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Autant le dire… : Savent-ils vraiment pourquoi ils veulent être maire ?

Publié le dimanche 17 février 2013 à 23h45min

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Certains sont déjà maires, d’autres aspirent à cette responsabilité à l’issue de la reprise partielle des élections municipales qui a eu lieu hier dimanche 17 février. Mais en vérité, savent-ils pourquoi ils sont devenus maires ou pour quelle raison veulent-ils être maires ? L’adage dit qu’il ne faut pas verser l’eau du bain avec le bébé. Cependant, il convient dans la situation actuelle que beaucoup de nos maires et de nos futurs maires ne savent pas pourquoi ils sont devenus maires et pourquoi ils veulent l’être. Il n’y a qu’à leur poser la question pour s’en rendre compte. Pour la plupart, ils sont maires ou veulent l’être pour apporter le développement.

Lequel développement, ils ne savent pas trop. Comment l’apporter, ce développement-là, ils ne le savent pas trop. Sur la base de quel programme ont-ils été élus ? Ils ne le savent pas non plus. Tout ce qu’ils savent, c’est qu’ils sont devenus maires, président de commission, adjoint au maire ou encore tout simplement conseiller municipal. C’est dire que les partis politiques, soit n’ont pas voulu mettre les hommes qu’il fallait à la place qu’il fallait, soit ils ont été impuissants face à l’envie de certains conseillers de devenir maire, ou soit encore, ce sont les populations qui ont désigné leur maire (par affinité, au mépris des règles démocratiques).

Ce qui apparaît très dangereux d’abord pour la démocratie en construction, mais surtout pour le processus de développement de nos communes, basé en grande partie sur le programme politique du président du Faso, avec qui le peuple a un contrat de développement. Alors, si Blaise Compaoré veut donc que son programme soit bien exécuté, qu’à la fin de son mandat il puisse être fier que son contrat a bien été rempli, c’est le moment de prendre ses responsabilités. Si ce n’est déjà tard.

Car en effet, être maire, ce n’est pas rien. Ce n’est donc pas n’importe qui. C’est un mandat électif tellement noble et important qu’on ne devrait pas autoriser le premier venu à en jouir, car, de la façon dont se présente la situation, tout porte à croire, et nous l’avons à plusieurs reprises indiqué, que le début est bien faussé. Il y a un minimum de connaissances livresques qu’un maire doit posséder. Osons le dire car, jusqu’à preuve du contraire, les textes régissant la décentralisation, le fonctionnement des conseils municipaux et l’administration de façon générale, sont contenus dans des documents en français. Même, traduits en langues nationales, il faut être alphabétisé pour les comprendre et les mettre en œuvre.

Le développement, tel qu’on le conçoit ne peut être effectif que lorsqu’il est compris par ceux qui sont chargés de le mettre en œuvre. Il ne peut en aucun cas être improvisé. Aussi, le Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP) qui occupent la majorité des conseils municipaux doit-il repenser sérieusement la désignation ou l’élection des maires en son sein. Si c’est déjà trop tard, il doit faire avec, tout en prenant les mesures nécessaires pour que ses maires soient à la hauteur des attentes des populations et surtout en phase avec le programme présidentiel. Pour les autres partis, ils auront à jouer leur destin politique dans les communes qu’ils occupent. Pour cette deuxième phase de la décentralisation (deuxième mandature pour la majorité des communes rurales), on ne doit plus permettre l’amateurisme et l’à-peu-près.

Les communes où les maires n’auront pas compris cela, où cet engagement véritable à servir la communauté n’aura pas été compris, le retard sera difficile à rattraper. Il en sera de même dans les communes où la mésentente, l’instabilité ou les bagarres sur des questions de parcelles ou de leadership prendront le dessus sur les vraies questions de développement. Malheureusement, à voir de près, c’est ce chemin hasardeux qu’on est en train de prendre. Aussi, il me semble qu’il ne devrait pas être question d’être bienveillant envers les empêcheurs de travailler en rang serrés. Idem pour tous ceux qui ne seront pas à la hauteur. Ça ne sera pas mauvais.

Dabaoué Audrianne KANI

L’express du Faso

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Vos commentaires

  • Le 18 février 2013 à 13:19, par fissoni En réponse à : Autant le dire… : Savent-ils vraiment pourquoi ils veulent être maire ?

    Savent ils vraiment pourquoi ils veulent être Maires ???? la réponse est claire et simple Pour se remplir les poches ...........

    • Le 18 février 2013 à 18:31, par le consultant En réponse à : Autant le dire… : Savent-ils vraiment pourquoi ils veulent être maire ?

      être Maire, je pense que c’est d’abord un sacrifice de soi, de son temps et de ses finances. imagine 1 conseil municipal de 20 personnes dont le niveau d’instruction le plus élevé est le BEPC et est détenu par le 1er responsable ! Gouverner c’est prévoir, dit on. Quel programme peut il élaborer pour faire rentrer les sous ? avant d’y parvenir, il faut faire face aux exigences de tous genres et venant de toute part. Parfois, malgré ta bonne volonté (et ta volonté de s’enrichir !), tu fais plutôt pité, car de dehors on pense que tu es pingre ! encourageons les maires de communes (rurales) qui s’en sortent. soutenons -les plutôt que de penser que "être maire c’est pour s’enrichir". ils me font pitié. NB : certains ont hérité d’une situation très favorable, ils bouffent sans réfléchir et s’en vont avant la fin de leur mandat ; il ne s’agit pas d’eux.

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