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Autant le dire… : C’est pourquoi ce pays-là est comme cela

Publié le vendredi 15 février 2013 à 00h06min

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Autant le dire… : C’est pourquoi ce pays-là est comme cela

Depuis des années, des femmes se dérouillent dans la poussière de résidus de coton qu’elles achètent directement dans les usines de la Société des fibres textiles du Burkina (SOFITEX). Depuis que des hommes, sans doute avec des complicités ont compris que ça rapporte de l’argent à ses braves femmes-là, ils se sont introduits dans le circuit. Et s’en sont accaparés et détiennent désormais le « monopole » des résidus. Depuis, les femmes n’ont plus accès aux usines. Le prix du camion qui était de dix mille à quinze mille F CFA est passé au double. Par effet domino, les femmes revendent naturellement plus cher les produits issus de leur travail. Et du coup, c’est le consommateur qui paie. Voilà comment on fait le commerce et les affaires au Burkina.

Dans certaines administrations, ce sont les travailleurs qui sont devenus les fournisseurs de matériels de bureau, de matériels de nettoyage. Ce sont les mêmes travailleurs qui ont les sociétés de gardiennage et de nettoyage pour leur service ; ce sont les mêmes travailleurs qui créent des sociétés fictives d’intermédiation qui reviennent fournir les services là où ils travaillent, là où ils sont payés, au détriment des commerçants qui devraient être les fournisseurs. Mais là où les commerçants ont la chance de fournir ces matériels, on leur demande toujours : « il faut que tu ajoutes ma part ». Ainsi, le service dans lequel ils travaillent paie plus cher parce que des employés veulent quelque chose. Quel esprit !

Autour du marché de Bobo, un paysan vient s’acheter une moto après avoir perçu l’argent de son coton. Une année de dur labeur. Il est tout de suite accosté par des « cokseurs » qui lui ont fait croire qu’ils sont les vendeurs de motos. Le prix de la moto qu’il avait en tête en quittant son village est vite monté, parce que le vrai revendeur y a ajouté la part du cokseur. Ensuite, on lui vend la moto sans carburant, sans huile-moteur, sans certains accessoires. On lui demande de les acheter s’il veut que sa moto soit « complète ». Finalement, la moto lui est revenue beaucoup plus chère qu’il se devait. Tout simplement parce qu’il y a eu beaucoup d’intermédiaires à satisfaire. De retour au village, il s’est bien interrogé en ces termes : « ces gens de la ville sont comme cela ? ».

Désabusé par de tels comportements parmi tant d’autres, un politicien (encore eux) s’est exclamé en ces termes : « que le pays-là se gâte et on aura tous la paix ». Et un paysan dont les cultures ont été piétinées par des animaux d’un éleveur, de dire : « si c’est ainsi, qu’on partage le Burkina-là, chacun va prendre sa part et en faire ce qu’il veut ». Ces réactions traduisent à quel point certains Burkinabè (heureusement qu’ils ne sont pas les plus nombreux) sont de nos jours déçus par certains comportements peu recommandables. Si bien qu’on a envie de dire que le Burkinabè a perdu depuis quelque temps son intégrité qui faisait de lui un Burkinabè.

Aussi, il apparaît de plus en plus indispensable de moraliser un tout petit peu la vie publique. Mais cela ne peut se faire sans une éducation familiale et de base véritable qui prenne en compte les valeurs morales d’intégrité, de travail, d’honnêteté, de démocratie, de cohésion citoyenne, de citoyenneté, etc. Ce sont des choix qui s’imposent en ce moment si nous voulons construire un Burkina Faso de paix, de cohésion, de concorde et de démocratie pour les générations futures. A chacun donc de prendre ses responsabilités.

Dabaoué Audrianne KANI

L’Express du Faso

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