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Madagascar : Andry Rajoelina comme Poutine ?

Publié le jeudi 17 janvier 2013 à 00h50min

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 Madagascar : Andry Rajoelina comme Poutine ?

Le président malgache, Andry Rajoelina, a surpris avec la vitesse d’un « TGV », nombre de ses compatriotes en annonçant mardi 15 janvier 2013, qu’il ne se présenterait pas à l’élection présidentielle du 8 mars prochain. Dans une déclaration à la Nation, il a dit exprimer son patriotisme en se « sacrifiant » pour les vingt millions de malgaches. « C’est mon devoir d’organiser des élections dans la sérénité… Je dirigerai la transition jusqu’à la fin et je suis prêt à faire une passation de pouvoir démocratiquement. Je souhaite beaucoup de choses à celui qui va me remplacer », a déclaré l’homme fort de Antananarivo.

A 38 ans, le jeune président a décidé de remiser son costume de chef d’Etat dans le placard. Né le 30 mai 1974 à Antsirabe, il est parvenu au pouvoir le 19 mars 2009 suite à une manifestation que d’aucuns assimilent à un coup d’Etat. En effet, son prédécesseur, Marc Ravalomanana, accusé d’avoir fait tirer sur la foule, avait été poussé à la démission par le directoire militaire qui a transféré les pleins pouvoirs à Andry Rajoelina, alors maire d’Antananarivo.
Mais depuis lors, la communauté internationale n’a cessé de faire pression sur lui pour le retour de l’ordre constitutionnel sur la Grande île.

Les bailleurs de fonds internationaux ont coupé les cordons de la bourse. De son côté, la Communauté de développement d’Afrique australe (SADC) tentait de dénouer la situation à travers des rounds de négociation qui buttaient sur un point. En effet, la question des candidatures constituait le nœud gordien, car Rajoelina ne voulait, en aucun cas, même en rêve, voir l’éventualité d’une candidature de son prédécesseur. Exilé en Afrique du Sud, Marc Ravalomanana avait été d’ailleurs condamné par contumace aux travaux forcés à perpétuité pour le meurtre de manifestants en 2009, quand aux abois, il voulait sauver son pouvoir.

Vu comme un fauteur de trouble, Ravalomanana n’avait pas renoncé à reprendre le pouvoir, jusqu’en décembre 2012, date à laquelle il a finalement décidé de ne pas se représenter conformément aux injonctions de la SADC. L’organisme sous-régional ne voulait ni de lui ni de son successeur comme candidats. C’est probablement le retrait de la course à la présidentielle de son ennemi juré qui a freiné « TGV » à quai, pour un intermède. Car, le jeune président est toujours enivré du parfum du pouvoir. C’est du moins ce qui exhale de l’interview qu’il a accordée à Radio France internationale. « Je reviendrai ! Et je promets au peuple malgache que le jour viendra, où nous allons sauver ensemble ce pays », a-t-il dit.

En attendant ce retour, l’ancien Disc jockey (DJ) indique qu’il ne renonce pas à jouer un rôle politique. Certes, a-t-il confié, « je deviendrai un citoyen comme tout le monde dans sept mois, mais cela ne m’empêcherait pas d’être toujours aux côtés du peuple malgache, pour tracer un chemin qui mène au développement de notre pays ». Ce qui indique clairement que André Rajoelina recule pour mieux sauter. On perçoit d’ailleurs en filigrane la stratégie qu’il adoptera à cet effet, l’exemple ayant été donné en Russie. A ce propos, on savait que le président russe, Vladimir Poutine, allait faire des émules en Afrique. En réalité, cet ancien agent du KGB n’a jamais lâché le pouvoir depuis son accession à la tête de la Fédération de Russie en 2000.

Pour déjouer la Constitution de son pays qui interdit plus de deux mandats consécutifs, il soutient, en 2008, la candidature de son poulain, Dmitri Medvedev qui, une fois la présidentielle remportée, le nomme comme Premier ministre. Il ne pouvait pas oublier celui qui la fait roi. Une fois élu, celui-ci le nomme président du gouvernement. On connaît la suite, Poutine qui n’a jamais vraiment lâché les rênes, reprend officiellement le premier rôle après le succès au premier tour de l’élection présidentielle du 4 mars 2012.

Rajoelina qui n’hésite pas à se comparer au général De Gaulle rêve d’un grand destin national. Il n’est donc pas exclu que son parti au pouvoir, TGV (Tanora malaGasy Vonona, en français, Jeunes Malgaches prêts) présente un candidat qui permettrait au président sortant de garder la main sur les commandes du train Madagascar. Reste à savoir si les électeurs de la Grande île auront vraiment le choix.

Bachirou NANA

Sidwaya

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