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Festival des arts et traditions populaires du Nayala (FESTANA) : « Tout s’est bien passé »

Publié le samedi 26 janvier 2013 à 18h23min

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Festival des arts et traditions populaires du Nayala (FESTANA) : « Tout s’est bien passé »

Du 28 au 30 décembre 2012, le chef-lieu de la province du Nayala (Toma) a vécu au rythme de la première édition du Festival des Arts populaires du Nayala (FESTANA) à l’initiative de l’Association culturelle du Nayala (ASCUNA). Cet évènement a pu mobiliser l’ensemble du patrimoine culturel et artistique des différents villages et communes de la province, et a connu la participation de provinces voisines. Au bilan, le président de l’ASCUNA, Doulaye Corantin Ki, note que tout s’est bien passé.

Lefaso.net : Vous avez organisé le FESTANA du 28 au 30 décembre 2012. Pouvez-vous nous faire le bilan de la manifestation ?

L’organisation du FESTANA a été une bonne initiative, décidée par l’Assemblée générale de l’ASCUNA depuis un certain temps. Seul le manque de moyens avait empêché sa réalisation. Finalement, nous avons décidé d’y aller en 2012 et nous avons choisi la fin de l’année pour des raisons diverses de calendrier.

Mon premier commentaire sur le bilan est qu’il a été positif à tout point de vue : mobilisation, organisation, thème et participation. En fait, les résultats ont dépassés nos espérances compte tenu du fait que c’est la première édition. La mobilisation des populations du Nayala a montré qu’il manquait manifestement un événement de cette envergure et qui les concerne au premier chef.

Mon second commentaire est de dire que les camarades du Comité d’organisation se sont extraordinairement investis. Avec peu de moyens, ils ont accepté d’aller au charbon dans un environnement qui n’a pas été toujours coopératif et amical. Ceci a permis d’appréhender tous les aspects des tâches à accomplir. Il ne faut pas oublier qu’ayant organisé plusieurs éditions du SIAO, je connais les challenges qu’occasionne ce genre de manifestation.

Ma troisième satisfaction est qu’on a pu organiser un forum de réflexion sur le thème du Festival. Ainsi, comme nous l’avons dit, il ne s’agit pas pour nous de seulement danser et chanter, mais de commencer à réfléchir en profondeur sur les aspects des cultures de la province. Ainsi les thèmes de réflexion, les expositions d’objets d’art anciens propres au Nayala, l’ouverture de la bibliothèque "Joseph KI Zerbo" qui possède déjà près de 1000 ouvrages, la dégustation des mets propre au Nayala, ont été des activités qui m’ont vraiment séduit.

Quelles ont été les principales difficultés auxquelles vous avez été confrontées pendant l’organisation ?

Essentiellement, il y avait la limitation des moyens. Étant donné que c’était la première manifestation du genre au Nayala, les sponsors ne se sont pas bousculés au portillon malgré les nombreuses lettres que nous avons adressées à ceux qui étaient susceptibles de nous aider. Mais, on ne se faisait pas d’illusion de toute façon. Sans doute feront-ils mieux la prochaine fois. Je profite de l’occasion pour remercier ceux qui nous ont aidés, notamment le Ministère de la culture, la RTB, la Société JIRMA, la Sonabel et les Éditions Le Pays.

Une des difficultés concerne aussi l’accès à la ville de Toma. Vous savez que cette province est vraiment enclavée et il faut être vraiment motivé pour prendre la route allant de Koudougou à Tougan. Avec le démarrage des travaux du tronçon Sabou-Didyr avec une éventuelle continuation sur Tougan, nous avons espoir que ce problème fera bientôt partie du passé.

Quelles leçons tirez-vous de l’organisation de ce premier FESTANA ?

L’ASCUNA et le Comité d’organisation sont en train de tirer les leçons de la manifestation afin que nous puissions en tenir compte lors des prochaines éditions. Mais d’ores et déjà, je peux dire que le manque de moyens de circulation, notamment des véhicules de liaison, a été un handicap pour la fluidité des déplacements. Par ailleurs, certains lieux de manifestations qui nous ont été refusés pour des raisons que nous tentons toujours d’élucider ; ce qui nous a handicapés dans la programmation fluide de nos activités culturelles. Il fallait donc trouver des solutions locales à ces problèmes. Finalement tout s’est bien passé.

Comment l’ASCUNA envisage-t-elle travailler à la proximité avec les dépositaires des objets d’arts et les groupes d’animation artistiques de la province ?

Comme je l’avais déjà dit, l’Ascuna à des structures décentralisées qui sont les Comités communaux des Arts et de la Culture. Ce sont ces Comités qui travaillent à la base pour recenser le patrimoine culturel de la Commune en relation avec les groupes artistiques de la Commune ainsi que les dépositaires de la tradition qui, malheureusement s’en vont les uns après les autres, pour ensuite nous dire comment on peut aider la Commune à valoriser ce patrimoine culturel. Par exemple, nous avons un Projet avec les sculpteurs de Nimina que nous avons aidés à se constituer en Association assistée par l’ASCUNA. Nous envisageons aussi un projet avec l’Association des teinturiers de Kougny.

Il appartient aussi à ces Comités d’organiser des manifestations culturelles telles que les "nuits des contes populaires", une pratique qui tend à disparaître. Dans les Communes, nous travaillons en étroite collaboration avec les Services déconcentrés de l’Etat (Ministère de la culture, Action sociale, Jeunesse et Sport etc.).

Peut-on en savoir sur l’envergure de cette manifestation aux prochaines éditions ?

Nous espérons pouvoir organiser la prochaine manifestation dans deux ans, c’est à dire en 2014. Nous sommes en train de réfléchir à doter le Festival d’un Secrétariat permanent qui pourra se consacrer à temps plein à son organisation. Nous ne pouvons pas prédire l’avenir mais nous sommes confiants que la prochaine édition sera forcément meilleure. Les artistes seront mieux préparés parce que nos Comités auront eu le temps de choisir les meilleurs troupes, les artisans et les représentants des divers domaines culturels. Nous espérons aussi avoir une exposition plus forte de nos objets culturels et du savoir-faire culturel de la Province.

La délocalisation du FESTANA est-elle envisageable ?

Le FESTANA est une manifestation qui concerne toute la Province du Nayala. Mais comme vous le savez, il y a une certaine unité géographique avec la Province du Sourou. Nous allons donc faire participer de plus en plus cette province au FESTANA. Cette année, la manifestation à été organisée dans la Commune de Toma qui est le Chef-lieu de la Province du Nayala. Rien n’empêche un Comité communal de demander son organisation. Des communes comme Yaba, Gassan, Kougny ou Yé peuvent prétendre organiser le FESTANA. Mais de façon générale, la manifestation restera dans la Province.

Que retenir de cette première édition ?

Je retiens que la fête a été belle avec un engouement extraorinaire de la population de Toma qui est sortie nombreuse. Cette premiere édition nous a permis d’apprendre nous-mêmes sur beaucoup d’aspects culturels de la Province qui regorge de produits variés et intéressants. Je voudrais remercier tous ceux qui se sont investis dans l’organisation du FESTANA, y compris d’ailleurs Lefaso.net qui a envoyé une équipe. La fête a été belle en cette fin d’année au Nayala. Je regrette d’avoir dû quitter avant la fin du Festival pour cause de crise en Afrique centrale, mais je savais que même sans ma présence, les choses se dérouleraient bien car l’ASCUNA est une organisation collective. J’exhorte tous les ressortissants du Nayala à nous épauler car le FESTANA doit être l’affaire de tous les ressortissants de la Province. Son objectif essentiel est de développer notre région et donc tous ceux qui sont de bonne foi doivent l’y aider.

Par rapport justement à cette crise centrafricaine, on sait que vous êtes dans cette zone sous mandat de l’Union africaine, situez-nous sur l’actualité de son dénouement.

Comme vous le savez, une coalition de Mouvements rebelles appelée SELEKA, a décidé de chasser du pouvoir le Général François Bozize, l’actuel président de la République Centrafricaine. Dans une avancée foudroyante, la Coalition a pris de nombreuses villes du nord et se dirigeait inexorablement vers Bangui la capitale, lorsque, par une action rapide, des troupes tchadiennes se sont déployées pour lui faire barrage dans une sorte d’interposition militaire.

Par la suite, d’autres pays de la Communaute Economique des Etats de l’Afrique Centrale (CEEAC) sont partis renforcer les troupes tchadiennes. Le gel du front a permis d’entamer des négociations à Libreville, auxquelles j’ai participé, avec d’autres collègues, au nom de l’Union africaine, afin de convaincre les Centrafricains à résoudre leur différend de façon pacifique, autour d’une table de négociations. Grâce à la persévérance et à la fermeté des Chefs d’Etat de la région, des Accords ont été signés par les protagonistes qui sont actuellement en train de les appliquer. Ceci a permis d’éviter un conflit sanglant qui aurait sans doute fait beaucoup de victimes surtout si la bataille de Bangui, la capitale, avait eu lieu.

Comment percevez-vous l’avenir de ce pays qui n’est pas à sa première crise d’une telle envergure ?

Étant donné que je suis toujours au service de l’Union africaine, j’ai un devoir de réserve vis à vis de toutes ces questions. Permettez-moi donc de ne pas en dire plus.

Fulbert Paré
Lefaso.net

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