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Zabré : La justice pour l’exemple !

Publié le mercredi 9 janvier 2013 à 23h34min

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Zabré : La justice pour l’exemple !

Fin d’année macabre, à Zabré, dans le Centre-Est, localité située à une centaine de kilomètres de Tenkodogo, au Burkina Faso. Un affrontement entre deux communautés, le 31 décembre 2012, tous des Burkinabè, qui vivaient jadis, ensemble, dans la paix, se fréquentaient tous les jours, se rendaient des services. Des communautés dont les enfants vont dans les mêmes écoles, s’amusent ensemble, mènent des activités socioculturelles de concert (…)

Qu’est-ce qui peut donc bien justifier cette barbarie humaine qui s’est produite, à Zabré, avec un bilan officiel de sept morts, six blessés, dont deux policiers, 41 concessions détruites et 1437 déplacés ? Qu’est-ce qui peut amener un Burkinabè à poursuivre un autre Burkinabè, à le massacrer froidement et à aller jusqu’à le bruler vif ?

Tout en ayant une pensée pour la mémoire des victimes de cette « folie », disons-le courageusement et fermement et condamnons l’acte avec la dernière énergie, car rien ne saurait justifier cette « sauvagerie ». Rien ne peut expliquer, surtout, que des innocents, des femmes, des enfants ou des parents d’un accusé, soient punis, tout simplement, parce que leur proche est mis en cause, pour quelle que raison que ce soit.

Ce qui est gênant et qu’il faut dénoncer dans cette affaire, c’est que ce n’est pas la première fois que ce genre d’acte est posé. De part et d’autre, des conflits, entre agriculteurs et éleveurs, ou tout simplement entre communautés, pour cause de « vols de femmes », de coutumes, ou de mésententes naturelles, ont entraîné des chasses à l’homme, avec leur corollaires de morts, le plus souvent, des innocents.

Et souvent, cela se solde par des pardons folkloriques, pour sauvegarder le vivre ensemble ! Allons-nous continuer à tolérer cette « barbarie » ? Permettre à des groupes de personnes de se rendre justice, eux-mêmes, dès qu’un des leurs a une altercation avec quelqu’un, qui qu’il soit ?
Il faut que cette façon, qui s’apparente fort à un règlement de comptes, prenne définitivement fin. Et le gouvernement vient de donner le ton. Car, la délégation gouvernementale qui est allée présenter les condoléances aux familles endeuillées, avec le Ministre de l’administration territoriale et de la sécurité (MATS), Jérôme Bougouma, en tête, n’est pas passé par quatre chemins pour tirer la sonnette d’alarme. Pour dire que l’heure a sonné, afin que les choses ne soient plus comme avant, où l’on se contentait de simple pardon, en accusant la volonté de Dieu, pour justifier des actes inacceptables, des hommes.

Et Jérôme Bougouma a été clair sur la question : « Les autorités coutumières ont parlé de pardon, de conciliation. Nous prenons tout cela en compte. Ce sont les vertus Burkinabè, mais nous pensons que dans ces évènements-là, il y a eu des gens qui, de façon délibérée, ont pourchassé d’autres Burkinabè et les ont violentés. A ce niveau, la justice doit faire son travail. Nous pensons qu’il faut mettre fin à ces pratiques. Aucune communauté ne peut être responsable de ce que fait un de ses membres. Il n’y a pas de responsabilité collective en droit burkinabè, donc la sanction ne peut pas être collective ».

Mais, après tout, il appartient au gouvernement de vraiment œuvrer à décourager ceux qui pourraient avoir envie de se rendre justice. Et le MATS a rassuré que le gouvernement va veiller à ce que la justice soit rendue et cela, en toute impartialité, en libérant, parmi les personnes arrêtées, celles qui n’ont rien à se reprocher. « Que ce soit seulement les personnes qui ont commis des infractions qui soient traduites en justice et nous souhaitons également, que ça soit fait le plus rapidement possible », a-t-il annoncé.
En tous les cas, il faut que la justice sanctionne les fautifs, pour l’exemple. Sinon, nous sommes tous en danger. Car, de plus en plus, l’on constate qu’il suffit de faire, ne serait-ce qu’un accident, qui est, en principe, involontaire, au détour d’un « six mètres » ou sur la voie publique, pour voir des individus s’échauffer et vouloir lyncher le conducteur.

Mais que faire, quand « il y a un déficit de confiance au niveau de la justice et de l’administration » ? comme l’a relevé M. Bougouma. Nous sommes tous interpellés et le MATS a annoncé des pistes de solutions. « Nous allons travailler à rétablir les liens et la confiance. Je crois qu’avec la sensibilisation et l’aide de la presse, nous pourrons y arriver, parce qu’on s’est rendu compte que les règles de l’Etat de droit ne sont pas bien connues, les gens préfèrent régler leurs comptes, leurs différends, autrement que par la voie judicaire », a-t-il reconnu.

Le mal est donc connu. Il faut sensibiliser les populations à savoir qu’en cas de conflit, le premier recours doit être la justice. Et la justice doit travailler à faire de sorte que les justiciers se sentent en confiance, en lui faisant recours. Mais, avant tout, il faut un changement de mentalité chez les Burkinabè. Il faut arrêter d’en vouloir inutilement aux autres, voulant les rendre responsables de ses propres échecs. Car, de plus en plus, des crises ont leurs origines dans les aigreurs des autres, qui sont prêts à en finir avec ceux qui ont le sourire, tous les jours, aux lèvres. Et cela ne devrait pas être burkinabè !

Ali TRAORE (traore_ali2005@yahoo.fr)

Sidwaya

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Vos commentaires

  • Le 10 janvier 2013 à 00:51, par filou En réponse à : Zabré : La justice pour l’exemple !

    D’accord pour les sanction exemplaires.

    Mais à quand la fin de la hiérarchie des ethnies ?

    Ne me dites surtout pas que ça n’existe pas au Faso.

    • Le 10 janvier 2013 à 08:42, par tenga En réponse à : Zabré : La justice pour l’exemple !

      il n’ y a pas de hiérarchie d’ethnies au BF mais ce sont des ethnies (comme celle de ZABRE) qui pensent que nous sommes dans un no man’s land ou une jungle. le Bf est un et indivisible. Il ne faut pas que des populations autotochtones pensent que leur localité appartient à elles seules tout en oubliant qu’ils ont leurs fils dans les autres contrées. pour avoir sejourné dans cette partie du Burkina c’est un calvaire pour les commis de l’Etat à qui on n’hésite pas à dire : je suis chez moi, vas chez toi. je suis d’avis avec Bougouma qu’il faut appliquer la loi dans toute la rigueur afin d’éviter des conflits frontaliers un jour. il faut mater ceux qui sont hors de la république

    • Le 10 janvier 2013 à 17:40, par max the upright En réponse à : Zabré : La justice pour l’exemple !

      Le burkina Faso est un pays. Et tous citoyens burkinabé est chez lui partout ou il est sur le territoire burkinabè. Il faut que la loi rappelle cette evidence à ceux qui se pensent maitres d’une localité parce qu’ils en sont les aoutochtones.

  • Le 10 janvier 2013 à 07:28 En réponse à : Zabré : La justice pour l’exemple !

    La justice doit fonctionner correctement dans notre pays ; tant que ce ne sera pas le cas on assistera toujours à des actes de vengeance excessive et barbare comme c’est le cas de Zabré ; il faut éviter que les populations aient le sentiment ou même la conviction qu’il suffit d’avoir de l’argent pour échapper aux mailles de la justice. Nous sommes tous interpellés. Si la justice fonctionnait correctement le regretté devait être en prison au moment où les faits se sont déroulés, la délégation qui s’est rendu à Zabré le sait correctement d’autant qu’elle parle de fautes dont la sanction ne devrait pas être collective, un certain nombre d’acteurs devraient avoir ces morts sur la conscience

  • Le 10 janvier 2013 à 08:01, par Jah Lives En réponse à : Zabré : La justice pour l’exemple !

    Bonjour merci bien pour cet article . Mais comme vous le dites moi je pense que tant que notre insécurité viendra de ceux qui sont chargés de la sécurité. De telles barbaries ne finiront jamais.

  • Le 10 janvier 2013 à 09:07, par lapaix En réponse à : Zabré : La justice pour l’exemple !

    Trés très belle analyses.felicitation M.TRAORE.

  • Le 10 janvier 2013 à 10:19, par Droitj En réponse à : Zabré : La justice pour l’exemple !

    La justice ne joue plus son rôle. Nous sommes dans un pays chacun fait ce qu’il veut car ayant toujours un bras long pour le protéger. Notre Burkina, chers amis va de mal en pis, réveillons nous car ça risque d’être trop tard. Que Dieu protège notre cher Burkina.

  • Le 10 janvier 2013 à 11:34, par DOUNDOOZI N’ZIKA En réponse à : Zabré : La justice pour l’exemple !

    Faisons attention à ce que nous disons.
    Allez faire vos propres enquêtes ! Vous verrez qu’à l’origine réelle de ces "conflits agriculteurs éleveurs", se trouve la corruption.

    Tenez ! Lorsqu’un troupeau de boeufs va brouter un champ ou un tas de récoltes, et que les intéressés qui saisissent la Police se retouvent enfermés parce que le propriétaire des boeufs, plus riche, a "fait quelque chose", quelle confiance peuvent-ils placer en l’autorité publique ?

    Il faut condamner avec la dernière énergie toute violence ou voie de fait, même si elle n’a pas entraîné mort d’humain !

    Cependant, il faut aussi s’interroger sur les victimes de ces affrontements sauvages à travers tout le Burkina où les victimes sont toujours (presque) de la même communauté.
    Il y a eu ces cas tragiques à :

    - Gaoua où la majorité des populations n’étaient pas des Bissas ;
    - Kongoussi où la majorité des populations n’étaient pas des Bissas ;
    - Manga où la majorité des populations n’étaient pas des Bissas ;
    - Dédougou où la majorité des populations n’étaient pas des Bissas, mais étaient plûtot des parents à plaisanterie des victimes ;
    - etc.

    Pourquoi un "acharnement "sur la même communauté ethnique à travers le pays, alors que notre Burkina Faso compterait plus de 60 ethnies, et nul n’ignore le ciment social que constitue la parenté à plaisanterie dans notre culture ?

    Voyez-vous ? Posons le problème sous tous ses angles, balle à terre, réfléchissons y, et trouvons des solutions. Les déclarations d’un ministre (j’admire beaucoup M. BOUGOUMA), ni les condamnations de la Justice n’amèneront JAMAIS la Paix entre les communautés.

    Un adage du jargon juridique dit : "un mauvais arragement vaut mieux qu’un bon procès ".

    A Zabré, les peulhs vivent bien intégrés aux et par les Bissas. Un exemple : vous avez des cas où des hommes peulhs ont marié des filles bissas, alors que l’inverse est très, très, très rare.

    Quand les enfants bissas vont jouer avec leurs petits amis Peulhs, les parents de ces derniers parlent le bissa avec leurs enfants pour que les petits bissas ne comprennent pas le Peulh. Ils ne parlent en Peulh à leurs enfants qu’après le départ des petits bissas.

    Je m’arrête là, en implorant DIEU de bénir le Burkina Faso et de ne plus permettre qu’un drame, même moindre que celui-ci se répète dans notre pays ! Ni ailleurs !!!!

    DIEN BENISSE LE BURKINA FASO !!!!

  • Le 10 janvier 2013 à 13:18, par le policier corrompu En réponse à : Zabré : La justice pour l’exemple !

    La cause vraie de ces tueries repose sur la responsabilité du commissaire de police de Zabré. Selon les textes,en matière pénale,on ne doit pas arrêter quelqu’un après 18h sauf exception et ce qui n’était pas le cas dans cette affaire. Or, le commissaire a envoyé ses éléments en civil et de surcroît la nuit pour aller arrêter le bissa qui avait avec un différend avec le peul.Les bissa ont pensé que ce sont des criminels que les peuls ont envoyé pour les tuer.Ce qui a envoyé les massacres.
    C’est regrettable qu’il ait eu assez de morts à cause de ce que j’appelle bêtise du commissaire.

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