contraire, souhaitent que l’on modifie la Constitution sont moins nombreux en 2012 qu’en 2008 (30% contre 41%), soit une réduction de 11 points.

Graphique 2 : Modification de la Constitution pour permettre au président Blaise Compaoré de se présenter en 2015

Question : Veuillez me dire si vous êtes en accord ou en désaccord avec l’affirmation suivante : La Constitution doit être modifiée pour permettre au Président Blaise Compaoré de se présenter en 2015 à un nouveau mandat présidentiel

Les Burkinabè semblent assez partagés sur l’octroi d’une amnistie aux Chefs de l’Etat qui se sont succédés de 1960 au 11 juin 2012

Graphique 3 : L’amnistie aux Chefs d’Etat

Question : Veuillez me dire si vous êtes en accord ou en désaccord avec l’inclusion d’une clause d’amnistie dans notre constitution qui accorde l’immunité pleine et entière aux chefs d’Etats du Burkina Faso pour la période allant de 1960 au 11 juin 2012 :

Si un peu moins de la moitié des personnes interrogées (47%) est favorable à l’inclusion d’une clause d’amnistie dans la Constitution qui accorde l’immunité aux anciens chefs d’Etats, une proportion non négligeable (37%) des enquêtés y est défavorable.

Une analyse plus fouillée montre une légère différence de perceptions entre les ruraux et les citadins. En effet, les citadins semblent partagés sur la question, 43% d’entre eux étant défavorables à l’amnistie, contre 41% d’entre eux qui y sont favorables. En revanche, les ruraux eux semblent avoir des opinions relativement plus tranchées : 48% d’entre eux sont opposés à l’amnistie contre 35% qui y sont favorables.

La majorité des Burkinabè est opposée à la création d’un Sénat

Graphique 4 : Création d’un Sénat

Question : Laquelle des affirmations suivantes est la plus proche de votre opinion. Choisir Affirmation 1 ou Affirmation 2. .

Affirmation 1 : La création d’une 2e chambre parlementaire est une bonne chose, car cela permettra de renforcer le parlement, et partant, la démocratie dans notre pays.

Affirmation 2 : La création d’une 2e chambre parlementaire n’est pas une bonne chose, car cela va entraîner des dépenses supplémentaires pour notre démocratie

Plus de la moitié des personnes interviewées (52%) sont d’accord avec l’idée que "la création d’une deuxième chambre n’est pas une bonne chose, car cela va entrainer des dépenses supplémentaires pour notre démocratie". Seulement 23% des répondants pensent que la création d’une deuxième est une bonne chose. Une proportion non négligeable (22%) n’a pas d’opinion ou n’est pas informée sur la question.

Les ruraux et les citadins sont en majorité défavorables à la création d’une 2e chambre parlementaire ; mais les citadins davantage (58%) que les ruraux (49%). Moins d’un quart des enquêtés (23%), qu’ils soient du milieu urbain ou rural sont favorables à la création d’une 2e chambre.


Les Burkinabè préfèrent plus que jamais la démocratie mais sont moins satisfaits du niveau et de la manière dont elle fonctionne au Burkina Faso

Afrobaromètre est un réseau de chercheurs africains indépendants menant une série d’enquêtes comparatives sur les opinions des Africains, et couvrant jusqu’à 35 pays pour sa 5ème série (2011-2013). Il mesure les attitudes du public en matière de démocratie, évalue la qualité de la gouvernance et les performances économiques, ainsi que les opinions de l’électorat sur d’importantes questions politiques dans les pays étudiés. De plus, Afrobaromètre offre la possibilité de faire des comparaisons au fil du temps, quatre séries d’enquêtes ayant déjà eu lieu, la cinquième étant en cours.

Afrobaromètre ne mesure les attitudes des Burkinabè que depuis 2008. Pour la deuxième série, l’enquête s’est faite, comme il y a quatre ans, auprès d’un échantillon de 1.200 hommes et femmes âgés d’au moins 18 ans, avec une marge d’erreur de +/-3% à un intervalle de confiance de 95%. Elle s’est déroulée du 3 au 17 décembre 2012. Les enquêtes Afrobaromètre au Burkina Faso sont coordonnées par le Centre pour la Gouvernance Démocratique (CGD) et l’Institut pour la Gouvernance et le Développement (IGD).

RESULTATS

Plus de deux décennies après l’amorce de son "processus démocratique", le Burkina Faso a enregistré un certain nombre de progrès mais de nombreux défis restent encore à relever pour consolider la démocratie. Au cours de l’année 2011, le pays a connu une série de mutineries militaires et de révoltes populaires qui ont affaibli le pouvoir en place. Celui-ci a remporté les élections législatives et municipales couplées du 2 décembre 2012, mais a enregistré un net recul (-10 points), passant de 59% à 49% des suffrages exprimés entre les législatives de 2007 et celles de 2012.

C’est au lendemain des élections du 2 décembre 2012 qu’a démarré sur le terrain l’enquête Afrobaromètre.

Les résultats de cette enquête révèlent que les Burkinabè, plus qu’il y a quatre ans, préfèrent la démocratie à toute autre forme de gouvernement.

En effet, environ sept Burkinabè sur dix (72%) soutiennent que la démocratie est préférable à toute autre forme de gouvernement, alors qu’en 2008, ils étaient moins de six sur dix (58%) à partager cette opinion. Le taux de préférence pour le régime démocratique a donc connu un accroissement significatif entre 2008 et 2012. La proportion des gens qui pensent que dans certaines circonstances un gouvernement non démocratique est préférable a régressé de 11% à 5% au cours de la même période.

Cette préférence pour le régime démocratique est corroborée par une hostilité plus forte que manifestent les enquêtés envers les formes non démocratiques d’exercice du pouvoir. Ainsi, environ trois quarts des Burkinabè (76%) désapprouvent le régime à parti unique (contre 54% en 2008). Ils rejettent massivement (79%) l’idée qu’on puisse abolir les élections et l’Assemblée nationale pour permettre au Président du Faso de tout décider. S’agissant du régime militaire, on note que les Burkinabè y sont nettement plus hostiles que par le passé. En effet, il y a quatre ans, la moitié d’entre eux seulement était en désaccord sur l’idée que l’armée intervienne pour diriger le pays. En 2012, c’est environ six Burkinabè sur dix (62%) qui rejettent une telle possibilité. Subséquemment, la proportion des gens qui ont exprimé leur accord pour que l’armée intervienne pour diriger le pays a régressé de 39% à 24%, soit un recul de 15 points ! Le moins qu’on puisse dire c’est que les partisans des régimes militaires au Burkina Faso, qui étaient relativement nombreux il y a quatre ans, le sont moins. Les conséquences dramatiques des mutineries militaires qui ont éprouvé les Burkinabè au cours de l’année 2011 sont certainement restées gravées dans les mémoires.

Graphique 1 : Forme de gouvernement préférable

Question : Laquelle de ces trois affirmations est la plus proche de votre opinion ? Pour quelqu’un comme moi, peu importe le type de Gouvernement que nous avons ; Dans certaines circonstances, un Gouvernement non démocratique peut être préférable ; La démocratie est préférable à toute autre forme de Gouvernement.

Le nombre de Burkinabè qui pensent que le niveau de démocratie a progressé au Burkina Faso s’est accru entre 2008 et 2012.

En effet, au cours de cette période, la proportion des Burkinabè qui considèrent que leur pays est une pleine démocratie ou à tout le moins une démocratie avec des problèmes mineurs, est passée de 51% à 55% (+4 points). Quant à la proportion de ceux qui soutiennent que le Burkina Faso est une démocratie avec des problèmes majeurs, voire un pays pas démocratique, elle est restée stable (de 31% à 33%). On peut donc soutenir que dans l’opinion de la majorité des Burkinabè le niveau de démocratie que le Burkina Faso a atteint entre 2008 et 2012 s’est relativement amélioré.

Graphique 2 : Niveau de démocratie

Question : A votre avis, quel est le niveau de la démocratie au Burkina aujourd’hui ? Une pleine démocratie ? Une démocratie, mais avec des problèmes mineurs ? Une démocratie, avec des problèmes majeurs ? Pas une démocratie ?

En revanche, les Burkinabè restent sur leur faim et semblent partagés sur le fonctionnement de la démocratie dans leur pays.
En effet, seulement la moitié d’entre eux se disent satisfaits de la manière dont fonctionne la démocratie au Burkina Faso, et cette proportion est restée stable (50% en 2008 et 49% en 2012). Cependant, la proportion des Burkinabè insatisfaits s’est légèrement accrue (de 39% à 43%) au cours des quatre dernières années. C’est dire que nombreuses réformes restent encore à accomplir pour étancher la soif de démocratie des Burkinabè.

Graphique 3 : Degré de satisfaction sur le fonctionnement de la démocratie

Question : Dans l’ensemble, quel est votre degré de satisfaction avec la manière dont la démocratie fonctionne au Burkina ? Très satisfait ? Assez satisfait ? Pas très satisfait ? Pas du tout satisfait ? Le Burkina Faso n’est pas une démocratie.

Les citadins plus exigeants que les ruraux

En milieu urbain, les enquêtés sont plus partagés quant au niveau de démocratie atteint par le Burkina Faso. Il y a en effet autant de citadins à considérer le pays comme une pleine démocratie ou une démocratie avec des problèmes mineurs (46%) qu’une démocratie avec des problèmes majeurs, voire un pays non démocratique (47%). Il n’est donc pas étonnant que les citadins soient plus nombreux à être insatisfaits (60%) que les ruraux qui, dans leur majorité (55%), ont exprimé au contraire leur satisfaction quant à la manière dont la démocratie fonctionne actuellement. C’est en effet en milieu rural que les appréciations sont les plus positives envers la démocratie au Burkina Faso. Un peu moins de six répondants sur dix (58%) trouvent en effet que le Burkina Faso est une pleine démocratie ou une démocratie avec des problèmes mineurs.

Pour plus d’information, voir www.afrobarometer.org
Centre pour la Gouvernance Démocratique (CGD)/ Institut pour la Gouvernance et le Développement (IGD)
Ouagadougou, Burkina Faso
www.cgd-igd.org

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