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Festival des arts et traditions populaires du Nayala : Un cadre d’instruction socio-culturelle

Publié le vendredi 4 janvier 2013 à 19h32min

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Festival des arts et traditions populaires du Nayala : Un cadre d’instruction socio-culturelle

La 1ère édition du FESTANA (Festival des arts et traditions populaires du Nayala) a refermé ses portes le 30 décembre 2012. En plus de la découverte de la diversité culturelle et artistique de la province, elle a offert un cadre d’instruction sur des valeurs sociales et culturelles hautement appréciables. L’occasion a été en effet celle de la connaissance par les habitants de la ville de Toma de leurs origines ainsi que des valeurs sociales et culturelles du tam-tam.

L’édition 2012 du FESTANA a placé le tam-tam au centre des objets culturels et artistiques à populariser. C’est ainsi que le thème « Tam-tam, valeurs sociales et culturelles en Afrique, plus particulièrement chez les peuples du Nayala » a fait l’objet d’une conférence animée par l’éminent homme de culture Mgr Anselme Titiama Sanon. D’entrée de jeu, Mgr Sanon a suggéré l’appellation tambour qui, selon lui, harmonise mieux les différentes désignations se rapportant surtout aux formes et/ou au son, que l’on peut avoir du tam-tam. Mais reconnaît-il, les différentes appellations qui lui sont attribuées dans nos sociétés ont un sens précis, comme d’ailleurs tous les noms en Afrique, car se référant à une réalité. En effet, laisse-t-il entendre « les noms ont un sens ; le jour où l’on perdra cela, l’Afrique sera en partie enterrée ».

Après avoir indiqué que le tambour a une origine asiatique, le conférencier précise que cet instrument a été utilisé en France pour la 1ère fois dans l’armée en 1791, et qu’il a été introduit à la cathédrale de Ouagadougou en juillet 1956.

Catégorisé, selon Mgr Sanon, en tambour sacré de la vie rituelle, en tambour usuel de la vie courante, et en tambour festif, cet instrument a une dimension communicationnelle à travers notamment le son, le rythme et le sens. « Le tambour a un langage rythmophonique » et sert de moyen de « communication populaire », a-t-il indiqué avant de relever que le « respect à l’égard du tambour est dû à celui qui l’a initié, ou aux circonstances auxquelles il sied ».

Le tambour a également une dimension sacrale qui, selon le conférencier, « est fonction de ce à quoi il a servi, de celui à qui il a servi, de ce pour quoi il a servi ». Cette dimension sacrale fait que, non seulement « certains tambours ne peuvent être utilisés par des non-initiés », mais aussi « les communautés religieuses hésitent à l’introduire », a-t-il précisé. Pour Mgr, « le tambour est facteur d’un vivre ensemble harmonieux » en ce qu’il « invite à partager et à contempler ». Et, en plus du fait qu’il contribue à la conservation rituelle, le tambour est objet d’échanges interculturels ayant une dimension économique ; ce qui, selon Mgr, augure d’un avenir durable pour cet instrument.

La seconde conférence, animée par le Dr Maurice Ky a porté sur le thème : « L’historique de la cité de Toma ». Cette conférence a permis de savoir que « tout le monde est étranger à Toma ». Cet inspecteur d’Histoire-géographie à la retraite a d’abord brossé l’Histoire de l’Europe en indiquant entre autres que, la ville de Rome a été créée par des Noirs, la « guerre de trois » a été menée par des Noirs, Socrate est un Nègre, avant d’indiquer que le nom de Toma « provient du nom d’un individu appartenant à une ethnie de Sierra-Léone dont un des descendants a migré pour venir s’installer dans la zone ». Et de poursuivre, « Toma est une ville de melting pot » où les différentes grandes familles se sont installées par vagues successives. « Mais les gens ne savent pas d’où ils viennent », déplore le géographe qui lui, dit se démêler. « Je suis d’origine Marka du Mali, et mon nom de famille en réalité est Paré ; c’est de Biba (village voisin de Toma) que nous nous sommes installés ici », a-t-il explicité. Et de poursuivre, « l’arrivée de Marka d’origine malienne dans la zone est due à la conquête de Tombouctou par les Marocains ».

C’est avec le même esprit que le conférencier a situé l’auditoire sur l’origine et la principale fonction culturelle de chaque grande famille (Paré, Toé, Ki, Gô, etc) à Toma, ainsi que sur la constitution des différents quartiers. Si les Nyonionsé, les Sénoufo et les Gourounsi étaient restés, ils seraient considérés aujourd’hui comme des autochtones à Toma, a-t-il relevé avant de préciser de vive voix qu’il « n’y a pas d’autochtones du village, tout le monde est étranger ». Et de se réjouir du fait que cette situation (tout le monde se sachant étranger) a favorisé la cohésion sociale dans la cité de Toma qui, selon lui, « est une zone de démocratie où règne la liberté d’expression, même à l’égard des notabilités ».

La religion dans cette cité n’est pas passée inaperçue. « La religion est le ciment d’une société », a indiqué Dr Ki, avant de préciser que les cultes des ancêtres, des lieux sacrés, des masques sont pratiqués « chez les Sana de Toma ».

Avec ces conférences, le FESTANA entendait donner plus d’éclat à la diversité socio-culturelle de la province du Nayala qui accueillera, à en croire les organisateurs de cette 1ère édition qui reconnaissent avoir enregistré beaucoup de défaillances organisationnelles, la 2è édition en 2014.

Fulbert Paré (stagiaire)
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