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Autant le dire… :Le Burkina Faso fait son cinéma

Publié le dimanche 24 février 2013 à 20h50min

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Le Burkina Faso accueille en ce moment le 23e Festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou (FESPACO). Imaginé et mis en route par des devanciers tels Feu François Bassolet, Claude Prieux et Alimata Salembéré qui, aujourd’hui ne doivent plus être suffisamment fiers de leur Fespaco, non pas parce que le FESPACO a changé de rôle, non pas non plus parce que son organisation est défaillante.

Mais sans doute parce que les citoyens et les cinéphiles pour lesquels ce Festival du cinéma a été conçu ne s’y intéressent pas véritablement. Non pas parce qu’ils ne veulent pas, mais tout simplement parce que les conditions d’une appropriation du cinéma par les populations et les acteurs même du cinéma ne sont toujours pas remplies. Surtout au Burkina Faso qui accueille le FESPACO depuis plus de quarante ans. Gaston Kaboré, Djim Kola, Idrissa Ouédraogo, Daniel Kollo Sanou, Paul Zoumbara et autres ont écrit de belles pages du cinéma burkinabè. Des films comme Tilaï, Yaaba, Buud Yam, Jours de tourmente, Paméogo, Le Choix, Les Etrangers, etc… ont drainé du monde partout au Burkina où ils ont été projetés. Dans des salles comme le ciné Kadiogo, le ciné Oubri, le ciné Rialé, le ciné Gounghin, le ciné Guimbi, le ciné Houet, ou encore le ciné Sya. On se rappelle encore les longues files qu’observaient jeunes hommes et jeunes filles en son temps parce qu’ils voulaient voir tel ou tel film. Le cinéma a vécu. S’il doit revivre, alors qu’on lui donne les moyens de revivre.

Toutes ces salles de cinéma, ci-dessus citées ont été vendues et transformées en des magasins de quoi on ne sait. Bobo-Dioulasso par exemple ne dispose que d’une seule salle de cinéma. Ouagadougou n’en a que deux : le ciné Burkina et le ciné Neerwaya qui sont une initiative privée. Les cinéastes n’ont pas fini de se jalouser pour s’occuper du cinéma. L’Etat, visiblement, face à tout cela manque de moyens, ou du moins prend ses distances face à ce cinéma-là. Si bien que le pays hôte du cinéma fait un autre cinéma.

Le ministre Baba Hama de la Culture et du Tourisme fait bien des efforts. Il a été délégué général du FESPACO, puis est passé par le ministère de la Culture avant d’en être le patron. Il peut bien faire la comparaison après avoir contribué au cheminement du cinéma au Faso. Michel Ouédraogo, l’actuel délégué général du Festival se bat également comme il peut. Mais, ce n’est plus le temps où l’Agence de coopération culturelle et technique (ACCT) de la Francophonie et des partenaires comme le Canada et le Danemark ouvraient le portefeuille sans se soucier de ce qu’on va en faire. Il y a plus de vingt-ans que le Burkina Faso, à travers ses artistes, a brandi le prestigieux trophée de l’Etalon d’or de Yennenga. Missa Hébié, Guy Désiré Yaméogo, Boubacar Diallo, Dani Kouyaté, Issa Traoré de Brahima, Adjaratou Lompo, Tahirou Ouédraogo et les autres se sont battus et se battent bien, mais ce n’est pas suffisant. Il faut donc redoubler d’efforts. Mais comment ? Apolline Traoré, la seule cinéaste qui représente le Burkina à ce 23e Fespaco avec le seul long métrage pourra-t-elle toute seule nous apporter l’Etalon de Yennenga ?

C’est là que se trouve toute la problématique. Comment font les autres, les pays arabes (Maroc, Tunisie, Algérie) et les Maliens ? Comment est-on arrivé en Europe, notamment en France que nous aimons singer, à faire en sorte que malgré tout, le cinéma soit resté un grand et bon ambassadeur ? La prochaine fois qu’on aura l’occasion d’aller présenter à la presse internationale, que ce soit au Maghreb ou en Europe (au bord de la Seine) demandez-leur comment ils font. En attendant, osons croire que le siège du FESPACO ne prendra plus feu, qu’il sera très prochainement inauguré pour mieux conserver, au moins, la mémoire de ce que les devanciers ont fait. N’est-ce pas un beau film tout cela ?

Dabaoué Audrianne KANI

Express du Faso

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