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Il faut le dire : Non aux « établissements pirates et élèves cabris morts »

Publié le mercredi 2 janvier 2013 à 02h05min

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L’appui du privé dans le système éducatif burkinabè est incommensurable, en ce sens qu’il aide à résorber le trop plein d’élèves des établissements publics plus que jamais débordés. Malheureusement, le privé ouvre une brèche à un enseignement au rabais avec les enseignants non qualifiés qu’il recrute et le laxisme souvent constaté dans certains établissements. Chaque année au Burkina Faso, de nouveaux lycées et collèges privés s’ouvrent. Et les autorités semblent avoir baissé les bras sur ces établissements fossoyeurs d’un enseignement de qualité.

A Bobo-Dioulasso, les premiers responsables disent être souvent surpris par l’existence de certains établissements. Comment donc comprendre cela quand on sait qu’il faut à un fondateur un quitus de ces derniers ? Un lycée ou un collège ne peut s’ouvrir comme un poulailler. C’est face à ce mépris des conditions édictées aux promoteurs, que le Ministère des Enseignements secondaire et supérieur (MESS) a décidé de sévir.

Les lycées et collèges non en règle ont eu, selon un communiqué émanant du MESS et daté du 9 juillet 2012, jusqu’au 31 pour se conformer aux exigences. Dans 11 régions concernées par le problème, 86 établissements sont donc dans le collimateur du ministère ; et certains promoteurs, les moins nombreux, ont été invités à régulariser la situation de leurs structures. Dans le cas spécifique des Hauts-Bassins, on dénombre 8 établissements dont un seul est à régulariser. Les parents ne peuvent que saluer cette mesure si elle va jusqu’au bout.

Ouvrir un établissement sans respecter la réglementation en vigueur est à proscrire parce qu’au-delà de l’ouverture des classes, il y a le recrutement des élèves et des enseignants et toute la logistique. Sur ces points, il y a beaucoup à faire, à commencer par les publicités mensongères et fallacieuses que font les promoteurs pour séduire les parents. Ceux-ci font des pieds et des mains pour que leurs enfants soient inscrits à n’importe quel prix. Et au final, on s’étonne que l’enfant ne soit pas performant au sortir de ces écoles pourtant chantées à coups de publicité.

En réfléchissant aux causes de la baisse du niveau de l’enseignement au Burkina, l’on pourrait trouver des indices dans les grèves. Et Bobo s’illustre bien sur ce point, et peut prétendre d’en être la vedette. Pour un oui ou un non, les élèves désertent les classes pour la rue devenue école. Et comme le dirait l’autre, à qui la faute ? Sans doute, tout le monde et personne. Le laisser-aller a, lui, donné droit aux élèves de jouir d’une liberté sans limite. Résultat, la région des Hauts-Bassins a tenu la queue à la dernière session du BEPC avec un taux de 47,10% contre 58, pour le Centre-Est classé premier et 52,16% au niveau national.

Au baccalauréat 2012, c’est un taux de 30,76% que les Hauts-Bassins ont décroché après les taux de 34,17% et 37,39% respectivement pour 2010 et 2011. Il faut le dire, que ce soit les élèves eux-mêmes, les parents ou les encadreurs, les autorités, tout le monde y est pour quelque chose et il ne serait donc pas nécessaire de chercher un bouc émissaire. Les bureaux des Associations des parents d’élèves (APE) sont l’objet de convoitise des parents d’élèves et enseignants qui se livrent à des querelles intestines. Un problème qui a eu un dénouement cette année par le biais d’un communiqué du MESS qui interdit désormais les enseignants de figurer dans les bureaux APE.

Finalement, il faut un filet hyper fin aux établissements scolaires pour recaler les élèves tristement célèbres, meneurs de grèves. Quant aux parents, au lieu de demander aux enseignants de falsifier les bulletins, ou en faire d’autres avec de fausses moyennes pour leurs enfants, ils doivent les suivre et les laisser redoubler quand il faut pour éviter de gonfler le taux d’échec. Vivement que les autorités prennent des mesures fortes pour une application stricte des franchises scolaires et éviter que l’on truque des bulletins ou que certains inscrivent leurs enfants sans aucun document. Cela permettra un bon suivi des élèves, de séparer la bonne graine de l’ivraie et donc sanctionner justement les fauteurs de troubles.

Tielmè Innocent KAMBIRE

Sidwaya

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Vos commentaires

  • Le 2 janvier 2013 à 08:17, par M.Houille En réponse à : Il faut le dire : Non aux « établissements pirates et élèves cabris morts »

    L’école étant abandonnée entre les mains de commerçants véreux, il ne faut pas s’étonner que des dérives du genre de celles qui sont décrites dans l’article n’apparaissent.Au procès des policiers suite au décès de Justin ZONGO un élève d’une classe de 3ème ne pouvait pas témoigner en français et à demander à le faire en mooré !Quel est alors le niveau des élèves de 6ème de cet établissement ? La falsification des bulletins de notes des élèves,la vente des places,l’indiscipline,la démotivation des enseignants, la complicité de certains parents qui font tout pour masquer la carence notoire de leur enfant,la cupidité de certains fondateurs qui recrutent des élèves juste pour pouvoir faire face à leur charges sont les tares du système burkinabè !

  • Le 2 janvier 2013 à 11:43, par Lassa le jumo En réponse à : Il faut le dire : Non aux « établissements pirates et élèves cabris morts »

    Monsieur KAMBIRE
    Vous pensez qu’il y a encore un Etat au Burkina. Non. Sinon depuis septembre 2012 le MESS a fait circuler une liste des établissements à fermer. Mais nous sommes au regret de savoir que ces établissements ont recruté et continu les mêmes bassesses. Nous avons des cas à citer si besoin y est.

  • Le 2 janvier 2013 à 14:14, par KOUGOUNY En réponse à : Il faut le dire : Non aux « établissements pirates et élèves cabris morts »

    Mr le JOURNALISTE, personne ne connait le nombre d’établissements d’enseignement privé au BURKINA.
    Pour vous donner une idée : Faites une annonce qui octroye un espace vert pour école avec en annexe AVOIR DEJA UN ETABLISSEMENT et vous allez voir.
    Les commerçants ne sont pas les maitres dans l’ouverture d’établissements
    LES CHAMPIONS CE SONT LES ENSEIGNANTS vérifiez voir.
    Ce sont les éducateurs du primaires du secondaires toujours en fonction qui sont les fondateurs.
    Ils prennent des celibateriums, des villas des immeubles pour commerce pour des écoles.
    Il n’y pas cette communes à OUAGA qui n’a pas plus de 100 écoles privées connues non reconnues.
    Enfin, voyez les FRANCO-ARABES ou MEDERSA ;ça pousse comme des champignons dans nos départements. C EST TERRIBLE

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