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Autant le dire… : Ils ont encore réveillé cette CEN-SAD pour quels desseins ?

Publié le mardi 19 février 2013 à 01h14min

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Les chefs d’Etat de la Communauté sahélo-Saharienne (la fameuse CEN-SAD) se sont réunis à N’Djamena au Tchad, le week-end dernier pour réveiller ce « machin » qu’on croyait mort avec la disparition de son géniteur Mouammar Kadhafi. On peut bien s’interroger sur les motivations réelles qui ont milité à « sortir du trou » quelque chose qui ne faisait en réalité que le prestige de Mouammar Kadhafi qui en avait besoin pour se faire voir et apprécier. Ce fut exactement la même chose en son temps avec le président Félix Houphouët-Boigny et le Conseil de l’Entente. Créé juste pour servir de contrepoids à la Fédération du Mali. En clair, cette organisation qui ne regroupait et qui regroupe toujours le Bénin, le Togo, le Burkina Faso, la Côte d’Ivoire et le Niger avait servi à anéantir les velléités de fédération d’Etats qui avaient compris qu’il valait mieux se regrouper pour être plus forts. Malheureusement…

Après son arrivée au pouvoir, Alassane Ouattara qui se réclame d’Houphouët-Boigny a pensé utile de remettre au goût du jour, lui aussi, les vestiges de ce dernier. C’était à Cotonou le 6 décembre 2011, quand les chefs d’Etat de ce « Conseil de l’Entente » s’étaient réunis et ont pris des engagements. Depuis, plus rien ! On se rappelle qu’à l’occasion de la cérémonie d’ouverture, un poète béninois les avait interrogé en ces termes : « « Etes-vous prêts, chers présidents ? ». « Etes-vous prêts, chers présidents ? », avait-il interrogé au moins trois fois. En les questionnant donc, il voulait bien s’assurer s’ils sont prêts à s’approprier les mêmes ambitions. A la fin de son poème, il a dit à peu près ceci en langue locale : « par ma petite bouche, je vous ai dit ce qu’on m’a dit de dire ».

En effet, si l’adage dit que « trop de viande ne gâte pas la sauce », il faut cependant faire remarquer que trop d’organisation, trop de réunions au sommet, trop de rencontres, entraînent la dispersion des énergies et rend inéluctablement inefficace. Prenons seulement le cas du Burkina qui nous concerne directement. Ce petit pays pauvre au cœur de l’Afrique de l’Ouest est membre du Conseil de l’Entente. Il est membre de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA). Il est encore membre de la CEN-SAD, membre de l’Autorité du bassin du fleuve Niger, membre de l’Autorité du bassin de la Volta ; membre de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest ; membre du Comité inter-états de lutte contre la sécheresse au Sahel (CILSS) ; membre de l’Union africaine (UA).

Et ce n’est pas tout, puisque sur le plan international, il est membre d’autres organisations. A commencer par l’Organisation des Nations unies et de tous ses organes et sous-organisations ; l’Organisation internationale de la Francophonie, etc. Il n’y a qu’à considérer seulement les cotisations qu’il faut consacrer au fonctionnement et les frais de participation aux multiples sommets et rencontres de ces petites organisations sous-régionales qui « se marchent sur les talons » (elles ont pratiquement les mêmes objectifs) pour se convaincre de ce que nous dilapidons nos maigres ressources et nos énergies. Alors qu’aucune de ces organisations n’est véritablement efficace.

En dehors de l’UEMOA qui se démène comme elle peut pour forcer l’intégration (par le sommet, parce que les peuples sont déjà intégrés) et qui intervient très souvent dans le cadre de certains projets de développement, toutes les autres ne servent pratiquement à rien. Le Ghana et le Nigéria ne font partie que de la CEDEAO en Afrique de l’Ouest. Mais ces deux pays ne s’en portent pas moins bien que le Mali, le Niger et le Burkina. Au contraire, le Ghana est économiquement plus viable que ces pays-là pris individuellement. Le Nigéria également. Pourquoi donc multiplier coûte que coûte des organisations qui ne rapportent pratiquement rien ? Tôt ou tard, le problème de leur pertinence sera posé.

Dabaoué Audrianne KANI

L’Express du Faso

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Vos commentaires

  • Le 19 février 2013 à 07:56, par Sosaro En réponse à : Autant le dire… : Ils ont encore réveillé cette CEN-SAD pour quels desseins ?

    Pour une fois Madame, je partage votre point de vue. Prenons juste un exemple : qu’est-ce que le Liptako Gourma ou l’Agence panafricaine de la Grande muraille verte (créée en 2010) apporte de plus que le CILSS créé en 1973 ?
    Qui plus est, on note que certaines décisions prises par l’un de ces multiples "machins" contredisent celles prises par un autre. On voit même des petits groupes de Chefs d’Etat prendre des décisions qui vont à l’encontre de décisions prises par l’Union Africaine.
    Mais au delà des politiques, il faut dire que les techniciens qui préparent ces décisions sont les premiers responsables, essentiellement soucieux des voyages et perdiems que ces décisions contradictoires leur procurent, plutôt que de développement et des intérêts de leurs pays.

  • Le 19 février 2013 à 09:14, par Lady Gaga du Faso En réponse à : Autant le dire… : Ils ont encore réveillé cette CEN-SAD pour quels desseins ?

    Je suis d’accord avec l’auteur de cet article ! c’est bien dit !
    l’afrique en général, le BF en particulier souffre d’"organisationnite aigüe" , de réunionnite sévère" !!! on n’a pas besoin de tout çà là ! si on veut copier les blancs on n’a qu’à bien le faire ! pas jusqu’à dépasser !!! on ne voit plus les limites de chaque organisation et son impact réel ! tout ceci c’est le "yèrè yira" (le m’as-tu vu) de certains dirigeants africains qui veulent être bien vu par tous ! tchruuurrrrr on n’a pas besoin de toutes ces organisations avaleuses d’argent pour se développer ! nombreuses doivent être dissoutes ! pfffffffffff

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