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Secteur eau, hygiène et assainissement : Amorce de réflexion sur la pérennité des services

Publié le mercredi 9 janvier 2013 à 23h36min

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Secteur eau, hygiène et assainissement : Amorce de réflexion  sur la pérennité des services

Réunis le 7 décembre 2012 sur initiative du Centre International de l’Eau et de l’assainissement (IRC), 10 acteurs stratégiques du secteur d’eau potable, hygiène et assainissement ont jeté les bases de la réflexion sur la pérennité des services en milieux rural et semi-urbain. Au cours d’une journée d’atelier, les participants ont diagnostiqué la chaîne des coûts et des financements pour garantir la pérennité des services au Burkina Faso.

Depuis 2007, l’IRC conduit d’importants travaux de recherche-action sur les conditions et modalités pour assurer la pérennité des services d’eau potable et d’assainissement dans plusieurs pays pauvres dont le Burkina Faso. Il est unanimement reconnu par tous que les coûts et le financement des services sont l’un des maillons faibles des politiques et stratégies. Le secteur manque de repère dans ce domaine. Quoi que tous les acteurs identifient clairement les coûts de réalisation des équipements et ouvrages, le secteur manque de visibilité en ce qui concerne le coût et le financement de l’exploitation et de la maintenance des équipements, de leur renouvellement ou de leur réhabilitation. Il en est de même pour les intérêts à payer par les autorités publiques sur les emprunts, des appuis directs ou indirects aux structures en charge de la fourniture des services. Ces différentes composantes de coûts ont été identifiées comme toutes essentielles pour la fourniture de services pérennes. La question n’est pas tant la non prise en compte de ces coûts dans les stratégies sectorielles, mais surtout combien investir pour chacune de ces composantes et comment financer chacune de ces composantes pour assurer des services pérennes. L’objectif de l’atelier était de partager l’approche d’analyse des coûts et financements développée par IRC avec les acteurs stratégiques du secteur, issus des institutions gouvernementales (Direction Générale des Ressources en Eau et Direction Générale de l’Assainissement des Eaux Usées et Excrétas), des partenaires techniques et financiers (AFD, Banque Mondiale, DANIDA, Union Européenne, et UNICEF) et de l’ONG WaterAid.

Analyser les coûts et financements actuels des services

Le premier point abordé a concerné le repérage des composantes de dépenses à l’échelle sectorielle et de sources de financement. Cette partie avait pour but de permettre aux participants d’identifier tous les types de coûts ou dépenses qui sont effectués à l’échelle globale du secteur pour assurer la fourniture des services d’AEPHA en milieu rural ainsi que les sources de financement correspondantes. L’exercice a été fait d’une part pour l’eau potable et d’autre part pour l’hygiène et l’assainissement. Au final, l’analyse a débouché sur 6 enseignements forts dont les plus importants sont : l’existence d’une grande diversité de types de dépenses pour la fourniture des services et une absence de typologies fixe et communément adoptée des dépenses. Par ailleurs, chaque organisation identifie ses dépenses et structure son budget selon son appréhension des enjeux et ses opportunités de financement. Il existe aussi une grande diversité de sources de financement. En revanche, il n’existe actuellement aucun mécanisme qui permette de suivre les coûts et les financements du secteur au niveau national, même si l’on reconnaît que c’est l’ensemble de ces ressources et de leur emploi qui détermine les performances du secteur.

Vers la maîtrise des coûts et financements pour la pérennité des services

Le deuxième point abordé a porté sur la pérennité des services d’eau potable et assainissement au Burkina. Les échanges ont permis de s’accorder une définition consensuelle de la pérennité des services, c’est-à-dire le fait qu’ils puissent durer indéfiniment une fois qu’ils sont mis en place pour une population. Cette pérennité intègre également la notion de continuité de service.

Sur la base de cette définition, chaque participant a été invité à indiquer le niveau actuel de la pérennité des services d’eau potable et d’assainissement en milieu rural au Burkina Faso. Des différentes opinions, il ressort que la pérennité des services d’eau potable, d’hygiène et d’assainissement est un vaste chantier à peine engagé au Burkina Faso. Les politiques et stratégies manifestent toutes clairement une ambition de pérennité des services, mais la mise en œuvre reste largement défaillante. Les modèles d’organisation et de gestion publique (y compris les montages institutionnels) ainsi que les modèles de financement sont les principales contraintes à la pérennité des services. La réflexion sur la pérennité des services doit clairement distinguer l’eau de l’hygiène et de l’assainissement, compte-tenu de la nature des services, de l’historique et de l’expérience des professionnels en charge de leur délivrance et des changements escomptés et qui devraient être pérennes.

L’approche des coûts pour la pérennité a été développée en réponse à l’inadéquation des modèles d’organisation, de gestion et de financement des services entrainant la non ou la faible pérennité des services d’eau potable et d’assainissement. L’approche permet également aux professionnels du secteur de s’accorder sur une nomenclature générique des dépenses à engager pour assurer la fourniture de services pérennes, ce qui manque actuellement aux cadres conceptuels.

Les participants ont validé les différentes composantes de coûts essentiels pour assurer la pérennité des services : les travaux neufs, l’exploitation et la maintenance, les réhabilitations et grosses réparations, les appuis directs à la fourniture des services (au niveau des acteurs directement engagés dans la délivrance des services), les appuis indirects à la fourniture des services (à l’échelle globale du secteur) et les intérêts pays sur les emprunts. Ce cadre conceptuel permet une planification et un suivi plus rigoureux des performances du secteur en termes d’efficacité des investissements. L’application de cette nouvelle approche dans le secteur de l’eau potable et de l’assainissement passerait par une série d’actions essentielles qui peuvent se mettre en place de façon itérative : évaluer les performances des modèles de gestion et de financement actuels des services ; établir des objectifs et des indicateurs de pérennité ; améliorer les modèles existants en intégrant les objectifs de pérennité.

Forts de ces bases conceptuelles, les participants se sont donc accordés pour poursuivre, avec l’assistance technique d’IRC, les réflexions pour l’amélioration des politiques et stratégies en vigueur à travers les cadres décisionnels du secteur, notamment le Cadre Partenarial du Programme National d’Approvisionnement en Eau Potable, Hygiène et Assainissement (PNAEPA).

Juste Nansi et Nourou-Dhine Salouka

IRC Burkina Faso

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Vos commentaires

  • Le 10 janvier 2013 à 08:59, par Ki Paré de Zerbo En réponse à : Secteur eau, hygiène et assainissement : Amorce de réflexion sur la pérennité des services

    Sans le dire c’est quand même une forme de récupération de notre souveraineté nationale. Que l’IRC agisse en assistant technique et non en maître d’ouvrage car c’est à notre pays de dresser sa politique en la matière. Attention à ne pas aller trop loin. Déjà, au delà de toute neutralité et réserve, vous avez soutenu la balkanisation du secteur du développement rural. Je ne connait ni votre mandat, ni la convention qui vous lie à notre gouvernement mais je ne suis pas d’accord avec cette conduite directe de notre politique.

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