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Autant le dire… : C’est cela votre décentralisation ?

Publié le mardi 29 janvier 2013 à 23h32min

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La décentralisation au Faso a du mal à se mettre en place. Ou du moins à se faire comprendre par les acteurs sur le terrain. Malgré tous les efforts qui ont été entrepris depuis des années pour expliquer et convaincre les populations à la base du bien-fondé de cette décentralisation. Dont l’un des principaux objectifs est le développement participatif fait à la base par les populations à la base. Dans une communauté. D’où la communalisation intégrale. Malheureusement, certains ne veulent pas l’entendre de cette oreille.
Des exemples. A Kouka, Charles Sanou, du village de Salé est élu maire de la commune par ses pairs conseillers municipaux.

Il s’est trouvé des gens dans le village de Kouka, chef-lieu de la commune pour dire qu’il ne sera pas installé à Kouka comme maire. En d’autres termes, cela veut dire que le maire de la commune de Kouka doit obligatoirement être de Kouka-village. Est-ce cela la décentralisation ? La communalisation ? A Dandé, le Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP) propose son candidat à la présidence du Conseil municipal. Un conseiller du même parti qui a soif de devenir maire de commune, s’entend avec des conseillers de l’opposition. Il se présente et est élu. En récompense, tous ses adjoints et les présidents de commissions sont de ce parti d’opposition.

Ces cas sont légions où des conseillers de l’opposition ou même du parti qui a remporté la majorité des conseillers ont élu des maires qui ne sont pas de leur bord. C’est contre-nature comme l’a dit quelqu’un. Dans ces conseils, le pouvoir local débute déjà avec un véritable handicap. A Koumbia, le même CDP désigne son candidat à la mairie de la commune. Un autre militant refuse et se présente. Le parti lui retire sa caution de militant puisqu’il n’a même pas de mandat. Il mobilise quelques jeunes, sème la pagaille et menace de compromettre la paix sociale.

En donnant l’impression qu’une majorité de la population le veut comme maire, mais que c’est quelques individus qui s’y opposent. Et pourtant.

Ailleurs, ce sont des candidats qui ne savent ni lire ni écrire en français. Peut-être qu’on aurait pu le leur permettre si certains étaient encore alphabétisés dans une de nos langues nationales. Quand on considère que ce sont ces gens-là, au nom de la décentralisation et de la communalisation intégrale qui veulent nous diriger, on a peur du lendemain.

C’est pourquoi, le gouvernement doit se saisir de son rôle régalien pour faire comprendre qu’une commune est composée, d’un chef-lieu et de villages. Que ces villages réunis comptent souvent plus d’électeurs et regorgent plus de potentialités économiques que le chef-lieu. Et qu’enfin, le maire d’une commune peut venir de n’importe lequel des villages qui composent la commune. Le plus important, c’est d’avoir la caution de ses pairs conseillers municipaux. Au cas contraire, il ne serait pas mauvais d’user de la manière forte pour faire comprendre cette donnée très importante dans le cadre de la décentralisation, telle que pratiquée actuellement au Burkina.

Il faut également faire comprendre que le fait d’être chef-lieu de commune ne donne droit à rien. Enfin, il faut faire comprendre que la décentralisation ou du moins la communalisation est loin d’être une affaire de coutumiers, encore moins de chefferie traditionnelle. Les deux peuvent s’accompagner pour renforcer la paix et la cohésion sociale. Mais en aucun cas, se mêler ou encore s’opposer.
C’est le moment ou jamais de sortir sur le terrain pour expliquer, sensibiliser et convaincre. Si ce n’est pas fait, la plupart des conseils actuels ne pourront fonctionner convenablement au cours des mandats qui s’ouvrent. Et ainsi, la décentralisation n’aura servi à rien.

Dabaoué Audrianne KANI

L’Express du Faso

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Vos commentaires

  • Le 30 janvier 2013 à 06:24, par Pierre Michaillard En réponse à : Autant le dire… : C’est cela votre décentralisation ?

    Le système à deux conseillers par village administratif aboutit à plusieurs difficultés dénoncée dans votre article : beaucoup trop de conseillers, une sur-représentation anormale des tous petits villages et des querelles contraires à une bonne gouvernance de la commune. Pour aider l’appropriation par la population de l’esprit communal, il faut arrêter de créer des villages et réfléchir à ce que les conseillers devraient représenter plusieurs secteurs de la commune et donc leur nombre total plafonné être dépendant du nombre d’habitants ( 1 conseiller pour 1000, 1500, 2000 habitants..) Chaque parti politique devrait pouvoir composer une liste d’intérêt local au sein de laquelle les futurs dirigeants soient à peu près repérés avant l’élection et se fasse élire sur un programme local et pas seulement sur une engagement national.

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