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Kuilbila Jean Sylvestre Sam, Directeur Général des douanes : « Il faut un changement de comportement mais aussi sensibiliser l’opinion publique sur certains avantages légaux dont bénéficient les agents des douanes »

Publié le lundi 4 février 2013 à 14h33min

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Kuilbila Jean Sylvestre Sam, Directeur Général des douanes : « Il faut un changement de comportement mais aussi sensibiliser l’opinion publique sur certains avantages légaux dont bénéficient les agents des douanes »

441 milliards de francs CFA de recettes, c’est la performance réalisée par les Douanes en 2012. Des performances réalisées grâce à un climat de paix, de cohésion et de bonne collaboration au sein de l’ensemble des partenaires du secteur de la douane comme le souligne le premier responsable. Ce qui fait dire à Kuilbila Jean Sylvestre Sam que le bilan en un an est satisfaisant. De ce bilan, de la lutte contre la corruption, de l’affaire Guiro et des autres chantiers, le patron des douanes burkinabè nous en parle, avec modestie et surtout, avec maîtrise et conviction, la preuve sans doute de son engagement à remplir au mieux la mission à lui confiée.

Quel bilan faites-vous environ un an après votre nomination ?

Je voudrais, de prime abord, vous dire merci pour l’occasion que vous nous offrez de nous exprimer sur votre tribune. Je saisis cette opportunité pour réitérer mes vœux de santé, de paix, de prospérité, de succès et de bonheur à tout le peuple burkinabè surtout en ces moments où notre région connaît des regains de tension dont l’illustration parfaite est donnée par la guerre qui sévit au Mali.

En ce qui concerne votre question, je suis tenté de dire que nous sommes globalement satisfaits par le simple fait que nous avons atteint les prévisions de recettes qui nous avaient été fixées par la Loi de Finances (gestion 2012) d’une part, et d’avoir pu conduire notre maison une année durant dans un climat de paix et de cohésion avec notre personnel et l’ensemble des usagers de nos services d’autre part. Il faut se rappeler que ce n’est pas toujours évident pour une équipe totalement rajeunie qui arrive aux commandes d’une institution aussi délicate à manœuvrer et surtout dans les circonstances que l’on connaît.

Vous êtes en effet arrivé dans un climat particulier, notamment celui du limogeage de votre prédécesseur ; comment avez-vous abordé votre mission ?

J’ai abordé ma mission avec beaucoup d’appréhension compte tenu du contexte qui prévalait au moment de ma nomination et auquel vous faites allusion. Heureusement, je me suis rendu compte très vite que je pouvais compter sur mon ministre de tutelle ainsi que sur mon entourage composé en majorité d’agents de douane tous grades confondus qui m’ont rassuré de leur soutien dans le cadre de mes nouvelles fonctions. A partir de ce moment, j’ai commencé à reprendre graduellement confiance et pour le moment les choses semblent aller de mieux en mieux.

Quels sont les principaux objectifs que vous vous êtes fixés ?

Lorsque j’ai pris fonction, il m’a été confié la mise en œuvre d’une feuille de route dont l’objectif général est la consolidation des acquits en matière de recettes douanières et la modernisation de l’Administration des Douanes. En ce qui concerne les objectifs stratégiques, ils s’articulent autour de sept (7) axes à savoir :
-  instaurer et développer une culture de management stratégique ;
-  améliorer et rationaliser la gestion du personnel et du matériel ;
-  instaurer et promouvoir un partenariat mutuellement avantageux avec les partenaires du public et du privé ;
-  développer la communication interne et externe ;
-  améliorer la gouvernance et l’éthique en douane ;
-  moderniser et simplifier les procédures et les régimes douaniers ;
-  adapter notre cadre juridique et institutionnel à l’environnement économique et commercial.

L’ensemble de ces objectifs stratégiques constitue l’ossature du plan stratégique triennal glissant de notre administration. La réalisation de ce plan se fait à travers des Plans d’actions Prioritaires (PAP) qui sont une sorte de Contrats d’Objectifs signés annuellement entre la Direction Générale des Douanes et le Ministère de l’Economie et des Finances.

Il ressort que les Douanes ont fait rentrer plus de 440 milliards en 2012, au-delà des résultats attendus ; quelle a été la stratégie mise en place pour atteindre ce résultat ?

Effectivement, nous avons eu beaucoup de chance cette année car nous avons pu atteindre voire dépasser les prévisions qui nous avaient été assignées à savoir initialement 326 milliards et modifiée par Loi de finances rectificative intervenue en cours d’année à hauteur de 383 milliards de francs CFA. Nous avons réalisé à peu près 441 milliards de FCFA et vous me donnez l’occasion ici de féliciter tous ceux qui, d’une manière ou d’une autre, ont contribué à l’atteinte de ces résultats, en particulier les agents des douanes.

Concernant la stratégie utilisée, elle découle de la mise en œuvre de notre plan stratégique dont je vous ai parlé tantôt et qui se fait à travers le Plan d’Actions Prioritaires annuel et le programme d’activités.
La particularité en 2012 vient du fait que nous sommes allés au-delà des actions classiques que nous mettons en œuvre chaque année pour prendre en compte des actions de type nouveau car lorsque vous vous retrouvez en face de défis qui sont nouveaux, il convient d’adopter des mesures de type nouveau pour pouvoir s’en sortir.

Les principales mesures qui ont été adoptées dans ce cadre et que nous avons pu appliquer avec un taux de réalisation satisfaisant ont été les suivantes :
-  le respect de la compétence des bureaux en matière de dédouanement :
-  l’installation d’écrans destinés à sensibiliser les usagers des services des douanes ;
-  la mise en service d’un numéro vert à la disposition des usagers pour dénoncer les cas supposés de fraude et de corruption ;
-  le déchargement systématique des marchandises composées de plus de deux articles avant l’accomplissement des formalités douanières ;
-  la réduction du nombre de contrôles routiers conformément aux dispositions des textes communautaires ;
-  la création de guichets d’accueil et de renseignements auprès des principaux bureaux de dédouanement ;
-  la fermeture des Unités de Dédouanement Banalisées (UBD) dans les offices de Ouagadougou et de Bobo-Dioulasso ;
Il faut rappeler que cette première série de mesures qui a été adoptée dans le cadre de notre plan d’action est entrée en vigueur pour compter du 1er mai 2012 après avoir été portée à la connaissance des usagers de l’Administration des Douanes lors d’une rencontre qui s’est tenue dans la salle de Conférence du Conseil Burkinabè des Chargeurs (CBC) le 19 avril de la même année.

Les Douanes sont régulièrement citées dans les rapports sur la corruption ; comment accueillez-vous cela ?

Ce n’est certainement pas avec fierté que nous accueillons la perception liée à notre image dans les rapports sur la corruption.

Quelles sont les réformes que vous comptez mettre en œuvre pour changer cette perception ?

Je pense que nous devons continuer de travailler à améliorer positivement cette image à travers notamment un changement de comportement mais aussi à sensibiliser l’opinion publique sur certains avantages légaux dont bénéficient les agents des douanes du fait de la spécificité de leur fonction mais qui sont malheureusement méconnus. Je voudrais parler du travail extra-légal, du contentieux douanier, du fonds commun et de la prime de rendement, à titre d’exemple. Un bon douanier qui sait faire du contentieux parce qu’il maîtrise la matière et a envie de travailler peut se retrouver en une année avec plusieurs millions de francs CFA.

Du reste, je pense que la réalisation de notre plan stratégique qui contient entre autres des objectifs stratégiques axés sur la gouvernance et l’éthique devrait permettre de changer positivement cette perception de l’opinion vis-vis de notre corps.

Le cas Ousmane Guiro reste encore sujet de beaucoup de discussions et d’interrogations pour les citoyens ; quels commentaires en faites-vous ?

Je crois qu’il n’est pas décent de commenter une affaire qui se trouve entre les mains de la justice et dont on ne saurait présager le dénouement. Laissons les choses suivre leur cours normal.

Les Douanes sont sous la tutelle du Ministère de l’Economie et des Finances qui est lui-même engagé dans une dynamique de réformes ; comment vous insérez-vous dans cette dynamique ?

Le Ministère de l’Economie et des Finances a effectivement engagé un certain nombre de réformes en son sein. Ces réformes visent à lui permettre de réaliser avec une grande efficacité les objectifs de développement inscrits dans le cadre de la Stratégie de Croissance Accélérée et de Développement Durable (SCADD) qui constitue à l’heure actuelle le référentiel du Gouvernement en matière de conduite de la politique de développement économique et social de notre pays et qui lui sont confiés à travers la Politique Sectorielle de l’Economie et des Finances (POSEF). L’une des innovations majeures entreprises dans le cadre de ces réformes est l’adoption du Plan Stratégique Institutionnel (PSI) qui a consacré la relecture des textes portant organisation et fonctionnement du Ministère de l’Economie et des Finances et partant des structures qui lui sont rattachées dont la Direction Générale des Douanes.

De manière concrète, ces reformes se sont traduites au sein de l’Administration des Douanes par l’érection de l’Ecole Nationale des Douanes en Etablissement Public de l’Etat afin de lui conférer une autonomie de gestion, donc une plus grande souplesse dans son fonctionnement. Il y’a eu aussi la création ou la suppression de certains services pour éviter les doublons et assurer une bonne répartition des tâches afin d’assurer une plus grande efficacité dans la réalisation des objectifs poursuivis.

En outre, il faut signaler la création de Directoires dans certaines grandes directions dont la nôtre. Ils se définissent comme étant des organes d’aide à la décision dans certains domaines jugés sensibles et stratégiques. Au niveau de la Direction Générale, les domaines concernés sont ceux des exonérations et des transactions douanières. Ces organes qui doivent orienter les décisions de Monsieur le Ministre de l’Economie et des Finances dans les domaines cités contribueront sans doute à améliorer la gouvernance et l’éthique en douane à travers la lutte contre la fraude, la corruption et le faux.

Enfin, à l’instar des autres régies de recettes, on peut citer la création au sein de la Direction Générale des Douanes d’un Comité Anti Corruption (CAC) dont le rôle est de sensibiliser les agents sur le phénomène de la corruption, prévenir et détecter les cas de corruption avérée et proposer des sanctions.

Quels sont les objectifs de la Douane pour 2013 ?

Cette année, nous allons poursuivre la mise en œuvre des réformes engagées depuis 2012. Concernant les mesures prises en 2012, nous avons déjà fait un bilan. Nous avons même organisé une rencontre avec tous les acteurs de la chaîne de dédouanement le 18 janvier 2013 dans la salle de conférence du Conseil Burkinabè des Chargeurs afin d’examiner ledit bilan et les perspectives pour 2013.

En termes de perspectives pour cette année, nous prévoyons de poursuivre la mise en œuvre des projets de migration vers SYDONIA World, SYLVIE, et d’interconnexion de notre système d’informations avec ceux des administrations sœurs des pays limitrophes. Il faut préciser à ce niveau que l’interconnexion entre le Burkina Faso et le Togo est très avancée et sera probablement fonctionnelle dans un avenir proche.
Nous allons poursuivre également l’informatisation des offices douaniers, l’assainissement et l’extension du réseau informatique douanier et l’informatisation du Transit International par Fer (TIF) en collaboration avec les douanes ivoiriennes et SITARAIL.

Nous comptons assurer le suivi satellitaire des marchandises en transit sur l’ensemble du territoire douanier national, mettre en service un système automatisé en matière d’évaluation des véhicules automobiles usagés, exploiter les scanners installés à Ouaga-Inter et à Bobo-inter, doter le bureau des douanes de Ouaga-gare d’un scanner et le mettre en service, doter la Brigade Spéciale de l’Aéroport d’un scanner pour le contrôle des bagages accompagnés, mettre en service un intranet pour la communication interne, redynamiser et mieux administrer le site web de la Direction Générale des Douanes, informatiser le contentieux douanier, relire le code des douanes pour l’adapter à l’environnement économique et commercial.

Grâce au partenariat Douane-Chambre de Commerce et d’Industrie du Burkina, nous allons aussi construire deux bureaux des douanes à Ouaga-inter, deux à Bobo-inter, deux à Ouaga-Gare et un à Bingo afin de pouvoir accélérer les formalités de dédouanement dans ces offices et de redéployer le personnel resté au niveau des frontières après les mesures prises en 2012. Nous pensons que la réalisation de ces bureaux va par ailleurs nous permettre de mieux accomplir les formalités de dédouanement grâce à la spécialisation qu’elle va induire et partant, augmenter le niveau des recettes les années à venir.

Enfin, nous travaillerons à maintenir le cap pour l’atteinte des nouveaux objectifs de recettes fixés à quatre cent quarante quatre milliards cinq cents millions (444 500 000 000) de francs CFA. Nous sommes convaincus qu’avec davantage d’efforts et de sacrifices aussi bien de la part des contribuables que des agents des douanes ainsi qu’avec l’accompagnement de notre ministère de tutelle qui d’ailleurs nous a donné son aval lors d’une rencontre tenue récemment avec le premier responsable, nous y parviendrons. Pourvu que la paix règne dans notre Cher Faso, dans la sous-région ouest-africaine et dans le monde.

Jacques Théodore BALIMA
Lefaso.net

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