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Editorial de Sidwaya : Remède pour un cinéma en déclin

Publié le lundi 25 février 2013 à 21h42min

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Editorial de Sidwaya : Remède pour un cinéma en déclin

Bienvenue à tous au Festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou (FESPACO) ! La biennale du cinéma se tient en effet du 23 février au 2 mars 2013. Occasion pour les amoureux du 7e art de découvrir le savoir-faire de leurs cinéastes. Au-delà de l’ambiance festive et de l’opportunité offerte aux cinéphiles de découvrir les dernières créations des réalisateurs africains, il faut l’admettre, le cinéma africain ne vit pas de nos jours sa plus belle époque. « L’arbre ne doit pas cacher la forêt » comme on le dit. Même s’il convient d’être optimiste, il faut le dire, il y a problème.

Disons-le, le cinéma africain est très peu vu par son public. Faute de diffusion en salles, faute de salles, la vétusté du matériel de projection, l’amateurisme, l’inorganisation ou la mauvaise organisation… et surtout à cause du coût élevé du prix du ticket. Le cinéma africain a du mal à être consommé par son public. Pourtant la solution semble à portée de la main. Avec le numérique, un public plus élargi verra les films dans des conditions optimales et à des coûts réduits. En outre, les productions locales en numérique seront encouragées parce qu’il y a des possibilités pour que ces œuvres soient vues.

Les acteurs le reconnaissent tous, l’arrivée du numérique a porté un coup dur au cinéma en salle. Dans chaque foyer, il ne manque plus de lecteur de VCD ou au mieux de DVD pour visionner des films. Des films souvent mal gravés par des pirates. Le numérique peut ressusciter la salle de cinéma et sa fréquentation. Il peut permettre la renaissance des lieux populaires de spectacles. La solution du cinéma africain de façon générale viendra du numérique. En effet, la renaissance des salles de cinéma passe par une solution économique viable à l’équipement desdites salles en matériel de projection numérique. Il importe de recycler les salles de cinéma argentique qui, selon les spécialistes, sont très coûteuses en équipement et à la gestion, en numérique. La question de la numérisation des salles ne préoccupe pas seulement les pays africains. Mêmes les grandes nations du cinéma en font une des solutions à la réduction drastique des salles cinématographiques.

Aux Etats-Unis, depuis 2005, le groupe Thomson français a signé des accords avec les principaux studios de cinéma. Cela afin d’implanter des systèmes de diffusion numérique dans les salles américaines et canadiennes au cours des dix prochaines années. Le groupe entend équiper quelque 15.000 salles en numérique, au coût unitaire de 90.000 à 100.000 dollars environ. C’est une des solutions trouvées pour contribuer à réduire la piraterie. Les professionnels du cinéma estiment que pour la diffusion future des films, au lieu d’envoyer une copie physique des œuvres à chaque cinéma, les studios pourront les envoyer dans les salles directement par satellite. On peut également le faire par le biais d’un réseau haut débit. Toute chose qui permettra de réduire les charges et de faire baisser le prix du ticket d’entrée en salle de cinéma.

Le constat est établi que l’une des raisons du déclin du cinéma en Afrique, est le coût relativement cher du ticket. S’il faut débourser entre 1000 et 1 500 FCFA pour suivre un film ; beaucoup de cinéphiles diront que ce n’est pas à la portée de toutes les bourses. Baisser le prix en tenant compte du pouvoir financier des Africains, c’est adapter le cinéma à son public. La diffusion numérique serait d’un coût réduit et l’équipement de haute technologie de la salle d’environ 600 places serait moins cher que celui d’une salle 35 mm classique. L’on sait également que le transport, l’entretien et la sauvegarde du DVD d’un film sont plus aisés qu’un film en 35 mm sur six bobines que l’on sait pesantes et encombrantes. Au regard de la faiblesse du coût de l’équipement et de la gestion de la salle, le prix du ticket pourrait connaître une baisse sensible comparable aux prix de location ou d’achat des VCD dans le marché noir ! Il faut trouver des tarifs à même de concurrencer les vidéoclubs des quartiers et attirer les jeunes et étudiants aux revenus très limités, vers les salles de cinéma.

Les classiques du cinéma, les nouveaux films sont tous sur DVD et il suffit d’une bonne politique pour rentabiliser une salle. Le public sait que l’ambiance de la salle de cinéma est totalement différente de celle vécue chez soi à domicile lors de visionnement de VCD piratés crachant ou qui se bloquent souvent. Il est temps d’utiliser les armes ou les stratégies de la piraterie pour la combattre, en exploitant les opportunités et les facilités qu’offre le numérique. Les Européens et les Américains harmonisent leurs armes pour juguler le mal à travers des partenariats publics-privés. Les pays africains ne pourront gagner la bataille de la renaissance du cinéma et des salles de projection que par une maîtrise des rouages de l’Internet et des autres TIC. Fermer les yeux sur la réduction des productions cinématographiques et des salles de cinéma, c’est faire la politique de l’autruche. Le danger sur le cinéma africain est bien réel. Ce n’est pas du cinéma ! Aux Africains alors de le sauver s’ils aiment leur cinéma.

Par Rabankhi Abou-Bâkr Zida (rabankhi@yahoo.fr)

Sidwaya

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