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Professeur Serge Théophile Balima : « Il y a beaucoup d’amateurisme dans le système communicationnel des partis politiques »

Publié le jeudi 17 janvier 2013 à 00h53min

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Professeur Serge Théophile Balima : « Il y a beaucoup d’amateurisme dans le système communicationnel des partis politiques »

Le Pr Serge Théophile Balima est un expert en communication. Journaliste chevronné qui a fait les beaux jours de la télévision du Burkina, il est un ancien ministre. Professeur titulaire de communication et journalisme, il dirige actuellement l’Institut panafricain d’étude et de recherche sur les médias, l’information et la communication (IPERMIC). Fin connaisseur de la faune et de la flore politique du Burkina, il décrypte dans cette interview les codes et les stratégies usitées par les acteurs politiques dans cette période éminemment politique et décisive.

Le Burkina vient de boucler un processus électoral. Un processus qui a fait recours à la communication. Comment appréciez-vous la gestion communicationnelle des responsables de la CENI depuis la phase de l’enrôlement jusqu’à la proclamation des résultats ?

Evidemment, c’est une entreprise complexe que d’organiser une communication publique de cette importance au niveau national et pour des enjeux aussi importants. Mais je pense qu’on peut reconnaitre que par rapport aux expériences passées, il y a une amélioration de la communication. Je crois que les partenaires du Burkina tel le PNUD ont compris qu’il fallait soutenir l’axe communicationnel au niveau de cette institution. C’est bien d’avoir compris que la réussite d’une élection aussi importante dépend de l’information des citoyens et de leur capacité à percevoir réellement les enjeux à travers une bonne communication institutionnelle.

De ce point de vue, il y a un effort qui a été fait. Mais vous savez, en communication, on n’est jamais satisfait à 100% parce que la société elle-même est mouvante. Elle évolue et souvent les stratégies ont du mal à intégrer l’évolution de la société dans son ensemble. C’est vrai que la communication a ciblé beaucoup les citadins, mais le volet communication à destination du monde rural m’a paru un peu faible. La communication axée aussi sur l’éducation citoyenne s’est avérée insuffisante. Ce qui explique qu’il y a eu des centaines de milliers de votes qui ont été annulés parce que non conformes aux règles qui étaient érigées pour le vote.

Cela veut dire que prochainement, il va falloir privilégier « l’axe communes rurales » et mettre l’accent sur une communication de proximité au niveau même de la CENI parce que la CENI est restée un peu trop au-dessus de la mise en œuvre. Il va falloir renforcer l’équipe communicationnelle la prochaine fois pour qu’elle sillonne davantage le terrain de manière à bien faire comprendre l’importance des élections au niveau des électeurs en milieu rural.

La proclamation des résultats qui s’est faite en deux temps pour les législatives a été chaotique ! Qu’est-ce qui est important en ces périodes et pour des enjeux de ce genre ?

Cela relève de problèmes organisationnels qui portent atteinte à l’image de l’institution en termes de communication. En communication, il n’y a pas d’improvisation. Ce sont les autres qui doivent penser qu’on improvise, mais on ne doit jamais improviser en communication. Et je crois que de ce côté là, il n’y a pas eu une grande préparation, ni une grande rigueur de la part de cette institution. On s’est précipité parce qu’on subit certainement des pressions, mais il faut savoir ne pas céder aux pressions de manière à avoir une communication plus rassurante. Le moindre cafouillage amène les citoyens à se poser des questions sur la transparence dans le dépouillement et les manœuvres éventuelles.

Il y a pour tout dire une sorte de suspicion et de soupçon qui se développent et tout cela peut être de nature à entacher la crédibilité et l’image de l’institution. Si l’enrôlement s’est plus ou moins bien passé, il faut quand même reconnaitre que cela ne suffit pas parce que nous avons au moins un tiers de notre électorat qui ne s’est pas fait enrôlé. Tout simplement parce que pour certains qui n’ont pas confiance au système, les jeux sont faits d’avance. Ils en étaient convaincus et se sont dit que ce n’est pas la peine de se faire enrôler. Il y a aussi ceux qui ont une désaffection de la politique parce qu’ils sont déçus des acteurs de la classe politique qui, une fois les élections terminées, ne reviennent jamais à eux pour recueillir leurs préoccupations et prendre en compte leurs aspirations. Il y a tous ces facteurs qui expliquent que tout compte fait, il y a encore du travail à faire au niveau de la CENI qui devrait à mon avis commencer à s’y atteler avec l’accompagnement des partis politiques.

Le président de la CENI a joué un rôle de médiateur dans les querelles du CDP à Gourcy. Est-ce son rôle ?

A mon avis, ce n’est pas son rôle. Mais évidemment, chaque responsable a sa façon de voir. Moi je pense qu’il y a des institutions compétentes chargées de gérer et de trancher ces genres de litiges comme la justice. Mais s’il s’est donné cette mission, je me dis qu’il était de bonne intention. Je pense qu’on ne peut pas non plus lui en vouloir de s’être proposé volontaire pour trouver une solution, mais peut-être, il aurait pu faire l’économie d’un tel engagement.

Comment avez-vous trouvé la communication des partis politiques pendant cette période électorale ?

La communication des partis politiques durant cette campagne n’a pas été des meilleures de mon point de vue. Il y a eu beaucoup d’amateurisme dans le système communicationnel des partis politiques. Je dois reconnaitre avec beaucoup de regrets que dans notre pays, il n’y a pas une culture de communication organisationnelle au niveau des acteurs politiques. Tout simplement parce qu’on ne conçoit la communication que par le discours. Il se trouve que la communication politique ne se limite pas seulement au discours ! C’est tout un comportement.

Parce qu’en communication, le comportement est une forme de communication. Vous avez des acteurs politiques qui n’existent pas pendant cinq ans et qui subitement surgissent pour prendre la parole en se disant que la prise de parole suffit à élaborer une communication qui soit audible, crédible, lisible et visible etc. Ce n’est pas possible. Cela ne suffit pas parce que la communication est un long processus qui intègre beaucoup de variable aussi bien les comportements des acteurs politiques, la manière même dont ils s’habillent sont des éléments déterminants parce que le citoyen cherche à s’identifier à son acteur politique pour voir est-ce que la manière dont il s’habille, son style, la façon dont il soigne sa propre mise physique sont des éléments qui apparaissent comme secondaires, mais qui en réalité permettent aux citoyens de se faire une idée de la personnalité politique.

Je crois qu’il y a certains acteurs qui ont perdu à ces élections-je ne les citerai pas nommément- parce que leur emballage physique ou si vous voulez leur look n’inspirait pas suffisamment confiance à certains électeurs. Je crois qu’il faut savoir donner une image de sérénité et de maturité, pour que le public au moins puisse dire que vous faites partie des personnes sur lesquelles on peut compter pour assurer la gestion paisible et sereine d’un pays.

Quels sont les partis qui auraient mieux organisé leur communication selon vous ?

Il y a ceux qui ont mis beaucoup de moyens, mais qui n’ont pas été forcément les plus rationnels dans leur communication. Le parti au pouvoir (CDP : NDLR) avait énormément de moyens. Dans une échelle de valeurs, si vous considérez quelqu’un qui a mis dix moyens contre quelqu’un qui en a mis un, le rapport de force ne peut pas être le même. Mais dans l’investissement quantitatif, si l’on doit retenir le qualitatif, le qualitatif n’est pas non plus énorme, mais il dépasse quand même assez largement le qualitatif des autres qui le faisaient avec les mains nues et qui n’avaient pas les moyens d’organiser une communication.

Mais on peut au passage souligner aussi que le parti qui s’est fait remarquer en terme de communication organisationnelle reste l’UPC de Zéphirin Diabré qui en deux ans a su asseoir une communication progressive. Une communication qui s’est installée au niveau des régions, des provinces et des communes avec une sélection d’un certain nombre d’hommes et de femmes pour représenter le parti parce que tout cela relève de la communication contrairement à ce que les gens pensent. Choisir, c’est une forme de communication également. Parce que ça traduit le renoncement que l’on fait à certaines personnes et la préférence que l’on donne à d’autres.

Et tout cela véhicule des messages organisationnels. On peut donc reconnaitre que sur le plan organisationnel, l’UPC a su améliorer sa communication.

Le Conseil supérieur de la communication (CSC) et les médias sont les autres acteurs clés du processus électoral. Comment avez-vous apprécié la manière dont ces structures ont géré le volet médiatique de la campagne ?

En période électorale, la tâche du Conseil supérieur de la communication est beaucoup plus simplifiée contrairement à ce que l’on peut penser. Parce qu’il s’agit de faire une répartition mathématique du temps d’antenne. A ce niveau, la critique qu’on peut faire au CSC, c’est de n’avoir toujours pas respecté cet équilibre mathématique en période électorale bien entendu. Parce que l’argument qui a souvent été invoqué c’est qu’il y a des partis qui n’ont pas d’activité. Donc présentant un déficit en terme d’activité, ces partis se retrouvent défavorisés sur les antennes parce que le parti majoritaire qui a le gouvernement et qui gère les institutions occupe finalement l’espace de manière quantitative. Mais en période électorale, cela ne devrait pas jouer. C’est-à-dire qu’on devrait convenir d’un temps pour chaque parti politique et on devrait s’en tenir à cela y compris pendant le journal télévisé.

Il se trouve que pendant les journaux télévisés, on a quelquefois vu des reportages en cascade en faveur du parti majoritaire. Et évidemment, ça pose problème. Et cela amène à penser que nous sommes encore dans la culture de « reconnaissance ».Vous savez, il y a des postes au niveau de la république qui une fois que vous êtes nommé, vous devez forcement développer ce qu’on appelle « le devoir d’ingratitude ». Il se trouve que dans notre culture locale, le devoir d’ingratitude est considéré comme étant une forme d’ingratitude ou un affront tout simplement. Alors qu’en réalité, le devoir d’ingratitude est une élévation du niveau patriotique pour défendre les institutions et pour défendre aussi la crédibilité même de la démocratie.

Il faudra donc que l’exercice soit davantage fait. Cela ne nuit nullement à la fidélité que l’on peut avoir pour tel système ou pour telle personne. Mais au contraire, cela permet de donner une couche supplémentaire de crédibilité à notre gouvernance.

Le premier ministre Luc Adolphe Tiao qui est un journaliste s’est impliqué activement dans la campagne électorale et s’est même fait élire député. Que pensez-vous de ce passage du communicateur premier ministre en acteur politique partisan ?

Je pense que la transition n’est pas plus compliquée. A mon avis, c’est même une transition aisée. Et je pense qu’il l’a prouvé parce que personne n’attendait notre confrère au poste de premier ministre. Parce qu’il y a un mythe qui n’est nullement fondé selon lequel pour être premier ministre, il faut être « économiste ». Vous savez, les gens se trompent beaucoup sur cette fameuse science économique qui n’est qu’une science sociale. Ce n’est pas une prévision mathématique du développement contrairement à ce que les élites font croire. Je pense qu’il a été aussi bon premier ministre que tous ses prédécesseurs. Il a même été meilleur que certains de ses prédécesseurs. Je pense que la transition s’est faite sans aucun problème et il a réussi à trouver un discours assez contextualisé qui lui a permis de s’affirmer comme quelqu’un qui a des ressources d’homme d’Etat.

La tendance générale semble être à la politisation des cadres. Il y a un grand risque que le pays ne dispose plus d’hommes consensuels pour faire face à certaines éventualités. Ne pensez-vous pas que notre confrère devrait se garder d’afficher tant un militantisme partisan au regard des circonstances qui l’on amené à la primature ?

C’est difficile parce que la fonction de premier ministre est une fonction engageante et engagée. On ne peut pas rester au-dessus de la mêlée. Ce n’est pas comme la fonction du juge mais c’est une fonction très partisane et je pense qu’à un moment donné, il n’avait pas le choix. Progressivement, on a senti qu’il s’engageait de plus en plus. Il a certainement tenu compte de la crise qui l’a convoqué au pouvoir. Et cela se ressentait dans son discours. Son discours a évolué au fur et à mesure que la crise s’éloignait. Il s’affirmait de plus en plus comme ayant une voie très claire qu’il a choisie. Et c’est tout à fait légitime.
Pour ce qui est du risque dont vous faites allusion, ne vous en faites pas. Nous sommes 16 millions d’habitants dans ce pays. Il y a 16 millions d’intelligence dans ce pays et chaque circonstance fabrique ses hommes.

Le Burkina Faso est un pays d’hommes et de femmes de valeurs. Souvent il y a des gens qui ont des compétences insoupçonnées ; il suffit de leur confier la responsabilité pour qu’ils révèlent la dimension de leur compétence. Mais comme c’est un pays d’hommes modestes, humbles, par moment même effacés, on a l’impression à première vue que c’est un pays qui manque de personnes ressources. Mais c’est une grave erreur de le penser car au contraire, il y a beaucoup trop d’hommes et de femmes capables dans ce pays.

Ces élections ont marqué un tournant dans la vie de la nation. Quelle lecture faites-vous de la nouvelle donne politique ?

On sera situé sur la nouvelle donne politique très probablement à la fin de l’année 2013. Parce que 2013 de mon point de vue sera une année de mise en forme, de mise en ordre et d’organisation du jeu politique. Evidemment, il n’est pas naïf de penser que dans les laboratoires politiques, des choses se préparent. Certains pour le moment avancent masqués, mais ils ne tarderont pas à se révéler d’ici la fin de l’année. Je crois que 2013 sera une année riche en enseignements politiques dans ce pays.

Le président Compaoré est à son dernier mandat selon la constitution actuelle. Comment devrait s’organiser la succession selon vous ?

La succession s’organise par le jeu des élections tout simplement. Je pense qu’il n’y a pas de fièvre particulière à avoir par rapport à cela ! Il y aura des élections avec des candidats et un des candidats -qui peut être un homme ou une femme-émergera et sera élu pour occuper la fonction présidentielle sans aucun problème.

D’aucuns pensent que la succession restera une ligne d’horizon parce que la constitution ne serait pas à l’abri d’une modification, notamment en son article 37 portant limitation du nombre de mandats.

La politique est une question de rapport de force. Maintenant, il appartient au président Compaoré en tant que chef d’Etat d’avoir une vision pour son pays. Entre tenter de réviser la constitution pour rester et laisser la constitution actuelle s’exécuter comme il se doit, c’est à lui d’apprécier pour voir où se trouve l’intérêt du Burkina Faso et des Burkinabè. Il est mieux placé pour le savoir parce qu’il a l’expérience et je suppose que l’âge qu’il a aujourd’hui lui permet d’avoir suffisamment de sagesse pour faire des choix dans l’intérêt de notre pays.

Soungalo Ouattara vient d’être élu président de l’Assemblée nationale. Comment appréciez-vous ce choix ?

Vous savez, ce sont des choix politiques et ça ne se discute pas. Je pense qu’on aurait pu choisir un autre. Il se trouve que le parti a décidé que c’est M. Soungalo qui va être le président de l’Assemblée nationale. Il ne nous reste plus qu’à lui souhaiter bonne chance. Je ne pense pas qu’il y ait un commentaire particulier à faire. Il pourra assumer la fonction sans aucun problème.

Le maire de Ouagadougou qui est au terme de son mandat ne cesse de communiquer sur son départ de l’hôtel de ville. Cela dure depuis des mois au point qu’on en vient souvent à penser qu’il n’entend pas quitter. Que pensez-vous d’une telle nostalgie mal dissimulée ?

En tant que habitant et citoyen de la ville de Ouagadougou, Simon Compaoré a été de mon point de vue un bon maire. Et je souhaite que son successeur ait les mêmes talents et le même engagement pour la ville de Ouagadougou que nous aimons tous parce que c’est une ville où il fait bon vivre. Tant que nous avons la paix et la sécurité, c’est une ville vraiment très agréable. Je pense que c’est légitime qu’il rappelle aux citadins, ce qu’il a pu faire. Vous savez, lorsqu’on a assumé des responsabilités aussi importantes pendant tant d’années, on y laisse à la fois son cœur et son âme !

Il est évident qu’en quittant aujourd’hui la mairie, il ne peut pas être enthousiaste. Parce que lorsque vous avez servi une communauté avec beaucoup de passion, vous avez des pincements au cœur en quittant le service. Je suis persuadé qu’il a des pincements au cœur non pas parce qu’il est accroché à la fonction, mais parce que toute sa vie est liée à cette ville et à cette responsabilité. C’est ça le problème humain qu’il doit traverser, mais qu’il doit gérer. Et je suis sûr qu’il saura s’adapter assez rapidement.

Un journal vient d’écoper une sanction de suspension de sa parution pour une semaine. Le CSC lui avait reproché d’avoir publié entre autres des images qui choqueraient. Cette sanction est-elle justifiée ?

Quand il faut prendre une sanction, il faut s’assurer qu’elle est conforme aux textes. Parce que je ne suis pas sûr que les textes soient assez explicites. Par exemple à partir de quand une image peut-elle être qualifiée de choquante ? Je pense que lorsque les choses ne sont pas aussi précises, il vaut mieux préférer l’avertissement. Mais bien entendu, cela reste le point de vue d’un citoyen et certainement que l’institution qui est entourée d’un collège de conseillers et de sages a sans doute de meilleurs arguments que ce que je dis.

Un autre confrère, le directeur de publication de l’Ouragan est en prison. Il a été condamné pour diffamation. N’est-ce pas que cela relance le débat sur la dépénalisation des délits de presse ?

Sur la dépénalisation des délits de presse, ma position a toujours été assez particulière. Je pense qu’il faut aller à la dépénalisation certes, mais pas de manière hâtive. Parce que le journalisme est un métier de grande responsabilité sociale. Il y a des préalables avant l’adoption de la dépénalisation. Il faut au préalable mettre de l’ordre dans ce corps de métier qui me semble pour l’instant être un espace ouvert à tout venant. Il y a du bon dedans tout comme il y a du moins bon. Tant qu’on n’aura pas assaini cet espace, je pense que la dépénalisation pourrait poser un problème. Parce que souvent en Afrique, nous aimons les imitations. Nos textes et nos structures sont imités. On crée des constitutions par imitation et dans l’application, on est en porte à faux avec nos textes. Je crois qu’il faut maintenant éviter ce genre de chose. Il faut voir si la dépénalisation est dans l’absolu, quelque chose de positif pour tout contexte, à tout moment et pour tout pays. Et là je n’en suis pas sûr.

Que faut-il donc faire ?

Là c’est une grande question parce que d’abord, il faut qu’on ait une gouvernance de qualité. Si vous n’avez pas une gouvernance démocratique de qualité, il ne sert à rien de produire de beaux textes car ils ne seront jamais respectés. C’est comme la justice ! Nous avons les meilleurs textes au niveau de la justice. Mais il se trouve que les juges eux-mêmes reconnaissent lors de leurs rencontres périodiques de travail, que leur corps est gangréné par une série de problèmes. Donc les textes même ne suffisent pas à garantir quoi que ce soit. Prenez exemple sur les constitutions africaines. Elles sont belles et bien écrites, mais il y a toujours des problèmes dans la mise en œuvre. Donc il nous faut travailler à avoir une gouvernance démocratique de qualité. Quand la démocratie fonctionne très bien, évidemment la presse fonctionne forcement bien.

Parce que la presse est un facteur de démocratie. Et si la démocratie existe et que la justice existe par voie de conséquence, je crois que les journalistes eux-mêmes vont respecter davantage les lois ; parce que s’ils ne les respectent pas, ils seront des citoyens soumis aux règles qui régissent les comportements des citoyens. Et il faut aussi avoir du courage pour assainir l’espace professionnel des médias. Je crois que ce courage là doit venir de l’interne. Il faut que les professionnels eux-mêmes s’engagent à mettre de l’ordre dans leur propre métier. Parce qu’on ne peut pas le faire de l’extérieur.

Mais en quoi faisant ? Comment peut-on s’y prendre ?

Les journalistes de la presse écrite et audiovisuelle peuvent s’organiser et s’entendre pour codifier des règles de conduite et des normes qui permettent d’accéder à la profession. Les mécanismes d’auto régulation tel l’Observatoire burkinabè des medias (OBM) qui vient de naitre pourraient travailler davantage pour parvenir à cela.

Interview réalisée par Touwendinda Zongo

MUTATIONS N° 20 du 1er janvier 2013. Bimensuel burkinabé paraissant le 1er et le 15 du mois (contact :mutations.bf@gmail.com)

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