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Sommet extraordinaire de la CEN-SAD à N’Djamena : L’ère du renouveau

Publié le dimanche 17 février 2013 à 23h47min

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Sommet extraordinaire de la CEN-SAD à N’Djamena : L’ère du renouveau

Le Président du Faso, Blaise Compaoré et neuf de ses pairs ont participé, le samedi 16 février 2013, à N’Djamena, au Tchad, aux côtés du Président Idriss Deby Itno, au sommet extraordinaire des chefs d’Etat et de gouvernement de la Communauté des Etats sahélo-sahariens (CEN-SAD). La rencontre a consacré la renaissance de l’organisation.

Adieu à la Communauté des Etats sahélo-sahariens (CEN-SAD), à la sauce Mouammar Kadhafi ! Le sommet extraordinaire des chefs d’Etat et de gouvernement de la CEN-SAD, tenu à N’Djamena, au Tchad, le 16 février 2013, appelé celui du renouveau, de la refondation et de la renaissance, a débouché sur l’adoption d’un traité révisé de l’organisation, avec la création de deux comités permanents. Le premier est chargé de la paix et de la sécurité dans l’espace et le deuxième, du développement durable.
Les onze chefs d’Etat présents, dont le Président du Faso, Blaise Compaoré, ainsi que des représentants des 17 autres pays de la CEN-SAD ont signé ledit traité révisé, à la grande satisfaction du président tchadien, Idriss Deby Itno, hôte de la rencontre.

Après la signature du traité, preuve de la volonté des pays membres de remettre leur organisation sur de bons rails, le président Deby a invité « ses frères chefs d’Etat et les représentants des autres pays », à appuyer sur l’accélérateur, de sorte que d’ici au prochain sommet prévu au Maroc, à une date qui sera fixée ultérieurement, le traité entre en vigueur. Il a indiqué le chemin à parcourir : « il faut au moins 15 ratifications pour sortir la CEN-SAD de sa léthargie ».

Le sommet a également adopté le règlement intérieur de la Conférence des chefs d’Etat et/ou de gouvernement, celui du Conseil exécutif, le règlement financier de la Communauté et les statuts et règlement intérieur du personnel de la communauté.

Une organisation ne peut pas bien fonctionner et être indépendante, si ses membres ne paient pas leurs cotisations. C’est dans ce sens que la Conférence a demandé aux Etats membres de payer leurs contributions au budget de la communauté, sur la base du barème décidé, à l’occasion de sa 12ème session ordinaire, tenue en juillet 2010 à N’Djamena. Les représentants de la Commission de l’Union africaine, de la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), de la Communauté économique des Etats de l’Afrique centrale (CEEAC) et de l’Organisation de la conférence islamique (OCI) ont exprimé la disponibilité de leurs institutions respectives à renforcer et développer des relations de coopération et de partenariat avec la CEN-SAD.

Ceci, au regard de la similitude des objectifs poursuivis dans les domaines de la prévention, de la gestion et du règlement des conflits et également, en matière de développement socioéconomique.

Espace CEN-SAD, nid de crises et de conflits !

La session extraordinaire de la Conférence des chefs d’Etat et/ou de gouvernement a exprimé sa grande préoccupation face à la dégradation de la situation sécuritaire d’ensemble, notamment du fait de l’existence de groupes terroristes et des conséquences du printemps arabe dans les pays concernés. C’est ainsi que les uns et les autres ont été invité à mutualiser les moyens pour barrer la route aux terroristes et autres narcotrafiquants qui mettent à mal la stabilité des pays de la région. Les chefs d’Etat et de gouvernement ont appelé à la solidarité à l’endroit de tous les pays membres en proie aux crises.

C’est le cas du Mali, du Soudan, du Soudan du Sud, de la Centrafrique, de la Somalie, de la Libye, etc. Ils ont réaffirmé leur soutien et leur volonté à être aux côtés de ces pays frères pour les ramener sur la voie de la stabilité. La Conférence a, d’ailleurs, relevé l’intime relation entre la sécurité et le développement et a prôné la poursuite des efforts internationaux et régionaux pour prévenir, gérer et régler les crises et conflits, développer la concorde, la fraternité et le bon voisinage constructifs.
Mais pour Idriss Deby Itno, président en exercice de la CEN-SAD, il est temps pour les Etats africains de prendre leurs responsabilités, leur destin en main. Il a affirmé que les Africains ne peuvent pas se complaire dans cette incapacité à assurer leur propre sécurité, un demi-siècle après les indépendances.

Après tout, le président Deby a retenu une bonne moisson du sommet de N’Djamena. « Au terme de nos travaux, nous pouvons être fier d’avoir atteint l’objectif que nous nous sommes fixé en 2010, à savoir la restructuration de notre organisation qui avait tendance à s’écarter du chemin que nous lui avons tracé, à sa naissance », a-t-il souligné.
Le sommet extraordinaire de la CEN-SAD a enregistré la participation de 10 chefs d’Etat, en plus de Idriss Deby Itno. Il s’agit des chefs d’Etat du Bénin, Thomas Boni Yayi, du Burkina Faso, Blaise Compaoré, de la Centrafrique, François Bozizé, de la Côte d’Ivoire, Alassane Dramane Ouattara, de Djibouti, Ismail Oumar Guelleh, du Mali, Dioncounda Traoré, de la Mauritanie, Mohamed Ould Abdel Aziz, du Niger, Issoufou Mahamoudou, du Sénégal, Macky Sall, du Soudan, Omar Hassan Al Béchir et du Tchad, Idriss Deby Itno. Le Premier ministre de la Libye, Ali Zeidan et celui de l’Egypte, Hecham Qandil, ont également participé au sommet dit de la renaissance de la CEN-SAD.

Ali TRAORE (traore_ali2005@yahoo.fr) :
Envoyé spécial à N’Djamena


Blaise Compaoré : « Etre témoin de la renaissance de la CEN-SAD »

« Nous sommes à N’Djamena pour être témoin de la renaissance de la CEN-SAD. C’est l’occasion de saluer l’action du Président Idriss Deby qui, au moment des perturbations graves que la Libye a connues, a continué d’accompagner la vie de cette communauté, notamment les activités de son siège qui était à Tripoli. Après cela, le Président Deby a aussi conduit les directives qui ont été données sur la restructuration de notre communauté, à savoir lui donner davantage de vitalité, mais surtout nous fixer des objectifs plus précis en relation avec l’environnement du moment, et surtout les aspirations réelles de nos populations.

C’est pourquoi, à travers le traité rénové, nous avons mis l’accent sur deux chantiers principaux, à savoir la question de la paix, de la stabilité et de la sécurité dans l’ensemble de la région, mais aussi l’organisation d’un développement durable pour satisfaire les besoins de bien-être de nos populations. C’est donc autour de ces deux chantiers que nous avons organisé l’action de la Communauté des Etats sahélo-sahariens (CEN-SAD), pour les temps à venir.

A propos de la crise au Mali, je pense que le Burkina Faso, tout comme la CEDEAO, l’Union africaine (UA) et la communauté internationale, a la conviction qu’il n’y a pas de solution purement militaire. Il fallait s’engager dans un processus de dialogue politique sur ces revendications, certes excessives, mais des revendications politiques faites par des Maliens. Il était donc nécessaire de parvenir à une solution politique, tout en ayant à l’esprit que les mouvements radicaux et extrémistes étaient à détruire. Malheureusement, ces mouvements politiques qui avaient engagé les discussions à Ouagadougou et qui étaient arrivés, avec la partie gouvernementale, à s’engager pour lutter contre le terrorisme et rejeter l’extrémisme religieux, ont été débordés par de plus extrémistes qui ont entrepris l’attaque de Konna.

Ce qui a amené la communauté internationale, mobilisée derrière la France et le gouvernement malien, à engager une opération qui devait consister, militairement, à faire en sorte que le territoire malien soit totalement libéré. C’est ce qui est actuellement en cours. L’opération est saluée par la communauté internationale, parce que nous devons, nous Etats organisés, éviter que des groupes formés autour d’éléments de très basse moralité, puissent nous déstabiliser. Mais la question de la réponse à cette crise demeure, parce que nous voyons ailleurs que la guerre n’est pas toujours la voie qui peut assurer une réponse définitive à une crise du genre.

Il est certain que nous allons relancer le dialogue politique, dans l’intérêt des Maliens et de la sous-région. Nous l’avons toujours dit et tout le monde est conscient de nos jours, que cette dimension politique est nécessaire pour que les Maliens puissent se réconcilier, que les réfugiés puissent retourner dans leur zone, mais aussi pour que ces mouvements politiques maliens puissent s’associer à l’ensemble de la communauté ouest-africaine pour rejeter, complètement, les radicaux islamistes qui organisent des actions terroristes dans cet espace ».

Propos recueillis par Ali TRAORE à N’Djamena


Idriss Deby Itno : « Il y a eu des dérives… »

« C’est une rencontre qui était prévue depuis 2010. Elle a été perturbée par les événements du printemps arabe et qui n’ont pas épargné la Libye. Heureusement, nous avons pu nous réunir, ce 16 février 2013, pour mettre à flot la CEN-SAD. Nous avons créé l’organisation, en 1998, pour un certain nombre d’objectifs à atteindre, dans toute la région sahélo-saharienne. Mais il y a eu des dérives, de sorte que 12 ans après, nous n’avons pas atteint beaucoup de nos objectifs. C’est pour cela que nous avons voulu faire un cadrage. Ce cadrage a été effectué, grâce aux réunions ministérielles qui se sont tenues à Ouagadougou, à N’Djamena, au Maroc et maintenant, la quatrième réunion ministérielle au Tchad.

Ces réunions ont fait un cadrage. Nous avons donc révisé le traité de la CEN-SAD, d’une manière très claire et très visible en fixant bien les objectifs à atteindre. C’est vraiment l’intégration de la sous-région qui est visée. Vous savez que cet espace géographique vit, de nos jours, des problèmes assez graves. Il ne s’agit pas de l’insécurité seulement, mais de la menace de l’avancée du désert, avec les changements climatiques et tout ce que nous connaissons comme difficultés, en matière d’insécurité alimentaire, de développement, d’échanges et autres. Nous estimons que cet espace qui regroupe 28 pays africains qui ont les mêmes besoins peut être construit et même aider l’Union africaine à aller plus loin dans ses objectifs d’intégration. Il ne s’agit pas de créer une organisation, des banques et des organismes pour ne rien faire.

Nous voulons que ces banques travaillent à devenir réellement des instruments de développement, et d’investissement. Nous voulons, en réalité, nous prendre en charge, au plan de la sécurité. Nous voulons aussi nous prendre en charge, au plan du développement, des infrastructures avec cette banque, qui a quand même, aujourd’hui, un capital important, certes, mais il faut mettre encore de l’argent pour permettre d’atteindre nos objectifs de développement. C’est pour le compte de tous les Sahéliens et Sahéliennes. Je pense qu’il n’y a pas une meilleure organisation que la CEN-SAD, qui regroupe un nombre important de pays, dont beaucoup ne font pas partie de la même zone géographique. Nous espérons qu’avec le cadrage actuel, les choses vont être bien clarifiées et que les pays membres, géographiquement, historiquement et humainement, seront cohérents dans leur travail, afin d’agir rapidement sur le terrain ».

Propos recueillis par A. T. à N’Djamena

Sidwaya

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