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Médias en Afrique de l’Ouest : Quatre questions à un spécialiste

Publié le jeudi 17 janvier 2013 à 00h51min

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En mi-novembre, l’École supérieure de Journalisme des Métiers de l’Internet et de la Communication (E-jicom) a abrité dans ses locaux de Dakar un atelier sur le « data journalisme » ou « journalisme de données ». Trois jeunes Burkinabé participaient à cet atelier de formation à l’utilisation des données pour le journalisme. Dans un entretien qu’il a accordé à deux d’entre eux, Hamadou Tidiane Sy, Directeur de cette école et fondateur de Ouestafnews, donne son avis sur l’évolution du métier de journaliste à l’ère des nouvelles technologies.

Quel état des lieux pouvez-vous faire des métiers du web en Afrique de l’Ouest ?

Disons que ce sont des métiers nouveaux. Ce n’est pas seulement en Afrique de l’Ouest mais partout dans le monde. Ce sont des métiers qui ne sont pas encore très connus. Les gens commencent juste à explorer ces nombreux métiers qui apparaissent, et chose assez fascinante, cela évolue et change chaque jour. Malheureusement, en Afrique les gens ne comprennent pas les enjeux derrière ces métiers, alors que véritablement il y a du potentiel. A côté du métier de journaliste qui évolue avec les nouvelles technologies et internet, il y a plein de métiers nouveaux que malheureusement en Afrique on ne maitrise pas encore pour pouvoir les exercer convenablement, comme les fonctions d éditeur web, de « community manager » ou de responsables de projet wiki, de projet en ligne, etc. la liste est longue.

Selon vous qu’est-ce le data journalisme peut bien apporter concrètement au métier de journaliste ?

C’est un outil de plus, un outil complémentaire. C’est comme si, à l’apparition de la photo, vous me demandiez ce que l’image peut apporter au texte. C’est un plus, une illustration. Une meilleure utilisation des données, la visualisation qui est l’autre appellation de ce type de journalisme, apporte un plus dans la manière de transmettre l’information en la rendant plus lisible. Au lieu des données très complexes qui ne sont pas faciles à lire et à comprendre pour le commun des citoyens, avec quelques outils, vous les rendez très visibles, très digestes.

Toutes ces informations sur l’emploi, les budgets, les crises alimentaires ou encore la création et la répartition des richesses, souvent, chiffrées en milliards, vous pouvez les mettre sur de petits graphiques simples, lisibles et visibles pour faciliter la compréhension et une meilleure prise de conscience citoyenne.

Comment est née l’idée de cet atelier sur le data journalisme que votre école a abrité ?

C’est une initiative qu’on avait au départ avec Internet Sans Frontière et E-Jicom. On avait décidé de travailler sur un projet pouvant aider à la promotion de la « culture internet » en Afrique de l’ouest, puisque notre école a décidé de s’intéresser aux métiers du web devenus incontournables dans la pratique du métier de journaliste. On a commencé à discuter et de fil en aiguille on s’est dit qu’on va faire un atelier pour pousser les gens à découvrir les outils du data journalisme, former quelques pionniers pour que les journalistes africains soient aussi à la page. C’est vrai qu’en trois jours on ne peut pas tout apprendre. Mais une fois que les gens découvrent les outils, chacun peut rentrer chez lui, aller plus loin, s’améliorer, s’approprier ces outils et les adapter à son environnement.

Comment voyez-vous l’avenir du métier de journaliste en Afrique ?

C’est une question difficile, parce que vous me demandez de prédire l’avenir. Ce que je peux dire c’est que ce métier, plus que tout autre, est appelé à évoluer et les jeunes journalistes doivent être au fait de cette évolution. Il y a plein de choses que l’on ne vous apprend pas à l’école, et parce que la technologie évolue très vite, le temps que vous sortiez de l’école, il y a beaucoup d’outils qui apparaissent. Ça demande beaucoup de curiosité. L’autre chose que je peux dire sur le futur du journalisme, c’est qu’il y aura une explosion de l’audiovisuel forcément. On le voit déjà avec les nombreuses chaines de télévision. Il y aura un grand potentiel, et le problème sera la qualité.

Il ne s’agit pas de remplir les médias avec du n’importe quoi, mais avec de la substance, grâce à des connaissances et de l’expertise. Si les autres le font, en Afrique nous devons pouvoir le faire. Maintenant le défi c’est de s’adapter aux nouvelles technologies, de suivre l’évolution, de voir ce qui se fait ailleurs et de participer aux débats sur la transformation du métier qui se mènent au niveau mondial. Car l’évolution dont on parle, ce n’est pas uniquement en Afrique. En tant que journalistes, nous devons réfléchir sur notre métier et savoir où il va. Il est très difficile de prédire, mais je me dis que l’important c’est d’y croire, d’avoir la passion et de vouloir avancer avec tout le monde.

Interview réalisée par Bassératou KINDO


Journaliste, passionné de nouveaux médias, ayant pris à cœur les critiques adressées aux médias et le problème de niveau de formation des jeunes journalistes, on pourrait ainsi parler de Tidiane Sy, qui a fondé l’École supérieure de Journalisme des Métiers de l’Internet et de la Communication (l’E-jicom), première du genre dans la sous-région, pour se démarquer d’un constat : "Tout le monde critique, personne ne fait rien". Ouvert à Dakar au Sénégal en 2011, E-jicom, cette école de journalisme mettra sur le marché de la presse ces premiers « produits » professionnels en 2014. Ces étudiants au nombre d’une dizaine qui finiront avec la Licence dans les trois domaines du journalisme : Presse écrite, télé, et radio, bénéficient d’une formation dispensée par des experts rompus en la matière.

BK

L’Express du Faso

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