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Ministère de la Défense : Le Blaiso, toujours irremplaçable ?

Publié le jeudi 17 janvier 2013 à 22h44min

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Ministère de la Défense : Le Blaiso, toujours irremplaçable ?

En 2011, les mutineries ont contraint l’enfant terrible de Ziniaré à s’adjuger le poste de sinistre de la Défonce nationale dans un gouvernement de crise. Légitimée par les élections législatives et municipales couplées du 2 décembre, la nouvelle équipe de Lucky Luc était supposée tirer un trait sur la crise et marquer un nouveau départ. Curieusement, le Blaiso maintient le statu quo, alors que ce n’est pas le « capital humain » qui lui fait défaut.

Rien qu’à voir la répartition des portefeuilles au sein de l’actuel gouvernement, on se rend compte que le PF s’est attaché les services de deux sinistres d’Etat. Le Bobognessan qui était alors chargé des « Relations avec le Parlement » s’est vu maintenant bombardé aux « Relations avec les Institutions ». Si l’on convient que la présidence fait partie des institutions, pourquoi fallait-il créer un autre département « chargé de Mission auprès de la présidence du Faso » ?
Visiblement, il paraît plus facile au Blaiso de s’adjoindre des sinistres d’Etat sans attributions claires que de lâcher le portefeuille de la Défense. Le maintien du cumul des postes de président du Faso et de ministre de la Défense n’est-il pas finalement synonyme de la persistance d’une crise de gouvernance de l’Armée ?

On comprend qu’en Côte d’Ivoire et au Togo Alassane Ouattara et Faure Gnassingbé continuent de gérer directement leurs Armées dont la cohésion et la loyauté ne sont pas véritablement acquises. Ou qu’en Centrafrique le général François Bozizé se résolve enfin à prendre le contrôle d’une grande muette qui a perdu le contrôle face à l’avancée des rebelles de la Séléka. Mais que le Blaiso national veuille garder la main sur un secteur dont il est naturellement le « chef suprême », cela paraît plutôt paradoxal, voire suspect. Faut-il penser qu’il a peur que le contrôle de l’Armée lui échappe ou ne trouve-t-il pas d’homme de confiance pour porter la charge ?

Si cette question paraît encore taboue pour le citoyen lambda, elle ne devrait plus l’être pour les leaders politiques et surtout pour les membres de la Commission chargée de la Défense nationale du Parlement. Dans une démocratie qui se veut apaisée, le président devrait s’occuper à des choses moins stressantes que de gérer directement les Forces armées. S’il se sent obligé de s’y maintenir, alors que ce n’était pas le cas au cours des années passées, ce n’est ni plus ni moins que le signe d’un malaise. Surtout qu’il est lui-même militaire et que même s’il est officiellement à la retraite, l’Armée demeure sa fratrie d’origine, celle par laquelle il a pris le pouvoir en 1987.

Comme nous le démontre constamment l’actualité africaine, les questions de l’Armée sont trop sérieuses pour être confiées aux seuls militaires. Les limites de la Défense nationale se sont tellement élargies que les militaires ont intérêt à partager leurs préoccupations et leurs occupations avec l’ensemble des forces vives de la nation. C’est, du moins, ce que doit être la mission d’un ministère de la Défense dans un gouvernement qui se veut démocratique et au service de l’Etat de droit.

C’est au nom de ce principe que l’exécutif doit obtenir un accord a priori ou a posteriori (c’est selon l’urgence) avant d’engager les Forces armées nationales dans quelque opération extérieure (et parfois intérieure) que ce soit. Au moment où le Blaiso national s’engage dans une diplomatie très offensive de défense et de maintien de la paix aux niveaux sous-régional et régional, il devrait plutôt avoir les mains suffisamment libres pour gérer ses multiples et difficiles médiations plutôt que de s’encombrer à nouveau de cette fonction de sinistre de la Défonce. Le Burkina ne s’était-il d’ailleurs pas mis à l’avant-garde en faisant assumer, pendant de nombreuses années, cette fonction par des civils ?

On se rappelle quelques-uns des tout derniers comme Yéro-la-bagarre, Dé Albert Millogo et Nabobo Kanidolo. C’est dire donc que ce ne sont pas les « matériaux humains » qui font défaut. Pour faire plaisir aux promoteurs du genre, on pouvait même imaginer une femme à la tête du ministère de la Défense. Ce serait une belle manière de motiver les jeunes femmes qui s’engagent massivement désormais aux côtés des jeunes gens pour « l’honneur et pour la patrie ».

On comprend que dans la situation militaire délicate à plusieurs inconnues qu’impose la crise malienne le chef suprême des Armées veuille demeurer très proche de la gestion quotidienne des troupes. En plus, les plaies de la crise de 2011 n’étant pas totalement cicatrisées et qu’il y a donc beaucoup de choses à faire pour « l’amélioration continue des conditions de vie et de travail », le PF préfère veiller au grain plutôt que de se laisser surprendre par de nouvelles convulsions. Mais si la « crise est derrière nous » comme cela se martèle partout, il faut revenir à la normalité de la division du travail au sein d’un gouvernement normal, c’est-à-dire de fin de crise. A moins que le Blaiso soit toujours aussi irremplaçable à ce poste.

F. Quophy

Journal du Jeudi

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Vos commentaires

  • Le 18 janvier 2013 à 01:39, par cinoua En réponse à : Ministère de la Défense : Le Blaiso, toujours irremplaçable ?

    le poste de sinistre de la Défonce nationale dans un gouvernement de crise ???

  • Le 18 janvier 2013 à 21:40 En réponse à : Ministère de la Défense : Le Blaiso, toujours irremplaçable ?

    Des irremplaçables, les cimetières en sont remplis depuis que les hommes existent. Si Blaise garde l’armée, c’est qu’il est un ancien militaire et singe la démocratie depuis 1991.

  • Le 19 janvier 2013 à 08:17, par Alexio En réponse à : Ministère de la Défense : Le Blaiso, toujours irremplaçable ?

    Tous les dictateurs veulent sous leurs ailes l armee pour son secours en cad de crise.Ironiquement c est la meme armee qui leur trahirons avec la nouvelle generation. Le printemps arabes a ouvri les yeux de beaucoup d entre eux. Le pouvoir corrompre c est la ou le bas blesse en Afrique et au Faso en particulier. On est en un tournant dangereux de notre histoire avec la longue duree du pouvoir de Blaise Compaore. Personne ne peut predir l avenir malgre la sentralisation de ce ministere de la defence entre ses mains. Ce qui est certain accedant au pouvoit par le sabre, partira aussi par le sabre.

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