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Autant le dire… : Le CDP victime de sa démocratie « primaire »

Publié le mardi 15 janvier 2013 à 23h01min

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Au Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP) tout part des élections « primaires » et finit par les mêmes élections « primaires ». Conséquence : il naît toujours un véritable cafouillage, suivi de malentendus et parfois de déchirures au sein même du parti. La conséquence la plus grave, pour ce qui concerne par exemple les conseils municipaux, c’est l’instabilité qui va s’installer et qui par ricochet, pourra bien compromettre le développement à la base.

En effet, avant les élections législatives et municipales, le CDP « grand parti », pour des raisons qui lui sont propres, mais qui en réalité relève de ce qu’on appelle sur l’avenue Kwamé Nkrumah la « démocratie », organise des « primaires » pour désigner ses candidats. Naissent ainsi les frustrations, les démissions et parfois des bagarres ouvertes ou des affrontements entre militants. Le cas de Tougan en est une illustration. Résultats, entre autres, le parti part fragiliser aux élections. Ce qui ne nous intéresse pas ici. C’est son choix.

Après les élections, il procède encore à des primaires dans les circonscriptions où il a remporté des élections. Cette année, il a encore remis ça. Et comme on sait que chacun veut être quelque chose (maire, président de commission), il use de tous les moyens contraires aux principes démocratiques reconnus jusque-là pour parvenir à ses fins. Achat de conscience, pratiques occultes, le maraboutage, le wak, les menaces verbales ou physiques ouvertes, etc. Du coup, les mêmes conseillers qui se sont battus ensemble pour remporter la victoire, se retrouvent plus que jamais opposés. L’une des conséquences, moins importante, c’est que le parti peut perdre la présidence du conseil municipal. Le cas de Bama dans le Houet est assez illustratif.

Le maire élu est de l’ADF/RDA et ses adjoints sont du CDP. Parce que, tout simplement au sein du même parti, on ne s’est pas suffisamment accordé sur le choix de la personne à porter à la tête de l’exécutif communal. Comme sanction, les conseillers du parti ont voté contre leur propre candidat, ou du moins le candidat du parti. A Koumbia, Tani François refuse tout compromis, organise et instrumentalise les jeunes à la résistance voire à l’affrontement contre ses anciens camarades du parti et soutient à qui veut l’entendre qu’il sera le maire de la commune. En tout cas, si ce n’est lui, ce ne sera personne d’autre. Les exemples sont nombreux.

On pourrait même soutenir que la plupart des communes sont victimes de cette « démocratie » primaire au sein du CDP. Ce qui ne présage rien de bon. Car, les conseils municipaux débutent déjà avec un grand handicap qui est celui du manque de cohésion d’abord en son sein, mais également au sein des populations d’une même commune. Et ceci est d’autant plus sérieux que la plupart des communes rurales sont constituées d’un chef-lieu (qui n’est pas accepté de tous) et de plusieurs autres villages. Qui à leur tour, voudraient un jour occuper le fauteuil de maire. C’est dans ces situations indescriptibles faites de tensions vives que la plupart des conseils municipaux vont débuter leur mandat. Evidemment, le développement va attendre d’abord.

Il est vrai que le code électoral en son article 253, alinéa 1 dit que le « Conseil municipal élit le maire et les adjoints du maire parmi ses membres au scrutin secret et à la majorité absolue des membres composant le conseil », mais cela peut-il continuer dans un contexte où les conseillers ne comprennent même pas souvent leur rôle ? Aussi, il ne serait pas mauvais de prendre des mesures afin que le parti qui a la majorité (à déterminer) compose directement son bureau de conseil. A défaut, qu’au début de la campagne, les populations sachent déjà qui sera le maire de la commune. L’essentiel est de sauvegarder la cohésion sociale, la paix et amorcer le véritable développement à la base.

Dabaoué Audrianne KANI

L’Express du Faso

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Vos commentaires

  • Le 16 janvier 2013 à 04:03, par LH En réponse à : Autant le dire… : Le CDP victime de sa démocratie « primaire »

    BONJOUR M. KANI
    TRÈS BONNE ANALYSE. MERCI

  • Le 17 janvier 2013 à 00:27, par ya woto En réponse à : Autant le dire… : Le CDP victime de sa démocratie « primaire »

    je pense que c’est mieux d’accepter les candidatures independantes. Là, on saura qui est qui. Il ya des gens qu’on a ecarté (malgré qu’ils peuvent beaucoup contribuer au developpement de leur localité) dans le but de pouvoir conserver le fauteuil de maire ou de député. Je pense aussi qu’un maire doit au minimum avoir le CEP. Mais helas !
    Je remarque aussi que la plupart des maires elus sont soit fils du chef ou frère du chef. Bref c’est la famille royale qui dirige. Est ce vraiment la democratie ? ne confondons pas l’administration aux coutumes

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